Fillon, Juppé, Sarkozy.... trois hommes pour deux places

Pour le premier tour de la primaire de la droite, dimanche, la partie va se jouer entre François Fillon, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Trois styles différents. Les jeux restent très ouverts et l'importance de la participation électorale sera l'une des clés du scrutin
Jean-Christophe Chanut
Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon. Dimanche soir, l'un des trois aura perdu toute chance de conquérir l’Élysée en 2017.

Après un dernier débat qui n'aura pas spécialement marqué les esprits, c'est maintenant l'ultime ligne droite pour les sept candidats à la primaire de la droite. Officiellement en effet, la campagne pour le premier tour se terminera ce vendredi 18 novembre à minuit. Ensuite, ce sera silence radio pour les candidats et leur entourage qui n'auront plus le droit de s'exprimer publiquement avant les premiers résultats attendus dimanche soir vers 21 heures. Ce vendredi soir, c'est donc l'heure des ultimes meetings, notamment à Lille pour Alain Juppé et à Paris pour François Fillon.

François, Alain, Nicolas... trois styles différents

Quel va être le choix des électeurs ? Incontestablement, François Fillon a effectué une percée durant la dernière semaine précédant le scrutin. Le « troisième homme » s'est considérablement rapproché des deux premiers, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, au point de, peut-être, parvenir à se qualifier pour le second tour. François Fillon, c'est l'incarnation d'une droite « catho-provinciale- libérale ». Son programme économique est le plus « musclé » : fin des 35 heures, suppression de 500.000 fonctionnaires, baisse des dépenses publiques de 100 milliards d'euros, etc. Sur les questions sociétales, il a donné quelques gages aux « tradis», notamment sur la question du mariage pour tous. Il est aussi celui qui affiche le plus ouvertement, au nom du pragmatisme, le souhait de conclure une alliance objective avec la Russie de Vladimir Poutine, pour en finir avec Daech.

graphique Statista 3e débat primaire

Un graphique de notre partenaire Statista

Cultivant une image de « sérieux », François Fillon fait le pari que son message va séduire une majorité d'électeurs à la recherche un peu nostalgique de « valeurs » quelque peu oubliées. Outre ses bonnes prestations lors des trois débats télévisés, la progression de François Fillon s'explique aussi par l'effondrement de Bruno Le Maire qui lui disputait, un temps, la place de « troisième homme ». Le député de l'Eure se situait sur le même créneau que François Fillon avec, lui aussi, un côté « catho-conservateur ». Mais, Bruno Le Maire a commis une erreur : insister trop sur le besoin de « renouvellement ». Or, nous ne sommes plus en 2007, quand les électeurs avaient été séduits par la « nouveauté" politique que constituait la présence de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, tous les deux candidats à une élection présidentielle pour la première fois. En 2017, les Français aspirent plutôt à choisir un « protecteur », un « père de la Nation », quelqu'un d'expérience. Bruno Le Maire devra sans doute patienter encore un peu avant de pouvoir endosser ce costume.

En revanche, Alain Juppé est également dans ce registre « force tranquille ». Ceux qui seraient un peu effarouchés par le libéralisme économique de François Fillon pourraient se laisser tenter par le maire de Bordeaux... l'homme de la résilience qui, malgré les coups reçus dans sa longue carrière politique, est toujours là. Habilement d'ailleurs, Alain Juppé a fait de son âge un avantage. Il incarne une alternance tranquille. Il se dit favorable aux réformes nécessaires mais il veut les mener sans heurt et de façon la plus consensuelle possible. Alain Juppé, c'est l'homme du libéralisme tempéré. Certes il baisse dans les sondages, mais si l'électorat centriste se mobilise suffisamment dimanche pour aller voter, il garde ses chances, même si les électeurs UDI et MoDem semblent davantage qu'avant sensibles au chant des sirènes de François Fillon. En revanche, c'est vrai que son réservoir de voix « de gauche » se tari. Selon une enquête Kantar Sofres OnePoint, publiée le 14 novembre, les sympathisants de gauche ne sont plus en effet que 11% à avoir l'intention de se déplacer contre 14% un mois plus tôt. Et c'est Alain Juppé qui en pâti.

 Vers un front "tout sauf Sarkozy"?

