[Article publié lundi 12 juin à 10H39 et mis à jour à 12H20] L'ancien chef de gouvernement italien, Silvio Berlusconi, est mort a annoncé le Corriere della Sera, ce lundi. Le magnat des médias de 86 ans souffrait d'une leucémie chronique. Il avait été de nouveau hospitalisé à Milan vendredi pour des examens cliniques, trois semaines après avoir quitté l'hôpital San Raffaele où il avait été admis en avril pour une infection pulmonaire. Il avait multiplié les séjours à l'hôpital ces dernières années.

« L'immortel »

Surnommé « l'immortel » pour sa longévité en politique, l'octogénaire était l'un des hommes les plus riches de la péninsule avec une fortune évaluée par Forbes à 6,4 milliards d'euros.

Né le 29 septembre 1936, ce fils d'un employé de banque milanais a débuté son ascension à Milan (nord) dans le BTP avant de se lancer avec succès dans la télévision, inventant la TV paillettes des années 1980 qui fera sa fortune, lui permettant entre autres d'investir dans des clubs de foot, d'abord l'AC Milan puis l'AC Monza. Fan de football, Silvio Berlusconi a ainsi présidé pendant 31 ans l'AC Milan, qui a remporté cinq fois la Ligue des champions sous son ère, avant de vendre en avril 2017 à des investisseurs chinois.

Premier ministre pendant neuf ans

Entré en politique en 1994, année durant laquelle il crée Forza Italia, il devient chef du gouvernement à l'issue d'une campagne-éclair relayée par son empire médiatique, avant d'être lâché par ses alliés sept mois plus tard. Il revient au pouvoir en 2001 pour cinq ans, un record depuis l'après-guerre. Battu d'un cheveu en 2006, il prend sa revanche deux ans plus tard, s'installant aux commandes pour la troisième fois. Mais en novembre 2011, alors que l'Italie est en proie à une grave crise financière, il doit céder sa place. Toujours sans héritier politique, il ressurgit en 2013 sur la scène politique en raflant près d'un tiers des voix aux législatives. Il aura été, au total, Premier ministre durant neuf ans. Il est même réélu au Sénat en 2022.

2013 est également l'année de sa condamnation pour fraude fiscale. Il écope d'un an de prison (effectué sous forme de travaux d'intérêt général dans une maison pour personnes âgées), de six ans d'inéligibilité et d'une expulsion du Sénat. Il doit alors renoncer au titre de « chevalier de l'ordre du travail » qui lui avait valu d'être appelé « Il Cavaliere ».

De nombreux scandales

Allié de la cheffe du gouvernement d'extrême droite Giorgia Meloni, il l'a plusieurs fois mise dans l'embarras avec ses déclarations russophiles après l'invasion de l'Ukraine. Ami personnel de Vladimir Poutine, qu'il a reçu dans sa méga-villa en Sardaigne, il a rejeté plusieurs fois sur Kiev la responsabilité du conflit.

De son côté, son parti, Forza Italia, a suivi son lent déclin, passant de presque 30% des voix aux législatives de 2001 à 8% en 2022.

Silvio Berlusconi est aussi connu pour avoir été empêtré dans une myriade de procès liés à ses soirées « Bunga Bunga ». L'octogénaire devait d'ailleurs encore répondre d'accusations dans le procès dit du « Rubygate », du nom d'une mineure invitée à ces soirées et d'abord présentée faussement comme une nièce du président égyptien Hosni Moubarak. Acquitté pour prostitution de mineure, il était encore en procès pour subornation de témoin dans un volet de cette affaire.

Une personnalité toujours appréciée des Italiens

Silvio Berlusconi n'en demeurait pas moins populaire auprès des Italiens dans le coeur desquels il a gardé une place de choix. En témoigne l'hommage rendu par le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, qui s'est exprimé sur Twitter en déclarant que sa mort « laisse un grand vide ». « Je l'aimais beaucoup. Au revoir Silvio », a-t-il ajouté, témoignant d'« une grande, énorme douleur ».