Après trois jours de polémiques, les actionnaires de Stellantis ont dit non au salaire des dirigeants du groupe. 52,12% des actionnaires réunis lors de l'Assemblée générale se sont opposés à la résolution sur les rémunérations. L'an dernier, le rapport sur les rémunérations avait été validé avec 87% des suffrages.
Un actionnaire minoritaire met le feu aux poudres
La polémique sur la politique de rémunération de Stellantis a vu le jour lundi lorsque Phitrust, un actionnaire minoritaire du groupe automobile franco-italien de droit néerlandais, avait estimé que les émoluments de Carlos Tavares, le directeur général, représentaient 66 millions d'euros. La société de gestion a additionné les émoluments dépendants des objectifs de 2028 (et si l'action reste au moins à son niveau actuel). D'après Stellantis, ces objectifs ne sont pas encore atteints, et seront échelonnés d'ici 2028.
Selon le groupe, le salaire fixe de Carlos Tavares est de 2 millions d'euros. Il touche par ailleurs une part variable dont 7,5 millions d'euros liés à ses performances, 2,4 millions pour sa retraite. Il gagne également 1,7 million pour être parvenu à accomplir la fusion de PSA et Fiat Chrysler, devenu Stellantis, soit un bonus non récurrent. A cela s'ajoutent des actions gratuites fondées sur des objectifs financiers et environnementaux mais dont l'échéance est fixée en 2026, et d'un montant de 5,6 millions d'euros. En tout et pour tout, Stellantis estime la rémunération de Carlos Tavares à 19,1 millions d'euros en 2021.
Selon la règle, rejetée en Assemblée générale, John Elkann (président du groupe, et président d'Exor, premier actionnaire de Stellantis) va toucher au total 7,8 millions d'euros, et le directeur financier du groupe, l'Américain Richard Palmer, 14,8 millions. Les héritiers de l'ancien directeur général de Fiat-Chrysler Sergio Marchionne, décédé en 2018, vont également toucher 26 millions d'euros.
Stellantis a rappelé que sur les questions de rémunération, l'avis de l'Assemblée générale était consultative selon le droit néerlandais. Le groupe indiquera plus tard comment il décide de prendre en compte la décision des actionnaires.
Le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a jugé mercredi "excessive" la rémunération de Carlos Tavares.
"Cette rémunération est excessive", a-t-il dit sur France 5 lors de l'émission 'C à vous'.
"Ce salaire est excessif. Il suscite des réactions des salariés. Il doit nous amener à réfléchir sur cette question des salaires des dirigeants par rapport aux salariés de l'entreprise, mais le faire au niveau européen parce que sinon vous allez perdre tous les bons patrons qui obtiennent des résultats", a jouté le ministre.
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