Reste Nicolas Sarkozy. Des trois favoris, l'ancien chef de l'Etat est celui qui a le « fan club » le plus stable, le moins volatile. Les sondages réalisés depuis septembre lui accordent grosso modo toujours autour de 30% des voix. Nicolas Sarkozy, c'est l'incarnation de la droite « bonapartiste », pour reprendre la terminologie de René Rémond, dans son fameux ouvrage « Les droites en France ». Relativement discret sur les questions économiques, l'ancien président de la République, a, à l'inverse, beaucoup insisté sur les questions identitaires et sécuritaires, surfant sur les inquiétudes post-attentats. Il souhaite ainsi séduire un électorat proche du Front National. Mais, Nicolas Sarkozy a un handicap : il clive trop et se coupe ainsi d'un électorat centriste potentiel. Surtout, s'il passe le premier tour, Nicolas Sarkozy risque d'avoir un gros problème pour le second, en se retrouvant face à un front « tout sauf Sarkozy ». On ne voit en effet pas vraiment quel candidat éliminé pourrait se désister en sa faveur...

Trois hommes pour un fauteuil donc, tant les quatre autres candidats semblent maintenant dépassés.

Reste aussi à connaître l'importance de l'électorat, l'une des clés du scrutin. Selon la dernière enquête du Cevipof réalisée par Ipsos-Sopra Steria en collaboration avec « Le Monde », entre 7et 8% des électeurs se disent certains d'aller voter au premier tour, mieux que lors de la primaires socialiste de 2011.

L'importance de l'électorat, une donnée clé

Par famille politique, 56% des sympathisants « Les Républicains » déclarent vouloir participer, contre 12% pour les électeurs du Front National, 7% pour les proches de l'UDI et 6% pour ceux du MoDem. Objectivement, Nicolas Sarkozy a intérêt à ce que l'électorat soit les plus restreint possible, pour se rapprocher au maximum du « noyau dur » des militants "Les Républicains" qui lui est acquis. En revanche, plus l'électorat sera gonflé des voix du centre, plus les chances de Nicolas Sarkozy s'amenuiseront et plus celles de François Fillon et Alain Jupé s'amplifieront.

Les jeux restent donc jusqu'au bout extrêmement ouverts pour cette première primaire à droite. Et dire que fin 2014 quand il a été élu président de l'UMP (ex "Les Républicains"), Nicolas Sarkozy songeait alors avoir un « boulevard » devant lui pour reconquérir l'Elysée.

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 25
à écrit le 19/11/2016 à 22:13
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j'attends avec curiosité la participation... Anecdote vraie : j'ai mangé ce midi avec ma belle famille, ils votent tous à droite, dont 2 ont été encartés il y pas si longtemps...Pas un n avait l'intention d'aller voter, tout juste s il savait qu'il ...

à écrit le 19/11/2016 à 21:13
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Sarkozy et Fillon étaient aux commandes et ont échoué. Donc reste plus que Juppé qui d'ailleurs a bien réussi à Bordeaux et région.

à écrit le 19/11/2016 à 20:38
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Si un de ces 3 reste, le fn a gagné la présidentielle En dehors des fanatisés, et leur cercle est tout petit, personne ne votera pour ces 3 à la présidentielle La droite aura son dernier candidat avant de rejoindre le club de perdants : les verts, ...

à écrit le 19/11/2016 à 19:35
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Au programme de ceux là, les réglementations européennes absurdes qu' ils appliquent et ne veulent surtout pas changer. Destruction sociales, casse des retraites, délocalisation, externalisation, augmentation du chômage, réduction des budgets dans le...

à écrit le 19/11/2016 à 16:21
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Le temps des partis politiques est révolu Aujourd'hui les maîtres sont ailleurs. Ces gens ont baissé leur culotte et donnè les clefs au pouvoir de l'argent..La France et les français avec l'UPR ont peut être lors de ces élections présidentielles leu...

à écrit le 19/11/2016 à 12:36
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François Fillon a été premier ministre avec un bilan modeste voire pour certain catastrophique. Juppé est maire de Bordeaux avec un bilan flatteur et quasi unanimement reconnu. Moi je vote dimanche pour celui qui SAIT faire, pas pour celui qui dit qu...

à écrit le 19/11/2016 à 10:24
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Fillon à selon moi la vision la plus juste pour réformer notre pays'mais Juppe,par sa posture modérée y arrivera plus facilement,même s'il met plus de temps ,face aux français habituellement rétifs aux changements.Il y a de plus en plus de fautes d'o...

