Le blues des directeurs financiers

Près de 60% des directeurs financiers de grandes entreprises françaises interrogés par le cabinet Deloitte se disent plus pessimistes qu'il y a six mois, au sujet des perspectives économiques de la France. Leur priorité va donc aux réductions de coûts et à la recherche de cash. Loin, très loin des opérations de fusions et acquisitions ou des augmentations de dividendes.
Dans le secteur bancaire, 70% des directeurs financiers se disent plus pessimistes aujourd'hui qu'il y a six mois. Cette proportion était de 30% en septembre. Copyright Reuters

« Nous sommes le pays le plus pessimiste du monde », constatait Louis Gallois, la semaine dernière, lors de la conférence annuelle de l'Afic (Association française des investisseurs pour la croissance). L'enquête publiée ce lundi par Deloitte fait écho aux propos du commissaire général à l'investissement : 57% des directeurs financiers de grandes entreprises françaises interrogés par le cabinet de conseil en stratégie s'avouent plus pessimistes encore qu'il y a six mois, au sujet des perspectives économiques de la France.

L'industrie broie du noir

Cette proportion grimpe à 90% dans l'industrie, un secteur qui a perdu 122.000 postes depuis le début de la crise économique, en 2009. Mais les « DAF » (directeurs administratifs et financiers) du secteur de la finance ne sont pas en reste, 70% d'entre eux se déclarant moins optimistes qu'ils ne l'étaient six mois plus tôt. Ce ratio était de 30% seulement en septembre. « Les dates d'entrée en vigueur des nouvelles réglementations bancaires, à commencer par Bâle III [une norme relative au renforcement des fonds propres des banques ; Ndlr], ne cessent de changer. Ce qui rend encore plus compliqué l'adaptation des banques à cette nouvelle donne réglementaire », analyse Valérie Flament, associée chez Deloitte.

« Cash is king »

Conséquence de ce pessimisme grandissant, les directeurs financiers serrent la vis comme jamais. Au diable les fusions et acquisitions, les augmentations de dividendes ou les rachats d'actions! Ces largesses sont bonnes pour les périodes fastes. Aujourd'hui, en pleine récession, 68% des DAF de France ont pour priorité stratégique les réductions de coûts. Et, du côté du bilan, leur nouveau mantra est « cash is king. » « Les contraintes de financement des entreprises ont développé une véritable culture du cash au sein de leurs directions financières. Lesquelles recherchent toutes les sources de trésorerie « cachées », en travaillant sur l'optimisation du besoin en fonds de roulement », précise Katia Ruet, directeur chez Deloitte.

Trouver de nouvelles sources de financement

Si les DAF font ainsi la chasse aux liquidités, c'est parce que près de la moitié d'entre eux (49%) n'observent pas de détente en matière d'accès au crédit bancaire. Ce qui les conduits à étudier de nouvelles solutions de financement, comme l'émission d'obligations et les placements privés auprès d'investisseurs institutionnels. Pour lever de l'argent, « les directeurs financiers se tournent de plus en plus vers les sociétés de capital-investissement et les hedge funds (fonds spéculatifs), ceux-ci n'étant pas soumis à la future réglementation de Bâle III [qui obligera les banques à détenir davantage de fonds propres en face de leurs engagements jugés risqués ; Ndlr] », explicite Katia Ruet.

Autant d'évolutions qui rendent moins simple que jamais leur métier. A tel point que 57% des DAF français peinent à recruter les compétences dont ils ont besoin, selon une récente enquête réalisée par le cabinet de recrutement Robert Half. Enfin une bonne nouvelle, dans la profession...
 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 23/04/2013 à 12:02
Signaler
extrêmement bien payés, ces directeurs financiers sont totalement formatés par le système de pensée des entreprises et ne sont plus capables de penser autrement, de faire des propositions créatives. la réduction des coûts dans les entreprises est trè...

à écrit le 22/04/2013 à 21:58
Signaler
Merci qui ? Merci papy PS !!!!!

à écrit le 22/04/2013 à 21:07
Signaler
Les Contrôleurs de gestion ont un rôle important à jouer dans cette période difficile. Les entreprises devraient leur donner plus de pouvoir.

à écrit le 22/04/2013 à 17:17
Signaler
Les programmes de réductions de coût et la montée en puissance des directions des achats sont une constante depuis 2008. Ce qui est nouveau, mais lent, c'est de se fiancer directement sur le marché, comme aux USA. Les banques perdent peu à peu ce mar...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.