La fintech Mansa veut mettre fin au casse-tête du crédit pour les freelances

Créée par trois entrepreneurs de 19, 20 et 25 ans, la jeune startup a l'ambition de faciliter l'accès au crédit aux travailleurs indépendants et aux professions libérales grâce à un nouveau modèle de scoring. La Fintech, qui emploie une dizaine de salariés, s'est associée à Ditto Bank pour lancer son activité et vient de lever 2 millions d'euros.
Juliette Raynal
(Crédits : Mansa)

Dans l'univers des startups de la finance, que l'on appelle les Fintech, les entrepreneur(e)s comptent souvent plusieurs années d'expérience en banque, assurance ou autre société financière. Une étape précieuse, voire indispensable, pour se familiariser avec les codes du secteur et ingurgiter la quantité faramineuse d'informations réglementaires qui l'encadrent. Ce n'est pas le cas d'Ali Rami. A tout juste 19 ans, et après un passage éclair à Sciences Po (où il n'est resté qu'une année), Ali Rami a créé Mansa, une jeune pousse qui entend simplifier l'accès aux crédits pour les travailleurs indépendants et les professions libérales et dont le lancement est prévu d'ici à la fin de cette année.

Les deux autres cofondateurs de la startup ne sont pas beaucoup plus vieux : Benjamin Cambier, en charge des opérations, a 20 ans tandis que Rémy Tinco, le directeur technique, en a 25. Malgré leur jeune âge, les trois cofondateurs ont déjà réussi à séduire plusieurs investisseurs. Accompagnée par l'incubateur The Family, Mansa vient de lever 2 millions d'euros auprès de Founders Future, le fonds d'investissement du serial entrepreneur Marc Menasé (Nextedia, Mensquare, Meninvest), et de plusieurs business angels dont le PDG d'Havas Yannick Bolloré, Mathieu Laine (entrepreneur et professeur à Sciences Po), Guillaume Lestrade (cofondateur de Meero, pépite technologique française spécialisée dans la retouche photo, et de la startup Leeto spécialisée dans les avantages pour les salariés), ou encore Joan Burkovic (fondateur de la Fintech Bankin).

 --

Mansa

[Les trois cofondateurs de la Fintech Mansa, de gauche à droite : Benjamin Cambier (20 ans), Ali Rami (19 ans) et Rémy Tinco (25 ans)] @Ulysse Guttmann Faure

--

Comment un jeune étudiant peut-il se prendre de passion pour un projet bancaire ?

"Mansa n'est pas ma première expérience entrepreneuriale. J'ai d'abord créé DailyVocab à 16 ans. C'est un logiciel de synthèse de la presse britannique dédié aux élèves et étudiants préparant le concours d'entrée de Sciences Po. Il compte 10.000 utilisateurs. Mais ça n'avait pas suffisamment d'impact, ce n'était pas assez fort. Je cherchais un projet qui était au cœur des préoccupations des gens et me suis intéressé aux crédits à la consommation et aux problématiques des découverts bancaires", raconte Ali Rami.

Repenser le modèle de scoring

"Aujourd'hui, le modèle de risque sur lequel s'appuient les banques est un modèle qui a été créé et adapté pour le mode de travail dominant : c'est-à-dire le salariat. Les banques exigent donc des fiches de paie, des revenus récurrents et provenant d'une source unique. Ce que ne peuvent pas apporter les travailleurs indépendants", poursuit-il.

Or, de plus en plus de jeunes diplômés aspirent à des carrières plus flexibles, assure l'entrepreneur appartenant à cette même génération. En France, on dénombre aujourd'hui quelque 930.000 freelances, contre 700.000 il y a cinq ans, selon les derniers chiffres publiés par Eurostat. C'est plus de 9 millions de personnes à l'échelle de l'Union européenne.

Pour répondre aux besoins de ces travailleurs indépendants de plus en plus nombreux, la Fintech a développé un nouveau modèle de scoring capable, selon les affirmations de Mansa, d'anticiper le montant et la régularité de leurs revenus grâce à l'analyse de leur historique bancaire. L'ensemble du parcours s'effectue en ligne. Mansa utilise ainsi une technologie (API Bridge) de la Fintech Bankin pour se connecter aux différents comptes bancaires de l'emprunteur. L'étape du KYC (qui consiste à vérifier l'identité de l'emprunteur) est réalisée à distance grâce à la technologie de la startup britannique Onfido et la signature du contrat est réalisée grâce à la startup spécialisée Yousign. Mansa promet ainsi une réponse en 10 minutes et un déblocage des fonds en l'espace de 48 heures.

Une autre Fintech comme partenaire bancaire

La jeune Fintech entend proposer des prêts allant de 500 à 10.000 euros sur des périodes de 3 à 18 mois avec un taux d'intérêt oscillant entre 2 et 6%. "L'objectif est de permettre aux travailleurs indépendants de financer des projets personnels, comme des travaux, l'achat d'une voiture, mais aussi liés à leur activité comme l'achat d'une nouvelle licence ou d'un nouvel ordinateur pour un designer", indique l'entrepreneur.

Pour lancer son produit le plus rapidement possible sur le marché, Mansa, qui emploie une dizaine de salariés, s'est associée à Ditto Bank, une autre Fintech née au sein du britannique Travelex, qui détient un agrément d'établissement de crédit. Mansa opère ainsi seulement en tant que courtier et a déposé son dossier auprès de l'Orias, l'organisation qui répertorie les intermédiaires en banque, assurance et finance.

"C'est Ditto qui apporte les fonds et porte les risques. En revanche, elle utilisera notre modèle de scoring et l'offre sera commercialisée sous la marque Mansa", précise Ali Rami.

Environ 3.000 pré-demandes de crédit

Pour se faire connaître auprès de freelances, Mansa a noué des partenariats avec des plateformes rassemblant de larges communautés de travailleurs indépendants comme l'application de VTC Kapten, qui compte entre 20 et 30.000 chauffeurs partenaires. Des discussions sont également en cours avec Meero qui met en relation entreprises et photographes indépendants, avec Comet, une plateforme pour les freelances IT, ou encore avec la Sacem qui reverse des droits à près de 150.000 auteurs.

A quelques semaines de son lancement, Mansa assure avoir déjà enregistré 3.000 pré-demandes de crédit. Lors de sa première année d'activité, elle espère en octroyer environ 20.000.

"Nous souhaitons faire du crédit responsable. L'idée n'est pas de prêter à des personnes qui n'ont pas la capacité de rembourser", précise Ali Rami.

La Fintech entend se lancer dans un autre pays européen à court terme et prévoit de relever des fonds courant 2020. Comme toutes les jeunes startups du monde de la finance, Mansa devra gagner en notoriété et instaurer une relation de confiance auprès des utilisateurs pour atteindre une masse critique, tout en maîtrisant ses coûts d'acquisition. Un véritable challenge.

Juliette Raynal

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.