Aux Pays-Bas, Macron va présenter sa vision d'une Europe « qui ne doit pas dépendre des autres »

Emmanuel Macron entame ce mardi une visite d'Etat de deux jours aux Pays-Bas par une séquence royale à Amsterdam afin de consolider les liens qui l'unissent avec la France depuis le Brexit. Le chef de l'Etat prononcera un discours très attendu sur l'Europe après des propos tenus à Pékin où il avait appelé l'UE à ne pas être « suiviste » des Etats-Unis et de la Chine sur la question de Taïwan et à incarner un « troisième pôle ».
En Chine, Emmanuel Macron a appelé l'Union européenne à incarner un « troisième pôle ».
En Chine, Emmanuel Macron a appelé l'Union européenne à incarner un « troisième pôle ». (Crédits : GONZALO FUENTES)

A défaut d'avoir pu accueillir Charles III et Camilla, Emmanuel et Brigitte Macron goûteront aux Pays-Bas aux fastes de la royauté en étant reçus avec les honneurs militaires par Willem-Alexander, roi depuis 2013, et son épouse Maxima avant une réception et un déjeuner privé. Le couple est attendu en fin de matinée (11h00) au Palais Royal d'Amsterdam.

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Un dîner d'Etat sera également donné en leur honneur en présence du chanteur Dave, d'origine néerlandaise, de l'architecte Rem Koolhaas ou encore du directeur du Tour de France Christian Prudhomme.

Premier voyage d'un président français aux Pays-Bas depuis 2000

Cette visite d'Etat, la première d'un président français aux Pays-Bas depuis 2000, fait suite à celle du couple royal en France en 2016. Elle se veut une concrétisation du rapprochement entre les deux pays depuis la décision du Royaume-Uni de sortir de l'UE qui a rebattu les cartes des alliances au sein de l'Union. Les Pays-Bas ont alors « perdu un allié traditionnel sur la scène européenne  qui les a conduits à diversifier leurs coopérations », relève l'Elysée. « C'est l'expression d'un rapprochement franco-néerlandais qu'il était temps de le reconnaître, le résultat d'une forme de tectonique européenne qu'on peut dater au moins de 2016 » avec le Brexit, relève la présidence française. Emmanuel Macron a aussi renforcé les liens avec d'autres capitales, notamment Rome et Madrid, au-delà de l'axe traditionnel Paris-Berlin. Les Pays-Bas, réputés plus libéraux et frugaux au sein de l'UE, se sont, eux, rapprochés d'autres partenaires européens depuis la sortie de leur allié traditionnel, le Royaume-Uni, de l'Union.

Le chef de l'Etat, qui sera accompagné de sept ministres (Affaires étrangères, européennes, Armées, Intérieur, Transition énergétique, Industrie, Recherche et Transports), aura également des consultations intergouvernementales avec le Premier ministre Mark Rutte et son équipe mercredi.

Semi-conducteurs et physique quantique au programme

De plus, Paris et La Haye signeront mercredi un « pacte pour l'innovation », avec à la clé des coopérations dans les semi-conducteurs, la physique quantique et l'énergie. Le français STMicroeletronics et le néerlandais ASLM, deux poids-lourds européens des semi-conducteurs, ont déjà des projets communs. Du côté de la physique quantique, qui permet de démultiplier la puissance de calcul des ordinateurs, les Vingt-Sept prévoient d'investir sept milliards d'euros, « ce qui est supérieur à ce que font à la fois les Américains et la Chine », souligne l'Elysée. « Mais aucun des pays européens tout seul ne réussira, on a besoin de collaboration, on a besoin des forces de chacun des acteurs », insiste Paris. Emmanuel Macron visitera à cette occasion les laboratoires de physique quantique de l'université d'Amsterdam.

Présenter une vision de la souveraineté et de la sécurité européenne en matière économique

A peine revenu de Pékin, Emmanuel Macron sera  surtout très attendu sur les sujets d'autonomie stratégique après avoir appelé l'UE à ne pas être « suiviste » des Etats-Unis et de la Chine sur la question de Taïwan et à incarner un « troisième pôle ». Le chef de l'Etat doit présenter sa vision de la souveraineté et de la sécurité européenne en matière économique et industrielle dans un discours ce mardi après-midi à l'institut néerlandais Nexus à La Haye.

Le chef de l'Etat pousse pour un plan d'investissements massifs dans l'industrie verte en Europe afin de répondre à celui lancé par Joe Biden. « Nous ne voulons pas dépendre des autres sur les sujets critiques », a-t-il également insisté dimanche dans le quotidien Les Echos, citant l'énergie, l'intelligence artificielle ou les réseaux sociaux. Son appel, dans la même interview, à garder ses distances sur la question de Taïwan et à « moins dépendre des Américains » en matière de défense a aussitôt suscité critiques et interrogations, comme ses propos passés sur l'Ukraine.

