
C'est une première en vingt ans : la demande des crédits d'entreprises a atteint son « plus bas [niveau] depuis le début de l'indicateur », en 2003. La baisse a été « nettement plus forte que prévu par les banques » au deuxième trimestre relève la Banque centrale européenne (BCE) dans son enquête trimestrielle sur le crédit bancaire, publiée ce mardi 25 juillet.
La différence entre le pourcentage de banques ayant répondu que la demande de prêts a augmenté et celles ayant répondu qu'elle a diminué a atteint la valeur record de 42%, après 38% au premier trimestre.
Même tendance attendue au troisième trimestre
Les banques sondées ont également fait état d'une forte baisse nette de la demande de prêts au logement, quoique moins prononcée que lors des trimestres précédents, dans un contexte où les ménages rechignent à investir dans la pierre. La demande de crédit à la consommation a aussi été en berne, alors que le climat de confiance est bas. Pour ces deux catégories de crédits le troisième trimestre en cours devrait voir la tendance se poursuivre, selon la BCE.
D'avril à juin les critères d'approbation des prêts et lignes de crédit aux entreprises et aux ménages se sont durcis à nouveau, ajoute l'enquête.
Pour le troisième trimestre 2023, les banques s'attendent à une nouvelle baisse nette de la demande de prêts aux entreprises, mais « beaucoup plus faible qu'au deuxième trimestre ». Elles anticipent également un nouveau durcissement des conditions de crédit.
Le poids de la hausse des taux
La hausse des taux d'intérêt et la baisse des besoins de financement des investissements fixes « ont été les principaux moteurs de la baisse de la demande de prêts », constate la BCE dans ce document qui tombe deux jours avant sa prochaine réunion de politique monétaire. Cette dernière doit d'ailleurs déboucher sur une nouvelle hausse des taux directeur, en dépit de la grogne dans certains pays contre le risque d'affaiblir l'économie.
« Pratiquement tout le monde s'attend à une augmentation de 0,25 point de pourcentage », comme en juin, a déclaré Joachim Nagel, directeur de l'influente banque centrale allemande, la semaine dernière.
Cette politique renchérit le coût auquel entreprises et ménages empruntent. La hausse des taux d'intérêt a représenté 4,0 points de pourcentage en cumul depuis un an. Cela doit amener une baisse de la demande et donc de l'activité économique. L'espoir de la BCE est que cela réduise la capacité des entreprises et commerces à augmenter les prix, tout en modérant les revendications salariales, et donc in fine l'inflation. Cette dernière s'est encore élevée à +6,9% en juin dans la zone euro, bien au-delà de l'objectif de +2% fixé par la BCE
(Avec AFP)
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