Veolia sous le signe de la co-construction

Le leader mondial des services à l'environnement poursuit sa réorganisation et mise sur les partenariats pour son plan de croissance 2016-2018.
Dominique Pialot
« Dans une grande organisation comme la nôtre, comprendre l'intérêt de devenir copropriétaire, voire utilisateur de certains savoir-faire peut prendre du temps », indique Antoine Frérot, PDG de Veolia.

La mode est à l'innovation ouverte. Pas un grand groupe aujourd'hui qui ne prenne de participations dans de jeunes pousses, dispose d'un incubateur maison ou rachète les startups qui lui permettront de tester de nouvelles niches parmi lesquelles il espère trouver des relais de croissance. Avec son VIA (Veolia innovation accelerator) lancé en 2010, Veolia figurait parmi les pionniers de cette démarche. Depuis, près d'un millier de porteurs de projets ont approché le géant des services à l'environnement, qui a noué des accords avec une vingtaine d'entre eux.

Mais c'est sur des collaborations bien plus nombreuses et diverses que le groupe mise aujourd'hui pour poursuivre sa croissance et ré-équilibrer ses activités vers une clientèle de plus en plus industrielle et de moins en moins européenne. Les villes et collectivités ne représentent déjà plus que 56% des quelque 25 milliards de chiffre d'affaires (estimé pour 2015) du groupe, qui table sur une croissance annuelle de 2 à 3% pour les trois prochaines années.

 S'allier pour commercialiser plus rapidement de nouvelles offres

Outre quelques acquisitions destinées à lui permettre de s'implanter dans certaines régions du monde ou à étendre sa palette de savoir-faire, comme il vient de le faire avec le spécialiste du traitement des déchets faiblement radioactifs Kurion, c'est avant tout une politique de partenariats que déploie Veolia. Une pratique qui « permet d'effectuer des mises sur le marché de produits et services plus rapides, moins coûteuses et plus fréquentes », détaille son PDG Antoine Frérot.

Dans un monde plus ouvert, où l'information circule de plus en plus rapidement, les opportunités de travail collectif se multiplient. « Il n'est pas nécessaire de détenir tous les savoir-faire pour produire chez soi, affirme-t-il encore. Ce qui importe c'est de pouvoir les combiner afin de les commercialiser le plus rapidement possible. » Et de citer en exemples Nespresso avec des fabricants de machines à café, Renault et Matra unis pour donner naissance à l'Espace, le Concorde co-créé par Sud Aviation et British Aircraft Corporation ou encore General Electric et Safran alliés dans les moteurs d'avion. Qui dit partenariats dit plus d'idées et moins de risques, mais implique aussi de définir des règles claires de partage de la propriété et des résultats.

 De l'économie circulaire à la résilience des villes

Mais c'est probablement en interne que la généralisation de ce mode de fonctionnement est la plus délicate. « Dans une grande  organisation comme la nôtre, comprendre l'intérêt de devenir copropriétaire, voire utilisateur de certains savoir-faire peut prendre du temps », reconnaît Antoine Frérot.

Plusieurs expériences ont néanmoins déjà vu le jour, notamment dans le domaine de l'économie circulaire A Castorama, qui lui cède ses les déchets de ses usines, Veolia fournit en retour de quoi fabriquer des plans de table recyclés et recyclables ; à SEB, du polypropylène recyclé pour une gamme de fers à repasser.

Avec Danone, confronté à des tensions sur la ressource en eau et en lait, le partenariat, établi à l'échelle mondiale, vient remplacer des contrats passés dans le cadre d'appels d'offres au cas par cas et porte sur la gestion de l'eau et des déchets et sur l'agriculture durable.

Avec IBM, l'alliance nouée il y a 18 mois sur la « smart water » a vocation à être élargie aux déchets et à l'énergie. Déjà mise en œuvre à Lyon et bientôt à Lille, l'offre est commercialisée par les réseaux mondiaux des deux groupes.

Avec le réassureur Swiss-Re, qui apporte son expertise sur l'impact économique des chocs ou menaces plus chroniques qui pèsent sur les villes (cyclones, inondations, pollution de l'air, épidémies, attentats...), Veolia s'apprête à fournir des solutions de résilience globales et intégrées à la Nouvelle-Orléans et bientôt à New-York, dans le cadre de partenariats tripartites. Une nouveauté pour le ré-assureur, plus habitué à intervenir après des  catastrophes. Mais, comme le rappelle Ivo Menzinguer, directeur des partenariats mondiaux, « les maires préfèrent qu'on les aide à éviter la catastrophe plutôt que de recevoir un chèque pour reconstruire. » Au-delà de ces villes sensibilisées à la question après les ouragans Katrina et Sandy, les deux groupes visent toutes les métropoles aux infrastructures vieillissantes confrontées à des menaces environnementales diverses, et assurent que la plupart des maires sont aujourd'hui prêts à utiliser des outils de gestion des risques.

Cap sur l'entrepreneuriat social

C'est également au travers de partenariats que Veolia développe ses activités sur des marchés difficiles à exploiter en solo. Au Moyen-Orient, la co-entreprise Enova a été créée dès 2002 avec son client MAF (Majid Al Futtaim), holding qui possède et exploite de nombreux centres commerciaux, hôtels et complexes de loisirs.  Les services de facility management que Veolia et MAF proposent ensemble à d'autres acteurs représentent 68% de son chiffre d'affaires. En 2013, le groupe s'est allié au spécialiste japonais de la gestion des déchets Takeei pour produire de l'électricité à partir de biomasse végétale.

Mais Veolia ne réserve pas ses partenariats à d'autres grands groupes. Il accélère aussi dans l'économie sociale et solidaire. En renouvelant et en élargissant son partenariat avec l'entreprise de ré-insertion Elise sur la collecte de papiers et cartons, mais aussi en ouvrant des incubateurs d'entrepreneuriat social à Toulouse, Lyon ou Mexico, en collaboration avec  Ashoka et l'ESSEC.

Dominique Pialot

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