Énergie : sans économie de gaz, l’Europe ne passera pas l’hiver, prévient l’AIE

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) anticipe dans son rapport trimestriel des tensions accrus sur les marchés du gaz en 2023. En raison de « l'attitude imprudente et imprévisible de la Russie », mais aussi d'une possible hausse de la demande chinoise de GNL dans le cadre de nouveaux contrats.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) ou, en anglais, International Energy Agency (IEA) est une organisation internationale fondée à l'OCDE en 1974, et basée à Paris.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) ou, en anglais, International Energy Agency (IEA) est une organisation internationale fondée à l'OCDE en 1974, et basée à Paris. (Crédits : Reuters)

La pression du gaz ne se relâche pas sur les Européens. Le tarissement du gaz russe, en réponse aux sanctions frappant Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine, a fait exploser les prix sur les marchés mondiaux. Les Européens  s'approvisionnent auprès d'autres sources, en important massivement du gaz naturel liquéfié (GNL), notamment américain, et du gaz norvégien. Si grâce à cette stratégie de diversification, « les stocks de gaz étaient pleins à presque 90% à fin septembre », selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), l'Europe n'est pas à l'abri d'une éventuelle coupure totale du gaz russe.

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Dans son rapport trimestriel publié lundi, l'AIE estime que les mesures d'économie de gaz en Europe seront « cruciales » cet hiver pour maintenir les stocks à des niveaux suffisants en cas de coupure totale du gaz russe et de « vague de froid tardive ».

L'agence a ainsi établi des projections hivernales pour ces stocks « dans l'hypothèse d'un arrêt complet de l'approvisionnement russe à partir du 1er novembre » et en fonction des apports en GNL, une ressource qui fait désormais l'objet d'une « compétition mondiale ». « Sans réduction de la demande de gaz et si l'approvisionnement russe est complètement coupé, les stockages seraient remplis à moins de 20% en février, en supposant un niveau élevé d'approvisionnement en GNL » et « à près de 5 % en cas de faible approvisionnement en GNL », prévient l'AIE. Une fonte des stocks à de tels niveaux « augmenterait le risque de rupture d'approvisionnement en cas de vague de froid tardive », insiste l'agence de l'énergie rattachée à l'OCDE dans son communiqué.

Baisser d'au moins 9% la demande de gaz durant l'hiver

Pour conjurer ce scénario, l'AIE estime donc que l'Europe devra observer des mesures d'économies « cruciales » pour « maintenir les stocks à des niveaux adéquats jusqu'à la fin de la saison de chauffage ». Selon ses projections, une réduction pendant l'hiver de la demande européenne de gaz de l'ordre de 9% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, « serait nécessaire pour maintenir ces niveaux de stock au-dessus de 25% » en cas d'afflux de GNL plus faibles. Et il faudrait que cette demande baisse de 13 % par rapport à cette moyenne quinquennale « pour maintenir des niveaux de stockage supérieurs à 33% », en cas de faibles apports de GNL.

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La consommation globale de gaz en Europe a déjà diminué de plus de 10% entre janvier et août par rapport à la même période en 2021, une baisse « record » tirée par un recul de 15% dans le secteur industriel alors que des usines ont dû réduire leur production face à cette flambée des prix, explique l'AIE. Dans le même temps, la demande européenne de GNL a augmenté de près de 65% par rapport à 2021, tandis que chez les acheteurs traditionnels en Asie-Pacifique, elle a chuté de 7%, avec les facteurs de prix élevés, de temps doux et de politique zéro-Covid en Chine.

Tensions sur les marchés mondiaux

Dans ce contexte de tensions des marchés mondiaux du gaz depuis la reprise post-Covid en 2021 et surtout depuis le début de la guerre en Ukraine fin février, la consommation mondiale de gaz devrait décliner de 0,8% en 2022 et progresser de seulement 0,4% en 2023, estime l'AIE. « Les perspectives des marchés du gaz restent sombres, notamment en raison de l'attitude imprudente et imprévisible de la Russie, qui a ébranlé sa réputation de fournisseur fiable », souligne Keisuke Sadamori, directeur de l'AIE pour les marchés de l'énergie et la sécurité.

« Tous les signes indiquent que les marchés resteront très tendus en 2023 », estime-t-il. L'AIE anticipe notamment une possible hausse de la demande chinoise de GNL dans le cadre de nouveaux contrats, tandis qu'un hiver plus froid entraînerait également une demande supplémentaire du nord-est de l'Asie.

(Avec AFP)

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Commentaires 7
à écrit le 04/10/2022 à 2:54
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La vraie question qui n'est pas abordée est celle relative à l'hiver 2023-2024 Si les russes coupent le gaz jusqu'en avril 2024, comment on fait ? Réponse : on coule à pic et toute l'industrie européenne sera détruite.

à écrit le 03/10/2022 à 19:55
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La Russie était un partenaire parfaitement fiable. C'est nous, les Occidentaux, qui avons remis en question les conditions de règlement des contrats en interdisant à la Russie d'utiliser les dollars de nos paiements (un comble !), et en clamant haut ...

à écrit le 03/10/2022 à 17:34
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"les stockages seraient remplis à moins de 20% en février," ce sur quoi se fonde Vladimir qui espère que les européens seront très mécontents et demanderont d'arrêter immédiatement toute sanction contre son pays. Il joue sur la durée, même si ça a au...

à écrit le 03/10/2022 à 14:30
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Ce qu'il y a à retenir c'est que la Russie n'est pas un partenaire FIABLE. Ne l'a jamais t elle été d'ailleurs ?

à écrit le 03/10/2022 à 14:19
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Quand on parle de l'Europe, pas de problème ! Quand on parle de l'UE de Bruxelles, c'est tout à fait vrai ! ;-)

à écrit le 03/10/2022 à 13:02
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Je ne sais pas pour les autres mais honnêtement on dirait vraiment qu'il y a de plus en plus un grave problème de compétence au plus haut niveau de l'état. Dans tous les domaines. Energie, insécurité, école, économie, etc. tous fout le camp.

le 03/10/2022 à 15:11
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Oui l'Europe part en sucette 🤭 Le Centre de gravité du monde économique s'éloigne chaque jour de l'Europe pour se rapprocher de l'Asie. Une page de l'histoire du monde se tourne.

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