Brexit : Boris Johnson multiplie les gaffes

Boris Johnson, le ministre britannique des Affaires étrangères, a comparé les négociations du Brexit à la Seconde Guerre mondiale.

Le 18 janvier, à peine 24 heures après que Theresa May avait mis en garde contre les gros titres qui pourraient nuire à Londres dans ses négociations de Brexit, Boris Johnson, son ministre des Affaires étrangères, a fait une de ces gaffes dont il est coutumier.

En déplacement en Inde, le ministre, qui a milité fermement pour le Brexit, avant de disparaître de la circulation quand il a fallu trouver un remplaçant à David Cameron, a ainsi déclaré :

« Si M. Hollande souhaite administrer une correction à quiconque essaye de s'échapper, un peu comme dans les films sur la Seconde Guerre mondiale, je ne pense pas que ce soit la bonne voie pour aller de l'avant. »

Verhofstadt s'énerve, Downing Street imperturbable

Une sortie qui a été interprétée comme une comparaison avec le régime de Vichy. Un des premiers à réagir a été Guy Verhofstadt, qui représentera le Parlement européen lors des négociations, et qui a pressé la Première ministre de condamner ce commentaire « odieux et profondément négatif ».

 

Jeremy Corbyn, leader de l'opposition, a pour sa part estimé que les propos du ministre étaient « sauvages et déplacés ». Une porte-parole de Downing Street a au contraire rejeté les critiques, qu'elle a qualifiées en les minorant de « comparaisons théâtrales ». « Il soutenait son argument, il n'a comparé personne à un nazi », a-t-elle assuré.

Quittant l'Europe, les Britanniques, curieusement, se croient assiégés

C'était pourtant la deuxième fois de la journée qu'un ministre conservateur comparaît les négociations de Brexit à la Seconde Guerre mondiale. Le ministre chargé de la sortie de l'UE, David Davis, avait en effet déjà déclaré : « Si notre pays a pu faire face à la Seconde Guerre mondiale, il peut faire face » au Brexit.

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L'imagerie exagérée des campagnes du groupe europhobe UKIP, comme les falaises de Douvres (cf. affiche de propagande ci-dessus), les avions de combat datant de la guerre ou « l'heure de gloire » de la Grande-Bretagne, sont en train d'intégrer la rhétorique des conservateurs, laquelle s'appuie de plus en plus sur l'isolement du Royaume face à un continent hostile.

    > Lire : Theresa May tire un trait sur la marché unique

Et pourtant, May avait demandé à son staff d'éviter les gaffes

Dans son discours sur les objectifs de négociation de Londres, le 17 janvier, Theresa May avait pourtant spécialement averti que le manque de discipline et les gaffes des membres du gouvernement pourraient nuire à la position de négociation du pays.

« Il s'agit d'une négociation essentielle et délicate, qui définira les intérêts et le succès de notre pays dans les années à venir. Il est donc essentiel que nous maintenions notre discipline », a-t-elle annoncé. « C'est pourquoi j'ai affirmé, et je continuerai à affirmer, que toute langue déliée, tout emballement médiatique rendra l'obtention d'un accord favorable à la Grande-Bretagne plus compliqué. »

« Nos interlocuteurs de la Commission européenne le savent, c'est pourquoi ils se montrent si disciplinés. Et les ministres de ce gouvernement le savent aussi, c'est pourquoi nous resterons également disciplinés », avait-elle alors espéré.

Selon certains, Theresa May, qui a elle-même fait campagne pour l'UE, a mis un point d'honneur à nommer Boris Johnson aux Affaires étrangères, David Davis au Brexit et Liam Fox au Commerce international, afin de mettre les trois chantres du Brexit, qui manquaient toutefois à l'appel au moment où il a fallu remplacer le Premier ministre sortant, devant leurs responsabilités et mener les négociations aussi bien qu'ils l'ont promis dans leur campagne anti-UE.

