Le cavalier seul du chancelier allemand vis-à-vis de la Chine agace de plus en plus les Européens

Olaf Scholz entame vendredi sa première visite diplomatique en Chine, où il rencontrera Xi Jinping. Son choix de se rendre seul à Pékin, sans autre dirigeant européen, et son approbation du rachat partiel du port d'Hambourg par le chinois Cosco interrogent Bruxelles qui cherche un front économique européen uni face à Pékin.
Le chancelier allemand Olaf Scholz.
Le chancelier allemand Olaf Scholz. (Crédits : Reuters)

La politique d'Olaf Scholz n'en finit plus de susciter l'incompréhension de ses partenaires européens, quand ce n'est pas leur colère sur le dossier chinois. Le chancelier allemand subit désormais les foudres de Bruxelles. Dans une interview à Reuters publiée lundi, le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton s'est étonné de voir Berlin accepter que l'armateur chinois Cosco mette la main sur 25% du port d'Hambourg, le premier d'Allemagne et le troisième d'Europe.

Alors qu'il possédait un droit de véto sur ce dossier de rachat, l'ancien maire d'Hambourg Olaf Scholz l'a approuvé et l'a encouragé. « Il faut que nous soyons extrêmement vigilants (...). Il est très important que les Etats (...) fassent évoluer leur comportement vis-à-vis de la Chine, dans un cadre beaucoup plus coordonné plutôt qu'individuel, comme la Chine évidemment ne cesse de vouloir le faire », a ainsi plaidé Thierry Breton dans une forme d'avertissement au chancelier qui se rend cette semaine à Pékin. « L'ère de la naïveté c'est terminé », a-t-il tranché.

Bruxelles cherche à durcir sa stratégie vis-à-vis de la Chine

Le commissaire européen s'agace d'autant plus de la politique d'Olaf Scholz que l'Union européenne voudrait durcir sa politique économique vis-à-vis de la Chine, qualifiée par la Commission de « partenaire, concurrent stratégique et rival systémique ». Cet attelage complexe de termes, parfois paradoxaux, dit la difficulté de trouver une ligne économique commune entre Européens vis-à-vis de Pékin. Les Européens se lassent de voir Pékin s'affranchir des règles de concurrence auxquelles se soumettent les entreprises européennes.

Bruxelles a même développé des « d'instruments autonomes » en ce sens : contrôle de l'origine des investissements dans l'UE, vérification du bilan carbone des marchandises importées, la nomination d'un procureur commercial, réciprocité dans l'accès aux marchés publics à l'étranger.

Mais à l'image du choix d'Olaf Scholz de soutenir le rachat partiel du port d'Hambourg par Cosco, les Européens ne se saisissent pas de ces outils. Outre-Rhin, le chancelier allemand veut maintenir ses relations économiques telles qu'elles existent, « as usual », avec la Chine. Malgré le durcissement du régime chinois, malgré les questions de souveraineté soulevées par le Covid, malgré la guerre économique assumée que se livre Washington et Pékin et malgré le risque de dépendance commerciale. La Chine s'impose comme le premier partenaire commercial de l'Allemagne, et 10% de ses échanges commerciaux.

La Chine, premier client de l'Allemagne

L'appétit d'ogre de l'économie chinoise absorbe en masse les voitures allemandes et autres exportations germaniques, notamment celles produites par son industrie lourde. Un débouché incontournable dont le chef du gouvernement allemand ne veut pas se priver alors qu'une récession se profile pour 2023.

Dans une coalition baroque qui réunit les libéraux, les écologistes et les sociaux-démocrates, la position d'Olaf Scholz sur la Chine ne fait pas l'unanimité. D'après les médias allemands, six des ministres du gouvernement se sont opposés à la cession du port d'Hambourg à Cosco, dont celui de l'Economie Robert Habeck, tout comme les services de renseignements.

Olaf Scholz a tenu bon et maintenu son soutien à l'entrée au capital de Cosco, une manière aussi de ne pas offenser Pékin à la veille de sa venue. Vendredi, Olaf Scholz emmènera dans ses bagages de nombreux industriels allemands en Chine mais pas son homologue Emmanuel Macron. Le président français avait pourtant proposé de l'accompagner.

(Avec agences)

Commentaires 18
à écrit le 10/11/2022 à 17:35
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la chine est comme le loup entrant dans la bergerie EUROPE !!!!!!!! et MACRON ? ............

