Antitrust européen : Ursula von der Leyen confirme la nomination d'une lobbyiste américaine proche des Gafam

Malgré l'opposition de Paris, l'américaine Fiona Scott Morton, ex-lobbyiste d'Amazon, d'Apple et de Microsoft et ancienne cadre de l'administration Obama, sera bien confirmée par la Commission européenne comme économiste en chef de la direction de la concurrence. Un poste clé pourtant pour la régulation des géants de la tech alors que les procédures se multiplient contre les Gafam. Le Medef demande à son tour que la commission européenne renonce à cette nomination étrange.
(Crédits : Reuters)

Le bras de fer est pour l'heure perdu par Paris. La Commission européenne "ne voit pas de raison de reconsidérer" le recrutement de l'Américaine Fiona Scott Morton, ex-lobbyiste et ancienne cadre de l'administration Obama, à un poste clé pour la régulation des géants de la tech, a annoncé vendredi une porte-parole.

Le gouvernement français a demandé jeudi à l'exécutif européen de revenir sur ce choix, une requête reprise vendredi par les chefs des quatre principaux groupes politiques au Parlement européen qui dénoncent les risques de conflit d'intérêt et d'ingérence de Washington.

"La décision a été prise. Nous ne voyons pas de raison de la reconsidérer", a déclaré la porte-parole de la Commission, Dana Spinant, lors du point de presse quotidien.

L'exécutif européen, présidé par Ursula von der Leyen, avait annoncé mardi que Fiona Scott Morton, professeure d'économie à l'université de Yale, avait été choisie comme nouvelle économiste en chef à la Direction générale de la concurrence, l'antitrust européen.

La nomination a provoqué des réactions indignées, notamment en France. Des élus de tous horizons politiques ont épinglé ses anciennes fonctions de responsable de l'analyse économique à la division antitrust du ministère américain de la Justice, entre mai 2011 et décembre 2012, ou de consultante pour des grands groupes de la tech comme Amazon, Apple et Microsoft.

"La régulation du numérique est un enjeu capital pour la France et pour l'Europe. Cette nomination mérite d'être reconsidérée par la Commission", a réagi jeudi soir la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna.

Au Parlement européen, les chefs du groupe PPE (droite), l'Allemand Manfred Weber, du S&D (sociaux-démocrates), l'Espagnole Iratxe Garcia Perez, de Renew (centristes et libéraux), le Français Stéphane Séjourné, et des Verts, le Belge Philippe Lamberts (Verts), ont également écrit à la Commission pour lui demander "d'annuler cette décision".

"A l'heure où nos institutions font l'objet d'un examen minutieux face aux ingérences étrangères, nous ne comprenons pas que des candidats non-européens soient pris en considération pour un poste aussi stratégique et de haut niveau", expliquent-ils dans une lettre datée de vendredi, adressée à la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager.

La puissante Direction générale de la concurrence est chargée de veiller au bon fonctionnement de la concurrence dans l'Union européenne et d'enquêter notamment sur les abus de position dominante des géants du numérique, qui ont donné lieu à des amendes record ces dernières années.

La nomination de Mme Scott Morton survient au moment où l'UE doit mettre en oeuvre de nouvelles législations ambitieuses pour réguler ce secteur. Elle nourrit les critiques contre Ursula von der Leyen, considérée comme très atlantiste. Cette nomination intervient alors que les procédures se multiplient, en Europe, contre les abus de position dominante des géants de la tech américain. Le ministre français du numérique, Jean-Noël Barrot a demandé à la commission européenne de revoir cette nomination. Sans succès visiblement. Mais la pression demeure : vendredi soir dans un communiqué très irrité, le patronat français est entré dans le jeu : « au moment où il est impératif que l'Union européenne retrouve plus de souveraineté et une autonomie stratégique, dans la concurrence économique mondiale de plus en plus exacerbée à laquelle nous assistons, il est regrettable de retrouver dans l'administration bruxelloise toujours autant de naiveté et d'indifférence, voire de mépris pour l'opinion publique européenne à quelques mois de futures élections majeures pour l'avenir de l'UE. »  Le Medef souhaite ainsi s'associer à l'initiative transpartisane (RenewEurope, PPE, PSOE et le coprésident des Verts/ALE) du Parlement européen demandant à la Commission de revoir sa décision.

Commentaires 26
à écrit le 16/07/2023 à 18:20
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Le loup dans la bergerie... déguisé en agneau.

à écrit le 16/07/2023 à 9:18
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Info très claire pour ceux qui n auraient pas encore compris que nous ne sommes que le second marché Américain et rien d'autre, malgré les belles formules orgeuilleuses de nos hommes politiques.....un peuple soumis qui parle fort, s'agite beaucoup, m...