   > Lire : Theresa May choisit Boris Johnson pour relever le défi du Brexit

Le président François Hollande a répété à l'envi que le Royaume-Uni ne bénéficierait pas de meilleures relations commerciales avec les États membres en quittant le marché unique. La chancelière allemande, Angela Merkel, a pour sa part déclaré que Londres ne devait pas s'attendre à pouvoir faire la difficile et choisir quels aspects de l'UE elle voulait, ou ne voulait pas.

Boris Johnson, la stratégie du brouillon

À Delhi, Boris Johnson a cependant assuré que la décision des Britanniques de sortir du marché unique ne voulait pas dire qu'ils voulaient abandonner leur accès aux pays européens :

« Nous devrions coopérer. Il me semble complètement incroyable qu'au 21e siècle, l'Union européenne [...] envisage réellement l'introduction de droits de douanes ou de punir de quelque façon que le soit le Royaume-Uni. Et n'oubliez pas que c'est une épée à double tranchant. Après tout, il est bien connu que les Allemands exportent un cinquième de leur production de véhicules. »

Boris Johnson prévoyait de rencontrer le Premier ministre indien et le ministre des Finances lors de son séjour de deux jours en Inde. Londres a en effet clairement annoncé vouloir renforcer ses relations commerciales avec son ancienne colonie, une des économies les plus florissantes au monde.

« Il sera bientôt temps de mettre un turbo à cette relation, avec plusieurs accords commerciaux, que nous serons bientôt en mesure de conclure », a déclaré le Britannique. « Nous ne pouvons rien négocier aujourd'hui, mais nous pouvons déjà faire un brouillon au crayon sur le dos d'une enveloppe. »

    > Lire : Angel Gurría: «les dégâts du Brexit ne font que commencer»

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Par Matthew Tempest, EurActiv.com (traduit par Manon Flausch)

(Article publié le vendredi 20 janvier 2017 à 9:15)

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Commentaires 27
à écrit le 21/01/2017 à 8:55
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Aucune gaffe, sauf dans l'esprit de certains européistes pour qui le Brexit est en soi une insulte et qui ne tolèrent pas qu'on ose ne pas penser comme eux. Déformer ce que disent ses opposants ou ses contradicteurs pour les culpabiliser et les faire...

le 21/01/2017 à 11:55
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Non pas de gaffe. Des propos de comptoir qui ne méritent qu'un haussement d'épaule dédaigneux. L'UE n'a pas à chercher à retenir le Royaume-Uni. Mas pas non plus à lui donner des conditions de sortie plus favorables qu'à n'importe quel autre pays tie...

à écrit le 21/01/2017 à 8:16
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Jonhson,Trump,Sarkosy,Berlusconi......yes. They Can !

à écrit le 21/01/2017 à 7:02
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Nous avons avons assez des ayatholas de journalistes en total désacord avec les lecteurs.STOP au BUZ ce n'est pas de l'info et vous n'etes pas des procureurs....

le 21/01/2017 à 12:01
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Quand on parle ayatollah à propos du brexit, on pense spontanément davantage à Farrage, Johnson et leurs fatwas anti UE. Leur campagne a été mensongère de bout en bout ainsi que Farrage lui-même l'a reconnu 2 jours après le scrutin. De toutes façons ...

le 21/01/2017 à 13:59
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@bruno_bd " Le Royaume-Uni absorbe 5% des exportations des 27, l'Europe des 27 absorbe 47 % des exportations du Royaume-Uni... On n'insulte pas ses meilleurs clients. " je ne connaissais pas ces chiffres, impressionnant si ils sont vrais et votre co...

à écrit le 21/01/2017 à 2:42
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Aucune gaffe ; juste une démarche pour remettre au pas cette Europe continentale qui ne se souvient pas avoir été écrasée, et libérée par UK+USA+URSS.

le 21/01/2017 à 11:42
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Quand on voit ce qu'elle a fait subir à la partie de l'Europe que l'URSS a libérée... Il a fallu 40 ans à cette partie de l'Europe pour se libérer de ses libérateurs.

à écrit le 20/01/2017 à 17:42
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Physiquement il ressemble à Trump et tous les deux sont bas du casque. Il n'y a malheureusement rien à attendre de ces personnes. May est responsable de cette nomination. Un manière certainement de montrer son intérêt pour le monde qui entoure son î...

