La liste des clients internationaux du Rafale pour un avion que les mauvaises langues disaient invendable, continue de s'allonger : Égypte (55 appareils), Qatar (36), Inde (36), Grèce (18), Croatie (12), Émirats Arabes Unis (80) et maintenant l'Indonésie (42). Soit 279 Rafale, dont 24 d'occasion (12 à la Grèce et 12 à la Croatie) vendus depuis 2015. Depuis son arrivée à l'Hôtel de Brienne, Florence Parly a accompagné la vente de 195 Rafale. Avec les six appareils supplémentaires en passe d'être acquis par la Grèce, elle dépassera la barre symbolique de 200 Rafale vendus lors de son passage au ministère des Armées. Elle laisse à son successeur au ministère des armées la satisfaction de présenter en 2023, voire en 2024, un excellent bilan des exportations d'armement pour 2022 et 2023.
"42 Rafale ! L'Indonésie fait le choix de l'excellence industrielle française ! Le savoir-faire des plus de 400 entreprises françaises et des milliers de travailleurs qui conçoivent le Rafale est reconnu. En Indo-Pacifique, cette nouvelle étape renforce nos partenariats", a twitté jeudi le président de la République Emmanuel Macron.
Une relation étroite entre Paris et Jakarta
Pour convaincre l'Indonésie d'acquérir le Rafale et le Scorpène, les équipes du ministère des Armées ont mis en place entre Florence Parly et Prabowo Subianto, le ministre de la Défense indonésien, "un processus très structuré pour arriver aux annonces" de jeudi, a expliqué Hervé Grandjean. Les négociations ont véritablement commencé en août 2020. Soit 18 mois pour parvenir à ces deux commandes. Entretemps, les deux ministres avaient signé le 28 juin 2021 une lettre d'intention portant sur la coopération en matière d'équipements stratégiques. Dans ce cadre, les ministres avaient confirmé leur volonté d'approfondir la coopération industrielle et en matière de sûreté maritime. "Il y a vraiment eu une qualité de relations extrêmement marquée" entre les deux ministres, qui ont eu "des rencontres et des échanges extrêmement réguliers", a précisé le porte-parole du ministère.
"Notre relation bilatérale est encadrée par un accord de partenariat stratégique signé en 2011 et nous avons notamment un dialogue de défense franco-indonésien tous les ans", a-t-il rappelé.
Les deux ministères avaient également mis en place des groupes de travail communs pour travailler sur les points clés du contrat : nombre d'avions, calendrier de livraisons, accompagnement budgétaire... En France, il y a eu aussi tout un travail interministériel avec la direction générale de l'armement (DGA) au cœur du réacteur. Bercy a été également à la manoeuvre pour faciliter le financement du contrat. La France concourt logiquement au montage budgétaire du contrat, a indiqué le porte-parole. Dans ce cadre, la banque publique Bpifrance est notamment "à la manœuvre" dans les discussions. "C'est en cours et c'est très bien avancé", a-t-il expliqué.
Un contrat de 8,1 milliards de dollars
Dassault Aviation a signé un contrat pour la vente de 42 Rafale F3R (30 monoplaces et 12 biplaces) pour un montant total de 8,1 milliards de dollars en incluant les armements, selon le porte-parole du ministère des Armées, Hervé Grandjean. "C'est une signature engageante", a-t-il assuré. Un premier lot de six Rafale sera mis en vigueur à l'issue du processus administratif indonésien dans les prochains mois tandis que le deuxième de 36 appareils le sera soit en fin d'année, soit au début de l'année prochaine, a précisé le porte-parole. La mise en vigueur du contrat, qui correspond au versement du premier acompte, dépend notamment du calendrier budgétaire mis en place par le gouvernement indonésien. Les premières livraisons des Rafale interviendront trois ans après la mise en vigueur du contrat. Soit à l'horizon 2025.
Ce nouveau contrat "n'aura pas d'impact sur les commandes et les livraisons prévues au bénéfice de l'armée de l'air et de l'espace française", a affirmé Hervé Grandjean
Sur le plan industriel, ce contrat renforce un peu plus la visibilité des industriels, que ce soit Dassault Aviation et des plus de 400 sous-traitants, qui travaillent sur le Rafale. "La chaîne de production sera occupée jusqu'en 2031", a assuré Hervé Grandjean. Il est aujourd'hui loin le temps où Dassault Aviation devait défendre dans les années 2000 le Rafale objet de railleries et de critiques sur son prix, sa technologie dépassée ou encore son "hypertechnologie".
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