Il y avait longtemps que l'industrie française n'avait pas été à pareille fête dans un salon de l'auto. Les constructeurs tricolores font en effet le plein de nouveautés au salon de Genève, qui ouvre ses portes (aux professionnels) mardi 4 mars. Les Peugeot 108, Citroën C1 II, Renault Twingo III, tiendront la vedette au Palexpo. Fausse coïncidence tant ils se surveillent de près, le groupe PSA et Renault dévoilent en même temps leurs mini-citadines, dont ils ont diffusé récemment les premières photos. Citroën présentera aussi son petit "crossover" dit "essentiel", révélé le 5 février dernier, la C4 Cactus, Peugeot son break compact 308 SW.

Fabrication tchèque avec Toyota

Avec 1,5 million d'unités environ depuis 2005, les  "mini" Peugeot 107 et Citroën C1 ont mené une honorable carrière de petits modèles citadins d'entrée de gamme pas trop chers, fiables - étudiés avec le japonais Toyota, réputé en la matière - mais aux prestations limitées et à la qualité perçue pire que celle des Dacia Logan à bas coûts! Voilà donc, neuf ans après, les 108 et C1 II, toujours sur la même plate-forme Toyota et avec une ingénierie nippone. Le moteur trois cylindres de 68 chevaux est d'ailleurs également un Toyota. Une deuxième motorisation, d'origine PSA cette fois, de 82 chevaux, sera toutefois également proposée.

Les trois modèles seront cette fois plus nettement différenciés entre eux, avec notamment des possibilités de personnalisation combinant teintes de carrosserie et décorations, histoire de faire plus chic - il y avait du boulot - et gonfler le prix, donc les marges, à l'instar de ce que font Mini et Fiat (500). Proposée en versions à trois et cinq portes, cette citadine offerte aussi en version découvrable, est légère (à partir de 840 kilos), menue (3,46 mètres de long à peine) et la version la plus sobre n'émettra a priori que 88 grammes de CO2 au kilomètre.

Peugeot 108

Le prix de départ de ces "minis" tournera autour de 10.000 euros. La commercialisation interviendra en juin prochain. PSA compte en produire 200.000 par an, dont la moitié pour chacune de ses marques. Issues d'une coopération internationale, les Peugeot et Citroën seront fabriquées avec Toyota...à Kolin, en République tchèque, dont les capacités maximales sont de 300.000 unités par an. Une tout nouvelle demi-soeur Toyota Aygo II sera présentée par ailleurs à Genève. Elle est prévue, elle, pour 100.000 exemplaires. L'usine tchèque va d'ailleurs embaucher quelque 700 salariés. Elle emploie actuellement 3.000 personnes.

Citroën C1

La Twingo à moteur arrière, comme chez Smart

Chez Renault, place à la Twingo III! Vingt-et un ans après la révolutionnaire Twingo, première du nom, Renault frappera un grand coup. Car, si les rivales 108 et C1 II sont de classiques voitures à traction avant, la Twingo III sera innovante par son architecture, avec le retour à un moteur à l'arrière. Du jamais vu chez Renault depuis la R10 de 1966. Histoire de maximiser en principe l'espace intérieur, selon la firme au losange.

Dotée de cinq portes pour la première fois, la petite Renault est, comme les 108 et C1 II, le fruit d'un programme commun avec un partenaire, l'allemand Daimler en l'occurrence. En avril 2010, le consortium de Stuttgart et l'Alliance Renault-Nissan avaient noué une grande coopération industrielle et capitalistique. La plate-forme de la Twingo III (projet Edison) sera ainsi partagée par la prochaine génération de micro-véhicules Smart (Daimler). La "grande" Smart sera d'ailleurs fabriquée sur les mêmes chaînes que la Twingo III chez Renault, à Novo Mesto, en Slovénie.

