Me Jean Veil : "J'ai détesté cette audience"

La dixième journée du procès en appel de Jérôme Kerviel a commencé ce lundi 25 juin avec les plaidoiries. La présidente de la Cour, qui n'a jusque là pas ménagé l'ancien trader, condamné le 5 octobre 2010 à cinq ans de prison, dont trois fermes, ainsi qu'à 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts, entend aujourd'hui les plaidoiries des parties civiles.
Maître Jean Veil, avocat de Société Général - Copyright AFP

Jérome Kerviel est sous le coup de trois chefs d'accusation : abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé, faux et usage de faux. Son procès en appel a commencé lundi 4 juin. Suivez en direct la huitième journée d'audience couverte par notre journaliste Laura Fort, avec les clés pour comprendre le procès. Retrouvez le compte-rendu de la première journée d'audience, le compte-rendu de la deuxième journée d'audience, le compte-rendu de la troisième journée d'audience, le compte-rendu de la quatrième journée d'audience, le compte-rendu de la cinquième journée d'audience, le compte-rendu de la sixième journée d'audience, le compte-rendu de la septième journée d'audience, le compte-rendu de la huitième journée d'audience et le compte-rendu de la neuvième journée d'audience.

Lundi 25 juin

16h45. L'audience est levée. Rendez-vous mercredi 27 juin matin pour le réquisitoire de l'avocat général.

 

16h00. "J'ai détesté cette audience"

Dernière plaidoirie, celle de Me Jean Veil, avocat de Société Générale aux côtés de Mes Reinhart et Martineau, qui aura par conséquent le dernier mot aujourd'hui.
Il commence par égratigner les avocats des salariés épargnants et des petits actionnaires, qui se sont, selon lui, montrés davantage des avocats de la défense que des avocats de la partie civile.
Puis il relit une grande partie du jugement de première instance, qui mentionne certains éléments du profil de l'ancien trader. "Voilà comment a jugé le tribunal. Franchement, il n'y a rien de nouveau. Je comprends que ce jugement ait déplu à J. Kerviel. Non seulement il a fait appel mais il a déposé plainte devant le Conseil de la magistrature. La défense de J. Kerviel a voulu nous empêcher de parler, en nous imposant des circonlocutions sémantiques pour nous éviter de parler de fraude, de faux. Voilà le monde dans lequel nous avons vécu et j'ai détesté cette audience. Lorsque l'on n'a pas d'arguments, on est tenté de privilégier le bruit au détriment de la démonstration.
Je voudrais dire un mot du mobile. Le mobile, c'est le lucre, c'est l'argent.
Pourquoi est-ce que M. Kerviel, dont les valeurs sont si éloignées de l'argent, a voulu faire un résultat qui excède ce qu'il aurait pu faire avec des opérations normales ? Et puis si JK n'a pas besoin d'argent, son frère, Olivier, en a besoin de beaucoup. Il a été licencié par BNP pour avoir détourné 100 000 euros. C'est bien d'aider son frère, mais c'est mieux de l'aider avec son propre argent.
La Société Générale souffre deux préjudices : un préjudice financier qui résulte des opérations de débouclage dont le montant a été arrêté, vérifié et confirmé. Ce montant est d'environ 6,3 milliards. Le préjudice est égal à ce montant diminué du profit occulte de 1,4 milliard réalisé par J. Kerviel en décembre 2007. On nous oppose dans cette affaire des arguments fiscaux.
Mais la plainte pour escroquerie au jugement ne saurait prospérer, tout comme celle de faux et usage de faux déposée par J. Kerviel sur le trucage des enregistrements. Ces plaintes étaient des leurres. Les dommages et intérêts ne sont jamais calculés après abattement fiscal.
Au-delà de ce préjudice financer, nous avons un préjudice d'image ou de réputation. Nous le fusionnons avec les dommages et intérêts du préjudice financier."
Quelques minutes plus tard : "Je n'ai pas aimé ce que J. Kerviel vous a dit lorsque vous lui avez demandé "Qui êtes-vous M. Kerviel ?" Il avait manifestement préparé et appris son discours. Vous êtes demeuré taisant, reprochant presque à la banque de vous avoir promu trader. Vous avez déclaré avoir aimé la Société Générale, une seconde famille, mais tout le dossier démontre le contraire.
L'affaire J. Kerviel n'est ni un symptôme ni un stigmate de la crise financière, c'est l'histoire lamentable d'un rogue trader."

