
Trois jours après la première visite diplomatique du nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz à l'Elysée, c'était au tour du nouveau ministre des Finances allemand Christian Lindner de rencontrer lundi son homologue français. Les deux ministres souhaitent réfléchir ensemble sur la meilleure manière de faire évoluer les règles budgétaires, malgré quelques points de divergence entre les deux pays, et une échéance électorale qui s'approche en France.
Ainsi, Bruno Le Maire, qui milite pour une réforme du Pacte de stabilité européen, a indiqué lors de sa première rencontre avec son nouvel homologue allemand qu'il ne faut pas être "pressé" d'entamer cette réforme. "Nous devons prendre le temps de comprendre davantage les opinions de l'ensemble des Etats membres", a affirmé le ministre, lors d'un point presse au ministère français de l'Economie. Interrogé sur un potentiel accord européen sur ce sujet avant l'élection présidentielle française, le ministre français de l'Economie a rétorqué que "s'il faut plus de temps pour lancer les bases d'un compromis, nous prendrons plus de temps". Paris veut pourtant en faire un des chantiers de la présidence française de l'UE au premier semestre 2022.
De son côté, Christian Lindner estime que les discussions ne doivent pas seulement porter sur le respect des règles du Pacte de stabilité, qui encadrent les finances publiques nationales, mais aussi sur les orientations des politiques budgétaires, citant l'inflation et la nécessité d'investissement public et privé après quasiment deux années de pandémie.
Celui qui se définit comme étant un fervent partisan de l'orthodoxie budgétaire a par ailleurs souligné que "le Pacte de stabilité et de croissance a montré sa flexibilité", faisant référence à la suspension des règles pendant la crise du Covid-19.
Avec un ministère des Finances dirigé par les libéraux du FDP, l'Allemagne risque en effet de rester sur une ligne plus dure sur la politique fiscale de l'UE, alors que la France veut tendre vers davantage de souplesse.
Désaccord sur la règle des 3%
D'autre part, alors que Christian Lindner tient à la règle des 3% du PIB pour le déficit budgétaire, la France estime de son côté qu'elle est "dépassée", comme l'a indiqué le président de la République Emmanuel Macron jeudi dernier lors de sa conférence de presse sur la présidence française de l'UE au premier semestre 2022.
La France, dont la dette devrait atteindre autour de 115% fin 2021, estime également que l'objectif de cantonner la dette à 60% du PIB est "caduc", étant donné la situation des finances publiques de nombreux États en sortie de crise. Sur ce point, la France qui prend la présidence de l'Union européenne à partir du 1er janvier pour six mois, espère convaincre les Européens de modifier les règles, mais ne veut pas brusquer son voisin d'outre-Rhin.
Enfin, s'agissant de la proposition de Bruno Le Maire énoncée lundi et évoquant la possibilité que chaque membre de la zone euro puisse proposer sa propre trajectoire de retour à des finances plus saines, Christian Lindner a affirmé qu'il souhaitait "en apprendre davantage".
(Avec agences)
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