Comment la startup Malt prend le large sur le marché du recrutement des freelances

Première place de marché française pour la mise en relation entre freelances et entreprises, la startup parisienne Malt revendique travailler avec 75% du CAC 40. Une nouvelle levée de fonds de 25 millions d’euros pourrait lui permettre de devenir un leader européen.
Sylvain Rolland
Pour Vincent Huguet, le marché BtoB du « staffing » pour les profils tech hyper-qualifiés, estimé à 300 milliards d'euros en Europe, n'en est qu'à ses débuts.
Pour Vincent Huguet, le marché BtoB du « staffing » pour les profils tech hyper-qualifiés, estimé à 300 milliards d'euros en Europe, n'en est qu'à ses débuts. (Crédits : DR)

Aucune barrière technologique à l'entrée et des concurrents à foison n'entravent pas la progression de Malt. La startup parisienne, première marketplace pour la mise en relation entre les freelances du numérique et les entreprises, annonce ce jeudi 14 février le succès d'un solide troisième tour de table, d'un montant de 25 millions d'euros, ce qui porte à 32 millions le total des fonds levés depuis sa création en 2013. Le tour de financement est mené par le fonds Idinvest Partners, tandis que les investisseurs historiques ISAI et Serena remettent au pot.

« On a inversé le système »

Fondée par Vincent Huguet et Hugo Lassiège, Malt chasse sur les plates-bandes des cabinets de recrutement et de consulting (SSII, brokers, agences), pour connecter les freelances du numérique (développeurs, graphistes...), qui seraient 930.000 en France, avec leurs clients, c'est-à-dire des entreprises de toutes tailles, de la startup au grand groupe.

« Notre succès vient du fait qu'on a su inverser le système et intégrer les codes des sites de rencontre dans le recrutement", estime le CEO, Vincent Huguet. Pour séduire les freelances, qui ne paient pas pour figurer sur la plateforme, Malt mise sur l'effet de réseau et sur la sécurité :

« Malt valorise le travail des freelances, leur permet de diversifier leurs missions et de gagner en notoriété et en compétence, tout en sécurisant leur activité. Plutôt que de mettre les freelances en compétition, on leur offre une plateforme pour monter en compétence et en notoriété, et l'opportunité d'intégrer une communauté dynamique dans chaque ville où nous sommes présents », ajoute-t-il.

La startup vise aussi à limiter les impayés, un problème qu'ont rencontré de nombreux freelances. Le client doit provisionner la mission demandée, ce qui permet à la startup de rémunérer l'entrepreneur sous 48 heures et de se verser une commission. Le système permet aussi aux freelances de développer leur réputation grâce aux recommandations de fin de mission laissées par leurs clients. Enfin, Malt fournit aussi une protection sociale, via un partenariat avec Axa sous la forme d'une assurance en cas d'arrêt de travail, d'incapacité ou de décès. Des modules de formation sont aussi possibles suite à un autre partenariat avec la startup Openclassrooms.

De leur côté, les entreprises ont accès à un dossier complet sur le freelance, avec des références et des avis, et peuvent affiner leur recherche de prestataire avec des critères très précis, grâce à un algorithme de mise en relation fondé sur les compétences, la disponibilité et la proximité géographique. La startup revendique 3.500 nouveaux inscrits par mois et est présente dans les grands bassins d'emplois en France, et depuis l'an dernier en Espagne.

Devenir un leader européen

Depuis 2013, 100.000 freelances ont travaillé avec plus de 15.000 clients, de la startup à l'ETI en passant par le grand groupe, comme GRTgaz, Essilor, Accorhotels, Société Générale, EDF, Le Bon Coin ou encore BlablaCar. Quelque 3.500 nouveaux indépendants s'inscriraient tous les mois sur la plateforme.

Pour Vincent Huguet, le marché BtoB du « staffing » pour les profils tech hyper-qualifiés, estimé à 300 milliards d'euros en Europe, n'en est qu'à ses débuts.

« Nous sommes arrivés au point d'inflexion où les meilleurs experts travaillent désormais avec le statut de freelance car ils ne veulent plus s'enchaîner à une seule entreprise. Les grands groupes, qui peinent à attirer ces talents, doivent s'adapter à cette nouvelle réalité dans un contexte de pénurie. Il en va de leur capacité à continuer à innover », déclare le cofondateur de la startup.

Les 25 millions d'euros levés devraient permettre à Malt d'intensifier son développement en Europe en accélérant sur le marché espagnol et en attaquant d'autres pays comme l'Allemagne et les Pays-Bas, afin de devenir, à horizon dix ans, un leader européen présent dans une dizaine de pays. La startup souhaite aussi accélérer son déploiement au sein des grands groupes.

Sylvain Rolland

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