 

Lire la suite...
 

Et retrouvez notre dossier spécial sur l'affaire Kerviel, les clés pour comprendre le procès (noms, définitions), les analyses de Valérie Segond et de François Lenglet après le verdict de 2010, ce que sont devenus les protagonistes de l'affaire, les plaintes déposées par Me David Koubbi (avocat de Jérôme Kerviel) et par Me Jean Veil (avocat de Société Générale), le témoignage de l'ancienne conseillère en communication de Jérôme Kerviel, et le contexte politique dans lequel s'inscrit le procès.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 11
à écrit le 26/06/2012 à 19:10
Signaler
Arrêtez de défendre comme d'habitude, le coupable. Kerviel a trompé tt le monde, sans scrupules, pour son profit seul. Attendons la fin du procès, mais faisons confiance à la justice qui défend aussi les petits porteurs et les petites gens qui se son...

le 27/06/2012 à 2:25
Signaler
A ce propos, les avocats des "petits porteurs et des petites gens" ont été clairs : ils demandent la reconnaissance de la responsabilité DE CHACUN (faut-il une traduction pour vous ?)...croire que le coupable n'est qu'un seul homme va bien pour les s...

à écrit le 26/06/2012 à 15:34
Signaler
Nous aussi nous avons détesté cette audience !! L'indignation et la détestation ne sont pas le privilège des " puissants " . nous sommes indignés quand la Société Générale plaide l'abus de faiblesse , montrant du doigt ce galeux qui aurait s...

le 26/06/2012 à 16:14
Signaler
ouhlalala vous êtes bien exigeant avec des manageurs et des banquiers... vous voulez leur donner la migraine ? laissez les tranquillement encaisser leurs petites indemnités.

à écrit le 26/06/2012 à 13:22
Signaler
Quelque soit la décision, l'avenir de la SoGé dans la crise démontrera que ses positions ont toujours été et sont mauvaises et que la direction ne pouvait pas les connaitre... D'ailleurs, comment croire qu'une filiale passe 50 milliards d'ordre pour ...

à écrit le 26/06/2012 à 12:32
Signaler
Simulacre et hypocrisie collective sont les mots qui me viennent à l'esprit. Plus de la moitié des entreprises "habillent" leurs comptes le tout sous le couvert d'un contrôle des commissaires aux comptes. Rémunérés par ces même entreprises, ils n'ont...

à écrit le 26/06/2012 à 10:23
Signaler
personne ne peut croire à la seule responsabilité de JK dans cette affaire. les dirigeants de la SG sont soit hypocrites, soit incompétents, masi dans les deux cas ils méritent des sanctions.

à écrit le 25/06/2012 à 22:43
Signaler
Le plus surprenant dans cette affaire est que , seul , JK ait ete puni par la justice . C'est ce qui est incomprehensible . Si JK est effectivement coupable , il ne peut l'etre seul . Il faudrait etre stupide pour imaginer que JK investissait ces som...

à écrit le 25/06/2012 à 19:30
Signaler
Il s'agit d'un coup de poker +5M ou -5M Pile ou face ? Face -5M. La bourse et le trading, l'économie se jouent parfois à un centième de seconde et la il a bénéficié d'un centieme de seconde pour refléchir au risque. On en parle car il a perdu sa mai...

à écrit le 25/06/2012 à 17:58
Signaler
Bouton, le PDG de Société générale, semble avoir oublié ses casseroles avec l'affaire du Sentier II dont il s'est sorti, lui, étrangement bien en passant entre les gouttes avant de partir avec un parachute doré .............. Il faudra faire tomber t...

le 26/06/2012 à 11:11
Signaler
que l on le veuille ou non ! c est l affaire bouton plus que kerviel !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.