Agriculture bio : le gouvernement promet 60 millions d'euros d'aides

Après une première annonce de 10 millions d'euros d'aides aux agriculteurs bio en mars, très critiquée par la filière, le ministre de l'Agriculture s'engage à débloquer 60 millions d'euros d'aides aux producteurs et à atteindre 20% de bio en fin d'année dans les cantines gérées par l'Etat.
Les ventes de bio ont reculé de 7,4 % en 2022.
Les ventes de bio ont reculé de 7,4 % en 2022. (Crédits : Reuters)

Le gouvernement veut faire un geste pour les agriculteurs bio, frappés de plein fouet par la crise. Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a confirmé ce mercredi qu'une « enveloppe de crise » de 60 millions d'euros serait débloquée. Ces fonds iront aux producteurs en agriculture biologique, qui se retrouvent avec des surplus de production dans un contexte marqué par une baisse de la demande.

Lire aussiInflation : les ventes de produits bio s'effondrent

Au moment du Salon de l'agriculture en mars, le gouvernement avait annoncé qu'une aide d'urgence pour les agriculteurs biologiques serait versée aux exploitations du secteur en difficulté. Mais les montants évoqués à l'époque, autour de 10 millions d'euros, avaient provoqué la colère des représentants agricoles.

Une enveloppe plus remplie que prévu

La taille de l'enveloppe présentée ce mercredi par Marc Fesneau correspond davantage aux sommes réclamées par le syndicat agricole FNSEA. « Il faut sortir 50 à 100 millions d'euros rapidement (...). Si on veut une agriculture biologique de proximité, l'objectif ce n'est pas d'importer des produits bio, c'est de les faire chez nous », avait déclaré son nouveau président Arnaud Rousseau mi-avril. Marc Fesneau n'a cependant pas davantage précisé la forme que prendront ces 60 millions d'euros d'aides publiques.

Lire aussiCrise du bio : la FNSEA réclame « 50 à 100 millions d'euros » à l'Etat pour aider les agriculteurs

Pour stimuler les achats, le ministre s'est également engagé à ce que les cantines sous la responsabilité de l'Etat (dans les ministères, les prisons et les armées) proposent 20% de bio dans leurs menus, dès la fin de l'année 2023. C'était une demande directe de l'ancienne présidente de la FNSEA, Christiane Lambert. « On va commencer par donner l'exemple nous-mêmes », a-t-il assuré depuis une ferme de l'Oise.

Afin de garantir un débouché régulier aux aliments bio, la loi Alimentation (ou Egalim, 2018) avait fixé pour 2022 cet objectif minimum de 20% de bio dans la restauration collective (cantines scolaires ou hôpitaux). Mais « on n'a pas mis les moyens » financiers pour le faire, a reconnu une source au ministère de l'Agriculture. La part du bio plafonne ainsi autour de 6%.

« On est encore loin des 20% mais certains exemples comme la ville de Bègles (70% de bio), 44.000 habitants, ou d'Epinal (68% de bio), 33.000 habitants, démontrent qu'il est possible d'atteindre l'objectif et de le dépasser très largement », avait expliqué mardi à l'AFP Laure Verdeau, directrice de l'Agence bio, chargée de développer et promouvoir l'agriculture biologique française.

Par ailleurs, un nouveau plan de communication « massif » sur la consommation des produits biologiques sera lancé, financé par trois millions d'euros du vaste programme d'investissement France 2030 annoncé en octobre 2021 par Emmanuel Macron.

Lire aussiCrise du bio: « L'enjeu pour Biocoop, c'est surtout de ne rien changer »

La filière bio connait une crise violente après des années de montée en puissance. Le marché s'est brutalement replié après dix ans d'une croissance à deux chiffres. Ce dynamisme avait convaincu de nombreux agriculteurs conventionnels de se tourner vers cette production sans pesticides, ni engrais chimiques. Mais les ventes se sont effondrées de près de 7,4% en supermarché en 2022, sur fond d'inflation alimentaire et de préoccupation autour du pouvoir d'achat. Ce contexte pousse les ménages à remplir leur panier de produits plus abordables. En revanche, ils se révèlent moins exigeants en termes d'empreinte écologique.

Bouleversement des habitudes d'achat face à l'inflation

« Les clients font des arbitrages en défaveur du bio. Ils descendent en gamme, passent d'un produit bio à un produit conventionnel, optent pour un produit bio moins cher », constatait auprès de La Tribune fin 2022 Pierrick de Ronne, président de Biocoop et de la Maison du bio, qui représente le secteur.

« Pourtant, l'inflation des produits classiques est deux fois plus forte que celle des produits bio, qui ne nécessitent pas d'engrais et de pesticides et consomment moins d'énergie », poursuivait-il.

Insuffisant néanmoins pour combler le fossé qui sépare les prix du bio du conventionnel, de l'ordre de 20 à 50%, d'après Pierrick de Ronne.

Lire aussiPAC : la France augmente ses aides à l'agriculture bio

Au-delà des considérations budgétaires, le bio souffre de la multiplication de labels concurrents qui désorientent les clients et leurs habitudes d'achat. « Aujourd'hui, le seul critère du bio ne suffit plus à convaincre. Les habitudes de consommation bougent très vite depuis la pandémie. Sous l'influence des consommateurs les plus diplômés, un nouveau critère de consommation vient systématiquement en chasser un autre. Les gens ont été déçus de voir que bio ne rimait pas forcément avec local », analysait également Pascale Hébel, spécialiste de la consommation alimentaire au sein du cabinet C-WAYS.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 17/05/2023 à 20:32
Signaler
"Marc Fesneau, a confirmé ce mercredi qu'une « enveloppe de crise » de 60 millions d'euros serait débloquée." En plus de l'aide de la PAC, donc.Juillet 2022: Marc Fesneau a finalement décidé de rehausser les aides de l'éco-régime destinées aux ag...

à écrit le 17/05/2023 à 17:09
Signaler
Déjà bien avant la période de forte inflation de nombreuses personnes n’achetaient pas des produits bios à cause de leurs prix trop élevés et il ne s’agissait pas seulement des plus modestes et aujourd’hui on demande à ce que de l’argent public soit ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.