à écrit le 20/01/2017 à 17:23
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T May a nommé au foreign office B Johnson !!! qui faut il blâmer ? les dérapages de ce monsieur lui ont donné ce statut si "à part" et son discours "brute de décoffrage" n'est pas le plus approprié pour celui qui est chargé de la diplomatie au nom de...

à écrit le 20/01/2017 à 16:48
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@roro: "My chances of being PM are about as good as the chances of finding Elvis on Mars, or my being reincarnated as an olive." a dit un jour Boris Johnson :-)

le 20/01/2017 à 17:05
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@Patrickb Au départ le grand blond n' était il pas contre le brexit ? quant à sa réincarnation c' est plutôt en huile.....d'olive .

le 20/01/2017 à 18:11
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@roro: un vieil adage dit qu'il "n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis". A mon humble avis, Boris a dû à un moment donné se demander "suis-je Britannique ou Européen avant tout ?" On sait déjà qu'il a choisi d'être Britannique avant d'êt...

à écrit le 20/01/2017 à 16:42
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Il y a un problème quand on essaye d'appliquer la logique aux commentaires de BoJo. Ca ne marche pas. Il faut trouver un autre mode de raisonnement.

à écrit le 20/01/2017 à 16:35
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Déjà que T. May n'a pas inventé l'eau tiède, mais en plus elle a embauché une belle brochette de bras cassés.

le 20/01/2017 à 23:04
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@Bruno_bd: je ne sais pas à qui tu fais reference exactement, mais Boris est diplômé d'Eton et d'Oxford. Auteur, historien, journaliste, il a fait ses preuves en tant que maire de Londres (notamment avec le succès des Jeux). Personnellement, j'aimera...

le 21/01/2017 à 11:46
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@Patrickb : Johnson a tellement réussi à Londres que la ville est repassée aux travaillistes après le passage de Boris le dingue à sa tête.

le 21/01/2017 à 13:53
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@Patrrickb mdr sur les diplômes bidons des anglais de la haute surtout cet énergumène qui grossit a vu d’œil tellement il enfile les Pintes !!

le 22/01/2017 à 0:10
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@Bruno_bd: je crois que tu confonds avec la poussée du Londonistan. Mais t'inquiètes, cela vient en France, car quand on aura un maire communautaire, ce sera décret 1, plus de porc, décret 2, tous les femmes voilées, décret 3, plus de pinard, etc. @...

à écrit le 20/01/2017 à 15:36
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Non c'est pas une gaffe c'est juste que les médias cherchent tellement des poux aux brexiteurs et à trump que pour eux, emballer c'est peser. C'est certainement pas une lumière le gars puisque c'est un politicien il y a forcément de biens meilleu...

à écrit le 20/01/2017 à 15:32
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Boris a-t-il tort de dire que Hollande et ses sbires sont des fascites ? A mon avis, NON :-)

le 20/01/2017 à 16:05
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@Patrickb Je suis surpris de voir que des gens prennent en compte les propos d' un individu qui a fuit ses responsabilités au lendemain du Brexit...

le 20/01/2017 à 16:24
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@roro: ne pas se considérer apte pour le poste de premier ministre est un signe de clairvoyance et de responsabilité, plutôt qu'une fuite. En acceptant un poste dans le gouvernement May, il montre bien d'ailleurs qu'il ne fuit pas :-)

le 20/01/2017 à 16:31
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C'est injurieux, je suis un fasciste et ne me reconnais absolument pas dans Hollande.

le 20/01/2017 à 17:14
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@Matthieu: essaierais-tu de nous faire le coup de celui qui n'a pas voté Pétain et qui, après la guerre, voudrait nous faire croire qu'il était un résistant de premier plan ? Il. faut grandir et accepter ses responsabilités, n'est-ce pas :-)

le 20/01/2017 à 17:44
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@Patrickb Comme un certain Mitterrant?

le 20/01/2017 à 22:29
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@Paul et Mik: ceux qui lisent mes commentaires auront remarqué que pour moi, tous les malfrats sont égaux, quelle que soit leur appartenance politique :-)

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