Crise de l'énergie  : les Vingt-Sept se réunissent à Prague pour trouver une stratégie commune

Les chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de l'Union européenne se réunissent ce vendredi à Prague pour discuter des nouvelles mesures proposées par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour lutter contre la crise de l'énergie. Les débats promettent d'être agités.
Sans consensus sur la stratégie à mener, les dirigeants des pays membres de l'UE risquent de céder à la tentation du cavalier seul.
Sans consensus sur la stratégie à mener, les dirigeants des pays membres de l'UE risquent de céder à la tentation du cavalier seul. (Crédits : Reuters)

De vifs débats sont attendus ce vendredi à Prague entre les partenaires européens qui vont tenter d'esquisser les contours d'une parade commune pour lutter contre la crise de l'énergie et les coûts élevés. Depuis l'invasion de l'Ukraine en février, les prix de gros du gaz et de l'électricité ont été multipliés par 15 dans l'Union européenne. Et L'Europe doit composer avec des fournisseurs qui ne lui font pas de cadeaux. L'Opep vient ainsi d'annoncer une réduction drastique de leur production pour soutenir les prix, une aubaine pour Moscou et un camouflet aux Occidentaux. Le ministre allemand de l'Economie Robert Habeck a aussi déploré mercredi les tarifs « astronomiques » réclamés pour leur gaz par des pays comme la Norvège ou les Etats-Unis.

Rien ne sera facile lors de ce sommet informel de Prague. Les Vingt-Sept peinent en effet à trouver une parade commune pour affronter ces vents hostiles. Certains pays, comme la France, misent sur le nucléaire. D'autres, comme l'Allemagne, sont historiquement liés aux hydrocarbures russes en Europe centrale. Sans consensus sur la stratégie à mener, les dirigeants des pays membres de l'UE risquent de céder à la tentation du cavalier seul. L'Allemagne a ainsi suscité un tollé en annonçant la semaine dernière un plan à 200 milliards d'euros pour protéger son économie. La France avait également réduit unilatéralement les prix des carburants à la pompe.

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« Même les poches les plus profondes ont leurs limites »

Un égoïsme qui agace passablement le chef du gouvernement belge Alexander De Croo : « Certains pays pensent qu'ils peuvent agir seuls, avec leur propre budget. Vous pouvez le faire pendant quelques mois. Ensuite, c'est une course à celui qui aura les poches les plus profondes. Mais, à un moment donné, même les poches les plus profondes ont leurs limites ».

Dans une lettre aux Vingt-Sept mercredi, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne a accepté de « considérer un plafonnement des prix du gaz » payés aux pays exportateurs. Quinze Etats membres, dont la France, la réclament. L'Allemagne traîne cependant les pieds sur ce mécanisme encore flou, estimant qu'il pourrait aggraver les difficultés d'approvisionnement. Il comporte des « risques significatifs », a estimé récemment l'Institut Bruegel, jugeant qu'il « pourrait faire monter la demande de gaz tout en minant la capacité de l'Europe à attirer les livraisons dont elle a tant besoin ».

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La réforme du marché européen de l'électricité est un sujet d'affrontement

La réforme du marché européen de l'électricité qui pénalise les consommateurs avec des tarifs élevés, indexés sur ceux du gaz, est un autre sujet d'affrontement. La présidente de la Commission européenne a proposé de discuter d'un plafonnement temporaire des prix de gros du gaz utilisés pour produire l'électricité, une mesure qui serait un premier pas avant des mesures structurelles réclamées notamment par Paris. Ursula von der Leyen propose par ailleurs de développer les achats communs de gaz, mais aussi d'aller au-delà des 20 milliards d'euros de subventions européennes déjà adoptées pour les infrastructures visant à s'affranchir de Moscou.

Jusqu'ici, les Vingt-Sept se sont accordés pour prélever une partie des « superprofits » des producteurs d'énergie afin d'aider les consommateurs, ainsi que pour réduire ensemble leur consommation d'électricité et de gaz.

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Zoom - Macron s'est engagé à « convaincre » sur la nécessité de plafonner les prix du gaz

Emmanuel Macron s'est engagé jeudi à « convaincre » les autres Européens sur un mécanisme de plafonnement commun des prix du gaz servant à produire de l'électricité. « On soutient beaucoup ça », a déclaré le président français lors d'une réunion d'entrepreneurs organisée par la Banque publique d'investissement à Paris. « On va convaincre les autres Européens », « au plus tard » d'ici le Conseil européen des 20 et 21 octobre à Bruxelles. « On va mettre en place un système qui fait que le gaz qu'on utilise pour produire de l'électricité, on va lui mettre un plafond de prix », ce qui « permet de baisser » le « prix de l'électricité produite ». Il a évoqué le « mécanisme ibérique », sur le modèle mis en place par l'Espagne et le Portugal « depuis quelques mois » et qui « marche assez bien ».

Selon Emmanuel Macron, cela contribuera à avoir d'ici « fin octobre, début novembre » des prix « dans une zone qui est beaucoup plus acceptable » et des contrats de fourniture de gaz et d'électricité « plus raisonnables ». Il a aussi estimé que les Européens devaient se mettre « tous ensemble » pour négocier les prix sur le marché du gaz afin de « peser » davantage. « On va dire avec beaucoup d'amitié à nos amis américains, nos amis norvégiens, « vous êtes super, vous nous fournissez de l'énergie du gaz, mais il y a un truc qui peut pas marcher très longtemps, c'est qu'on ne peut pas payer, nous, le gaz quatre fois plus cher que vous vous le vendez à vos industriels ».

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 07/10/2022 à 11:58
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Leur unique soucie ne devrait-il pas être : le rétablissement de la paix sur notre continent ? Mais, cela préfère mettre, en connivence, la pression sur les peuples européens !

à écrit le 07/10/2022 à 9:29
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La stratégie commune s'il y a, sera forcément calée sur le plus petit dénominateur commun qui préservera la loi du marché. Au lieu de cultiver l'excellence de chaque pays, de la renforcer et de mutualiser la distribution.

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