à écrit le 19/11/2016 à 10:21
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Fillon à selon moi la vision la plus juste pour réformer notre pays'mais Juppe,par sa posture modérée y arrivera plus facilement,même s'il met plus de temps ,face aux français habituellement rétifs aux changements.Il y a de plus en plus de fautes d'o...

à écrit le 19/11/2016 à 10:04
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Quand on compare les programmes des candidats LR, on constate que les 2 les plus détaillés sont de B.Lemaire et F.Fillon. A.Juppé sur beaucoup de sujet reste vague à absent. Dans les déclarations d'intentions de A.Juppé contrairement à ce qu'il veut ...

à écrit le 19/11/2016 à 8:47
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Pauvre Fillon, 500 000 suppression de postes c'est 500 000 chomeur de plus, et un taux de chomage a 12 % et en plus il faudra bien leurs donner les minima sociaux, comme en 2012, Fillon et Sarkozy plomberont la France pour longtemps !

le 19/11/2016 à 10:41
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Je veux juste dire que des fonctinnaire supprime fait pas des chômeur déjà un fonctionnaire na pas droit au chômage et en 2 c est vos sondage qui dise non a sarko pas les français c est le seul qui peu faire quelques chose vote juppe c est la continu...

le 19/11/2016 à 15:36
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Bien sur le programme de Fillon est de licencier des fonctionnaires et de les mettre aux minima sociaux. J'espere pour vous s'il s'agit d'humour sinon c'est plutôt triste.

le 19/11/2016 à 17:04
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On peut effectivement supprimer des postes en ne remplaçant pas les départs en retraite par exemple pendant 10 ans. On ne fait pas directement de nouveaux chômeurs mais on supprime des emplois, ce qui revient au même quand on a 10% de chômage. Il ...

à écrit le 19/11/2016 à 8:18
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Des primaires, dites vous ? Mais à quoi cela peut il bien servir sinon à mettre des coqs sur un présentoir avant un combat qui n'intéresse pas grand monde. Après les premiers pas de la 5° république, sans discontinuer, les mêmes courants de droit...

à écrit le 19/11/2016 à 3:07
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Vivement que ça se termine, voir leurs têtes a longueur de journée rajoute au coté dépresseur du climat actuel du nord. Vous pouvez parler d'eux si ça vous plais mais je vous pris d'arrêter de mettre ces têtes en photo, comprenez que certains puis...

à écrit le 19/11/2016 à 0:52
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Notez, il n'y en a qu'un qui a un casier. Ca laisse une chance aux deux autres. En principe...

à écrit le 19/11/2016 à 0:20
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Fillon est de loin le meilleur. La qualité de son projet, la cohérence de ses idées et son sérieux font ne laissent pas de place au doute. Sa campagne est irréprochable. Il faut voter Fillon.

à écrit le 18/11/2016 à 23:47
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vu la prestation des 7 jeudi jusqu'a 23h cela ne me donne pas du tout envie d'aller voter et gaspiller 2€ .Je pense de les jouer au loto.Quand aux questions et débat dirigé par Pujadas et Elkabah c'était du journalisme au rabais

à écrit le 18/11/2016 à 22:49
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Un seul n' a pas frequente les tribunaux . C est un critère suffisant . Fillon est lucide sur l'état de nos finances , de l école des pédagos , du laxisme face à l'islam politique . Le consensus que recherche Juppe est celui d'un vieux radsoc copie c...

à écrit le 18/11/2016 à 21:25
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Troos hommes et un coup... Foireux ?

à écrit le 18/11/2016 à 20:08
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@Nazir: Juppé intègre, ah bon ?? Voir: http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/Index/nouvelles/200502/18/008-Juppe-lettre-profs.shtml http://www.linternaute.com/actualite/politique/alain-juppe-bonnes-feuilles-juppe-2012/l-exil-au-quebec.shtml ...

à écrit le 18/11/2016 à 19:46
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Mieux vaut 1 Juppé que 100 Sarkozy ou Fillon.

à écrit le 18/11/2016 à 18:52
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Non ils sont 7 pour 2 places, ce que peuvent annoncer les sondeurs ne sont pas des arguments suffisants. Tous les candidats doivent être traités équitablement, c'est le fondement même de la démocratie. Et par les temps qui courent, il est impératif d...

à écrit le 18/11/2016 à 17:50
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Allez Fillon enfin un candidat courageux et intègre

le 18/11/2016 à 19:55
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"Drissi" qu il soit écarté au premier tour...ce serait normal.

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