L'Europe de l'Est attachée à l'Otan et à la protection américaine

« Macron fait des Etats-Unis les seuls responsables des tensions et non la Chine dont l'objectif est pourtant de prendre le contrôle de Taïwan, de changer le statu quo », a tweeté Antoine Bondaz, expert à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) à Paris. « Une mort cérébrale s'est produite quelque part, pas de doute », a ironisé le directeur de l'Institut polonais de relations internationales (PISM), Slawomir Debski, en référence à la formule utilisée par le président français à propos de l'Otan. L'Europe de l'Est, longtemps sous le joug de Moscou, reste très attachée à l'Otan et à la protection américaine et regarde avec suspicion la défense européenne prônée par la France, même si Paris insiste sur le fait que celle-ci est complémentaire et non concurrente de l'Alliance.

Après les voyages, place à la réforme des retraites

La semaine s'annonce une fois de plus tendue sur le front de la réforme des retraites avec une nouvelle journée de mobilisation jeudi et une décision très attendue du Conseil constitutionnel vendredi, qui pourrait invalider toute ou partie de la réforme.  En Chine, déjà, Emmanuel Macron avait continué à ferrailler avec le patron du premier syndicat français, Laurent Berger (CFDT), et engagé un ping-pong avec sa Première ministre Elisabeth Borne, qui semblait se démarquer de sa ligne offensive. La cheffe du gouvernement avait appelé avant le weekend pascal à ne pas « brusquer les choses » avec les syndicats, jetant le doute sur sa relation avec Emmanuel Macron, même si elle a rapidement insisté sur son parfait « alignement » sur le chef de l'Etat.

 (Avec AFP)

Commentaires 13
à écrit le 12/04/2023 à 5:29
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Ce discours, c’est le chemin droit. C’est une ligne claire. Aussi clair que la doctrine Monroe ou les 3 chaines d’îles Chinoises. Dans les commentaires, certains seraient bien inspirés de ne pas considérer Macron qu’à l’aune des griefs de politique...

à écrit le 12/04/2023 à 1:43
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La FR n'a jamais quitté l'OTAN : elle en avait SEULEMENT quitté le commandement intégré.

à écrit le 11/04/2023 à 19:57
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"Willem-Alexander, roi depuis 2013, et son épouse Maxima en présence du chanteur Dave" Et non Vanina Sinon,le 25 janvier dernier, Dave a fait une lourde chute dans ses escaliers. Blessé au dos et à la tête,il était resté dans le coma pendant «...

à écrit le 11/04/2023 à 18:27
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Bonjour, Mr macron espère revenir dans notre estime.. Ils défendre des sujets qui sont chère a nous autre français.. souveraineté, défense européenne, ect... Mais nous n'avons nullement oublié comment, ils s'est joué de la démocratie... (Le bien le...

à écrit le 11/04/2023 à 15:45
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Les P.B l'Eldorado des sièges d'entreprises européennes dont françaises un manque à gagner pour la France J'invite me Président à rester modeste et d'avoir une vision pour notre pays. Il semble pour ce grand!!!! homme que la France n' est au niveau...

à écrit le 11/04/2023 à 15:13
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MACRON: un grand visionnaire....pour les autres, très peu pour les Français. A La Haye il va remonter dans la cote des Pays....Bas, vu sa décote Française.

à écrit le 11/04/2023 à 11:10
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La vision européenne de Macron ? Là, il y a raison de craindre le pire comme à chaque fois que Macron exprime sa vision géopolitique du monde …….

le 11/04/2023 à 12:39
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deja avoir regle la societe francaise et comprendre les revendications des electeurs soit du peuple et pas de la foule et pas la minorite des personnes qui lui ont offert leur bulletin de vote mais il a oublier que plus personne au monde ne souhai...

à écrit le 11/04/2023 à 10:08
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"La critique est aisée mais l'art est difficile". Macron est constant dans sa vision d'une Europe de la defense plus indépendante des US, d'une Europe plus intégrée sur tous les plans. Dans les faits il ne déroge pas à la posture Gaullienne qui perdu...

le 11/04/2023 à 10:22
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D’accord avec vous mais il faut comme le Général quitter l’OTAN ,ont ne peut être à la fois dehors et dedans ,26 pays européens sous le parapluie US et seule la France veut une défense européenne qui sera bien évidemment impossible à réaliser . Tout ...

le 11/04/2023 à 10:23
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D’accord avec vous mais il faut comme le Général quitter l’OTAN ,ont ne peut être à la fois dehors et dedans ,26 pays européens sous le parapluie US et seule la France veut une défense européenne qui sera bien évidemment impossible à réaliser . Tout ...

le 11/04/2023 à 12:50
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Bla bla bla losez plutot l article qur Montebourg et le nucleaire pour voir que Macron envoie la France dans le mur

à écrit le 11/04/2023 à 8:43
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On va bien sentir qu'il n'a aucune ambition pour la France que d'être une province à la disposition d'un empire non démocratique !

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