Renault Twingo III

Vive, gaie et colorée comme la première Twingo, la Renault sera dotée de petits moteurs à essence trois cylindres comme les Peugeot et Citroën - pas de diesels, donc! La troisième mouture devrait a priori démarrer en-dessous de 10.000 euros. L'ex-Régie n'a diffusé à ce jour aucune autre information sur ce véhicule.

Priorité donc aux "micro-citadines", la France devenant de plus en plus un marché de petits véhicules, sous la pression notamment de la fiscalité prétendument écologique. A Genève, il y aura toutefois une autre nouveauté cruciale, la Citroën C4 Cactus, sans doute l'une des plus innovantes de la manifestation suisse. Une variation très personnelle sur le thème des... petits véhicules. Originale, simple, épurée et économique, la C4 Cactus a déjà été dévoilée en grande pompe en début de mois au Bourget, près de Paris. Mais ce sera sa première présence dans un salon.

Tradition d'innovation démocratique

La C4 Cactus, puisque tel est son nom, se veut pour sa part une sorte de petit break surélevé  convivial, accueillant et... aussi coloré, qui tranche dans le paysage des voitures classiques mondialisées et sans âme, interchangeables entre elles! Citroën renoue ici avec sa tradition d'innovation démocratique, à l'image de la 2CV ou de la Méhari découvrable de 1968! Très courte avec ses 4,16 mètres de long à peine, cette rivale des "SUV" urbains Peugeot 2008 et Renault Captur déploie ses rondeurs, des gros pare-chocs décomplexés, des protections latérales (de couleur), faisant dans le genre débonnaire qui attire la sympathie.  Dix teintes extérieures seront disponibles avec trois ambiances intérieures.

Citroën C4 Cactus

Dans l'habitacle, une planche de bord insolite, fine et basse, dégageant bien la vue, donne une impressions d'espace et de luminosité renforcée par le toit transparent, avec deux sièges avant très larges et confortables qui simulent visuellement une banquette - un clin d'oeil à la 2CV. Côté modernité: une instrumentation 100% digitale. Et, avec la boîte pilotée optionnelle, il n'y a même plus de levier de vitesses. Evidemment, la voiture est connectée avec des applications en tous genres comme l'accès aux prévisions  météo, l'affichage des stations service et de leurs tarifs, un lien pour réserver un restaurant, l'accès aux mails, à "Facebook"...

La version diesel émettra 82 grammes de C02 seulement au kilomètre. Des rejets très modérés qui suggèrent une basse consommation, les deux étant liés. Quatre moteurs seront possibles, dont deux petits trois cylindres à essence (82 et 110 chevaux) et deux quatre cylindres diesel (92 et 100 chevaux). Développée sur la plate-forme "1" des petites voitures de PSA, cette C4 Cactus ne pèse qu'une tonne.

Heureusement, la 308 SW sera produite... en France

Malheureusement, ici encore, la production sera assurée par un site étranger, en l'occurrence l'usine espagnole de Villaverde (Madrid). Ce n'est pas ça qui va enrayer la chute de moitié, en dix ans, de la production auto de Renault et PSA dans les usines hexagonales! Cette voiture sera lancée à la mi-juin. Les prix restent tabous pour l'instant. Elle sera juste  "un peu moins chère" que ses rivales, se borne à indiquer Citroën. Une 2008 Peugeot démarre, elle, à 15.400 euros aujourd'hui.

Peugeot 308 SW

Peugeot  va pour sa part présenter son break 308 SW à Genève, pour conforter l'excellent départ de la 308 II, une berline compacte très réussie sur une toute nouvelle plate-forme modulaire. 55.000 Peugeot 308 II ont déjà été commandées, depuis la rentrée dernier, selon la marque au lion. La version break, rivale notamment de la Volkswagen Golf SW, pourrait  représenter le tiers des ventes de ce modèle. Elle sera commercialisée le 24 avril prochain. Ah, cette 308 est produite à Sochaux, en France. Ouf!