à écrit le 16/07/2023 à 8:18
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Le choix du développement du numérique plutôt que sa paupérisation. Amazon fait travailler les producteurs français en leur offrant quasiment toute la partie "mise en vente" de leur activité. Présentation produit, market place à forte fréquentation, ...

le 16/07/2023 à 9:15
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Tu rames là.

le 16/07/2023 à 9:41
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Si les GAFAM n'avaient pas révolutionné le monde, le mot GAFAM n'existerait pas. Chacune de ces boites à sa place dans les livres d'histoire. La France s'illustre dans le B2B mais laisse le B2C dans un état de délabrement inquiétant. D'ailleurs, "GAF...

le 17/07/2023 à 7:40
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"Pour les gens normaux" Ben oui parce que tous les gens qui ne pensent pas comme toi sont "anormaux" donc... et tu viens me coller tes éléments de langage rincés sous le nez sans rire ? Ben oui t'as rien d'autre mon pauvre vieux.

le 17/07/2023 à 8:51
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Pour injecter un peu de réalité dans votre raisonnement, l'utilisation d'un navigateur (probablement Google Chrome), fonctionnant sous Ms Windows ou MacOS, pour nier l'importance des gafam est un paradoxe qui devrait logiquement relativiser les postu...

à écrit le 15/07/2023 à 20:43
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Il n'y a rien d'étrange dans cette nomination. Elle n'est que le reflet d'une réalité de soumission de la Douma européenne. La commission a aujourd'hui suffisamment de pouvoir pour ne plus avoir besoin de masquer ses motivations.

le 16/07/2023 à 8:37
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on attend quoi pour degager mme von der leven elle n'est pas elu donc elle doit degager mais comme toujours nomme par mme merkel personne ose contredire l'allemagne

le 16/07/2023 à 9:07
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Von der Leven --comme son gouvernement-- est à la botte des américains.....mais allez le faire comprendre aux citoyens européens.On ne donne pas à boire à un âne qui n'a pas soif.

à écrit le 15/07/2023 à 17:01
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C'est donc ça cette ue une annexe du pouvoir us ? Au moins maintenant les choses sont claires.

à écrit le 15/07/2023 à 15:56
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Van der Leyen convoite le poste de Secrétaire Général de l'OTAN à la place de Stoltenberg. Elle doit faire quelques actes d'allégeances aux américains alors quoi de mieux que de nommer une américaine, payée par les Gafam 1 à 2 Millions de dollars par...

à écrit le 15/07/2023 à 10:27
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Une nomination a l'image de la corruption de l'union européenne. Un joujou américain pour mettre au pas les européens.

à écrit le 15/07/2023 à 10:20
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Les conditions même de sa nomination, mardi, lors du dernier collège des commissaires européens soulèvent des questions. Il s'agissait du dernier collège de Margrethe Vestager avant qu'elle ne prenne sa pause estivale et candidate pour la Banque euro...

à écrit le 15/07/2023 à 10:08
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...ou comment les états Unis font de l'Europe leur 51e état...Avec Von De Leyen comme gouverneur !

le 15/07/2023 à 12:14
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C'est une page peu connue de l’histoire de la seconde guerre mondiale car dès 1941-1942, Washington avait prévu d’imposer à la France comme aux futurs vaincus, Italie, Allemagne et Japon un statut de protectorat, régi par un Allied Military Governmen...

à écrit le 15/07/2023 à 9:42
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La Commission européenne assume pleinement son rôle. Celui d'une administration coloniale. La Métropole américaine a placé une gouverneure pour administrer les colonies outre Atlantique.

à écrit le 15/07/2023 à 8:27
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« La Commission européenne "ne voit pas de raison de reconsidérer" » : en clair, circuler il n´y a rien à voir. Mais avec Von der Leyen, on y est habitué, pas seulement dans la tradition de la CDU, mais tout simplement : SMS Pfizer, conseil à l´oppos...

à écrit le 14/07/2023 à 22:27
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La France doit quitter l'union européenne ! Tous les partis politiques qui parlent "d'europe de ceci, d'europe de cela" doivent être éjectés du paysage politique français par, NOUS, Les Électeurs !

à écrit le 14/07/2023 à 20:51
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En France tous les grand journaux en parle, par contre en Allemagne je n'ai pu lire qu'un seul article à ce sujet et encore ce dernier semblait moins alarmiste...

à écrit le 14/07/2023 à 19:36
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tout ce que l Europe sait faire de mieux pour se faire hair de ses citoyens.bravo Manu.

à écrit le 14/07/2023 à 18:32
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Faire entrer le loup dans la bergerie, c'est aussi serrer le loup de près. Risque quand même. L'UE n'étant pas (et ne sera sans doute jamais) une Fédération, ce genre d'avatar se répétera. Entre les lois américaines d'extraterritorialite, les directi...

à écrit le 14/07/2023 à 18:24
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C'est donc maintenant au service action d'intervenir, tout simplement...

à écrit le 14/07/2023 à 17:44
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La Commission européenne ne voit pas de problème? Ah bon. Prenons alors un autre angle de défense car, pour la seule année 2020, déjà, les actions d'Apple, d'Amazon, d'Alphabet, de Microsoft et de Facebook - qui sont également les 5 capitalisations l...

le 14/07/2023 à 23:27
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Elle pourra faire du reporting à ses patrons du FBI et des gafam .. la commission va. Bidule truc une brèle.!!! Y a pas un delors ou autre dans la salle ?

le 14/07/2023 à 23:27
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Elle pourra faire du reporting à ses patrons du FBI et des gafam .. la commission va. Bidule truc une brèle.!!! Y a pas un delors ou autre dans la salle ?

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