Caisse des dépôts : "La transition doit être écologique mais aussi sociale" (Eric Lombard)

Sur les 100 milliards d'euros dédiés à la relance économique, 26 milliards seront apportés par la Caisse des dépôts et consignations (CDC), bras financier de l'Etat, dont le directeur général Eric Lombard évoque une transition "sociale" en plus d'être écologique.
Eric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC).
Eric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). (Crédits : Charles Platiau)

Quelques actions présentées aujourd'hui ont été annoncées au printemps comme la construction de 40.000 logements nouveaux. Quels montants ont déjà été investis?

ÉRIC LOMBARD - Ce plan a été construit pendant le confinement, finalisé au mois de juin en interaction avec les pouvoirs publics, notamment avec le ministre de l'Economie et des finances, et validé par notre gouvernance au mois de juillet. Et là, nous sommes le 7 septembre. Il n'y a pas beaucoup d'institutions qui peuvent mobiliser 26 milliards en trois mois. Mais c'est parti, nous avons déjà signé des accords: sur les 40.000 logements nouveaux que nous allons construire, on a déjà contractualisé avec les promoteurs pour 30.000 logements. Mais vous dire aujourd'hui combien d'argent sur ces 26 milliards ont été dépensés, c'est un peu prématuré. Même si nous allons avoir un suivi très attentif de l'effet de ce que nous faisons.

La Caisse des dépôts va intensifier ses investissements habituels. Quid des territoires fragiles ou de villes, comme Marseille, où la qualité du logement est parfois dégradée?

Il y a une massification, on va passer de 4 à 10 milliards par an d'investissement sur les deux ans à venir. Il y a aussi un recentrage vers ces priorités c'est-à-dire que les 4 milliards d'investissement prévus étaient sur des cibles assez diversifiées. Compte tenu de la crise, on a recentré sur ces priorités que sont la priorité écologique, le logement, etc.

Donc cela fait une sorte de double effet, +150% en montant, mais recentré sur nos missions essentielles comme l'équilibre des territoires, c'est d'ailleurs pour cela que l'on a créé il y a deux ans la Banque des territoires. Donc on va être très impliqué notamment dans les villes moyennes, dans les bourgs ayant une fonction de centralité, dans les quartiers parce que c'est là où on a besoin d'argent public.

On fait beaucoup d'activité en rénovation de copropriété dégradée, ce qui demande beaucoup de temps, d'argent, d'énergie. Cela vise des endroits comme Marseille où il y a eu malheureusement un exemple typique d'une copropriété tellement dégradée qu'elle s'est effondrée. Cela concerne aussi (l'extension de la couverture) en très haut débit. On va vraiment veiller à ce que ces sommes arrivent de façon plus équilibrée sur les territoires. Au-delà des 40.000 logements dont on parle, il y en a 130.000 que l'on va financer au travers des opérateurs de logement social et cela c'est pour que la rénovation des quartiers s'accélère elle aussi.

La polémique sur les contreparties enfle. Quelles conditions allez-vous fixer à vos investissements ?

Il y a trois segments sur lesquels la contrepartie est évidente puisqu'elle est dans le projet. C'est tout ce que l'on va faire qui représente des montants importants en transition écologique. C'est par définition les mobilités douces, la rénovation thermique, les bornes électriques... Tout cela, c'est de la transition écologique dès le départ. C'est aussi ce que l'on va faire en matière de logement, ce sera soit de la réhabilitation, soit des logements de la plus haute qualité environnementale. Donc là, la transition écologique à nouveau est dans le projet. Troisièmement, dans la cohésion sociale notamment tout ce qui est construction, rénovation d'Ehpad [établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, Ndlr]. On va construire des Ephad selon les méthodes de construction durables.

Donc la question des contreparties se pose dans ce que nous faisons en matière d'entreprises.

Sur tout notre portefeuille d'investissements, on a une politique d'exclusion carbone extrêmement stricte. On considère véritablement que notre rôle d'investisseur institutionnel c'est d'accélérer la transition écologique en ne finançant pas tout ce qui est carboné ou alors le cas échéant en accompagnant les entreprises dans leur décarbonation.

Outre l'aspect écologique, êtes-vous regardant en termes de créations d'emplois?

Bien sûr. On est très investis notamment au travers de "territoires d'industries" (stratégie gouvernementale de reconquête industrielle annoncée fin 2018, NDLR) dans la bataille pour la réindustrialisation du pays. L'industrie crée des emplois et autour d'elle, des services créent d'autres emplois. Là je parle de la façon offensive en créant de nouvelles entreprises. Et puis il y a une vision défensive. Si on aide les entreprises à franchir cette crise, cela protège l'emploi existant. Tout ce plan doit être une façon d'accélérer la transition de notre économie et celle-ci n'est pas seulement écologique, elle est aussi sociale.

Propos recueillis par Carole Guirado, AFP

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Commentaire 1
à écrit le 07/09/2020 à 15:51
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"Cela vise des endroits comme Marseille où il y a eu malheureusement un exemple typique d'une copropriété tellement dégradée qu'elle s'est effondrée. Cela concerne aussi (l'extension de la couverture) en très haut débit." La vache, entre ces deux...

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