à écrit le 03/11/2022 à 21:38
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Comme d'autres avant lui, il va voir son Maître.

à écrit le 03/11/2022 à 17:54
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Bonjour, l'Allemagne est un pays mercantile .... Elle a besoin de clients hors de notre union, La chine a toujours une zone d'exportation de leur marchandises... Maintenant cela ne doit pas être au détriment de notre union de des pays membres...

à écrit le 03/11/2022 à 12:34
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Il est pragmatique, la Chine achète beaucoup Allemand, il faut que ça continue voire se développe, pour le bien des industries et salariés allemands, voire de l'UE dans le sens où quand ça va mal en Allemagne, ça va mal partout (effet d'entrainement)...

à écrit le 03/11/2022 à 10:23
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"Un siècle chinois" de Jean Tuan (C.L.C. Éditions) est une lecture incontournable pour ceux que la Chine intéresse. Il fait découvrir l'évolution de la Chine à travers le parcours du père de l'auteur. Chinois arrivé en France en 1929, il exercera le ...

à écrit le 03/11/2022 à 8:26
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Macron a proposé de l'accompagner ... pour lui porter les valises? L'europe est en état de mort cérébrale , il est urgent de nous saisir de nos intérêts nationaux.

à écrit le 03/11/2022 à 5:30
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Le Chancelier allemand s'occupe en priorité des intérêts de l'Allemagne, et n'est pas obnubilé par une "souveraineté européenne" à la Macron qui n'est qu'une vue idéologique évanescente, et, dans les rares cas où elle voit un début d'existence, n'est...

à écrit le 03/11/2022 à 4:56
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L'Allemagne a toujours fait cavalier seul et défendu ses seuls propres intérêts en exploitant toutes les ficelles tendues par 'Europe pour y parvenir et gagner encore plus. L'Allemagne n'a jamais été européenne politiquement, les allemands oui. L'All...

le 03/11/2022 à 7:24
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cela fait plus de vingt ans que l'allemagne tire profit de l'europe et que personne ne dit rien sur tout les sujets l'allemagne a obtenue des derogations et a imposer sa rigeur monétaire quitte a mettre en faillite certain etats et maintenants ...

à écrit le 02/11/2022 à 23:20
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Olaf a raison d'y aller seul. Pourquoi s'enquiquiner avec un roquet comme macron

le 03/11/2022 à 3:05
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Exact et les 2 n'ont pas les mêmes objectifs

à écrit le 02/11/2022 à 22:44
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les allemands sont les plus forts de l'Europe, ils s'en fou des autres.

à écrit le 02/11/2022 à 20:01
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L'Allemagne le pays le moins hypocrite de l'Europe. Il cherche toutes les solutions économiques pour sauver leur pays . C'est pas comme certains qui continuent à acheter du gaz russes au prix fort ou à taxer à donf l'essence alors que le baril de bru...

le 02/11/2022 à 20:29
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L' Allemagne peut-être mais pas le Bundestag qui est en train de voter la pénalisation de ses opposants covid et Ukraine et où un Scholz apparait pour les allemands les plus ..avertis comme l' opérationnel de l' état profond u...

le 02/11/2022 à 20:35
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les carburants sont à combien en Allemagne qui ne 'surtaxe' pas du tout ? La dernière fois que je suis redescendu de Suède, j'ai payé le gazole plus cher en Allemagne qu'en France au retour (peut-être aussi la distance des raffineries, vers Hamburg j...

à écrit le 02/11/2022 à 18:18
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L"Allemagne à une nouvelle fois tout faux. L'Allemagne en plus d,'être l'homme malade de l'Europe est désormais un 🖲 boulet prêt à sacrifier la cohérence européenne pour préserver ses intérêts en Chine. Certes, elle n'a pas trop le choix vu que se...

à écrit le 02/11/2022 à 18:13
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Clairement, nous devons cesser énergiquement d'acheter les productions allemandes qui de toute façon sont majoritairement construites avec des composants importés de chine ; l'allemagne et la chine fiancent massivement l'armement sanguinaire de la po...

le 02/11/2022 à 18:26
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C est clair mais dites le aux csp/ csp+ français pour qui produits allemands signifient statut / prestige social d’un autre temps … c est pas l ouvrier / employé français qui va acheter Mercedes Audi thermomix et autres au prix où s est vendu … ...

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