Voitures électriques : Stellantis débourse près de 3 milliards d'euros pour sécuriser le marché américain

En pleine flambée des prix de l'énergie et face aux nombreuses incertitudes en matière d'approvisionnements, le groupe automobile annonce renforcer sa présence au Canada, à la frontière avec les Etats-Unis. Le constructeur veut poser un pied ferme sur le marché nord-américain avec ses modèles hybrides et électriques. Un nouveau centre de R&D de 650 ingénieurs est même prévu outre-Atlantique.
Aux Etats-Unis, les pickups Ram et les Jeep hybrides de Stellantis ont affiché de bons résultats en 2021.
Aux Etats-Unis, les pickups Ram et les Jeep hybrides de Stellantis ont affiché de bons résultats en 2021. (Crédits : REBECCA COOK)

« Les constructeurs vont devoir se rapprocher des sources de production ». Aussitôt prononcée en mars dernier, la prédiction de Carlos Tavares, le PDG de Stellantis, est presque aussitôt mise à exécution. Sur fond de crise des semi-conducteurs, renforcée par la flambée des prix de l'énergie en raison de la guerre en Ukraine menée par la Russie, le groupe automobile français, a annoncé lundi un investissement de 3,6 milliards de dollars canadiens (2,7 milliards d'euros) pour moderniser et adapter deux usines au Canada. Objectif : dès 2023, produire des véhicules électriques ou hybrides dans l'une d'elles.

Cet investissement doit "assurer l'avenir" des deux usines d'assemblage de Windsor et Brampton, dans la province de l'Ontario, a annoncé dans un communiqué la division nord-américaine du groupe, qui produit notamment les marques Jeep, Chrysler, Ram, Dodge ou Fiat.

Des Jeep hybrides made in America

Ce mouvement intervient surtout dans un contexte géopolitique mondial totalement bouleversé par la guerre en Ukraine. Mi-avril, le quatrième constructeur automobile devait se résoudre à fermer sa seule usine en Russie, poussé à la relocalisation de certaines unités de production en Europe. D'autres constructeurs (Tesla en Allemagne, Renault...) font d'ailleurs ce choix d'implanter leurs usines proche des marchés visés our réduire les risques.

Ces développements au Canada viennent renforcer l'ambition déjà grande de Stellantis sur le marché nord-américain. En octobre, le groupe annonçait la construction, en partenariat avec LG Energy solution, d'une usine pour la production de cellules et de modules de batteries aux Etats-Unis, particulièrement friands de ses pickups Ram et de ses Jeep hybrides.

Stellantis commercialisera 55 voitures électrifiées en Europe et aux États-Unis avant 2025. Au niveau mondial, le groupe compte lancer 75 modèles électriques d'ici à 2030 pour ses marques Peugeot, Opel, Fiat, Alfa Romeo ou Maserati, avait annoncé début mars Stellantis, basé à Amsterdam aux Pays-Bas.

Un centre de R&D au Canada

D'autant que Carlos Tavares, à la tête du groupe Stellantis, nourrit l'obsession du "pricing power". Les deux usines canadiennes, une fois rénovées, fonctionneront en trois-huit. Les modèles qui y seront produits n'ont pas été dévoilés.

A Windsor également va être construit une usine de batteries électriques pour véhicules, en partenariat avec LG, avait annoncé le groupe fin mars. Celle de Brampton sera "rééquipée et complétement modernisée" pour avoir, en 2025, une usine avec une "architecture flexible et toute neuve pour soutenir les projets d'électrification de l'entreprise."

L'investissement concerne également un centre de R&D à Windsor, qui va créer "plus de 650 postes très qualifiés d'ingénierie dans différents domaines pour soutenir la croissance de Stellantis dans l'électrification" de ses véhicules.

Le gouvernement fédéral et la province ont annoncé investir environ un demi-milliard de dollars canadien chacun dans ce projet.

"Voilà à quoi ressemblent un environnement sain et une économie saine", s'est félicité le Premier ministre Justin Trudeau dans un communiqué.

L'enjeu écologique malgré les pénuries

"Ces investissements réaffirment notre engagement de long terme au Canada et représentent une étape importante sur notre chemin vers des véhicules à zéro émission", a déclaré le directeur des opérations de Stellantis en Amérique du Nord, Mark Stewart, cité dans un communiqué.

Le groupe, issu de la fusion de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler, veut diviser ses émissions de carbone par deux d'ici à 2030 par rapport à celles de 2021, et les abaisser de 90% d'ici à 2038. Le groupe évoque un bilan "zéro émission carbone" avec 10% de compensation maximum.

En 2021, Stellantis a enregistré un bénéfice opérationnel de 18 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires de 152 milliards d'euros. Mais la flambée des prix de l'électricité en Europe et le ralentissement du marché automobile pourrait bien alourdir son bilan en 2022.

« Je considère que l'année 2022 sera encore une année de pénurie de semi-conducteurs », a déclaré Carlos Tavares. Pour le patron de Stellantis (Fiat, Peugeot, Jeep...), il n'y aura pas d'améliorations avant l'arrivée de nouvelles usines de production en construction et annoncées pour début 2023.

(Avec AFP)

Lire aussi 5 mnStellantis: le plan de Carlos Tavares pour atteindre les 300 milliards de chiffre d'affaires

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Commentaire 1
à écrit le 03/05/2022 à 17:56
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Électrifier les 4x4 Américains, même en hybride, un pari qui le semble difficile à tenir.

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