BTP : Soprema s'offre un nouveau siège social pour 45 millions d'euros

L'immeuble qui héberge les services administratifs de cette ETI strasbourgeoise (4,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires) fera office de démonstrateur pour ses produits dédiés à l'étanchéité du bâtiment.
Des solutions inédites pour l'étanchéité et la filtration des eaux usées ont été installées sur les toitures et les terrasses du siège social de Soprema.
Des solutions inédites pour l'étanchéité et la filtration des eaux usées ont été installées sur les toitures et les terrasses du siège social de Soprema. (Crédits : Olivier Mirguet)

Le groupe familial d'étanchéité et d'isolation Soprema (10.500 salariés) a inauguré le 14 septembre à Strasbourg son nouveau siège social, qu'il a appelé « Le Grand Charles ». L'entreprise (4,82 milliards de chiffre d'affaires en 2022) y concentrera, sur six étages, l'ensemble de ses services administratifs centraux, soit 250 salariés, et une partie de ses équipes de recherche et développement.

Conçu par les architectes Edouard François et Denu-Paradon, le nouvel édifice a mobilisé un investissement de 45 millions d'euros. Doté de plusieurs toits-terrasses, de coursives et de passerelles, le bâtiment servira aussi à effectuer des démonstrations de bitumes d'étanchéité et de prototypes de toitures végétalisées conçus par Soprema.

Le nom de baptême de cet immeuble de 8.500 mètres carrés, construit dans la zone industrielle du Port du Rhin, pourrait être interprété comme une référence à Charles de Gaulle. Il n'en est rien : le « Grand Charles » en réalité d'un clin d'œil à Charles Geisen, fondateur de l'entreprise à Strasbourg en 1908. L'arrière-grand-père du dirigeant actuel Pierre-Etienne Bindschedler a mis au point et commercialisé dès 1909 un matériau d'isolation inédit, souple et imperméable : le « Mammouth ». Cette membrane à base de bitume, dont les principes de conception et de pose en toiture demeurent au cœur du métier de Soprema, demeure le produit phare l'entreprise strasbourgeoise. Il lui a permis d'accéder à des marchés mondiaux. Le groupe est aujourd'hui présent dans 90 pays.

Une délocalisation en Allemagne avortée

Construit dans le port autonome de Strasbourg, le nouveau siège social confirme l'enracinement de cette ETI dans la ville qu'elle a pourtant failli quitter en 2013. Il y a dix ans, Pierre-Etienne Bindschedler avait élaboré son projet de délocalisation à Kehl, sur la rive allemande du Rhin. « En Allemagne, nos charges patronales auraient été plafonnées. Nos collaborateurs alsaciens auraient bénéficié du statut très favorable des travailleurs frontaliers », se souvient Pierre-Etienne Bindschedler, PDG de Soprema. Mais les négociations engagées avec les services du Port du Rhin, qui lui ont cédé une parcelle d'1,7 hectare à proximité de l'usine existante de Soprema, ont pris une tournure favorable. Pierre-Etienne Bindschedler a changé d'avis et la construction du siège a démarré en 2020.

Avec 123 sites de production spécialisés dans l'étanchéité, l'isolation, le géotextile, les colles ou le mastic, Soprema revendique une présence internationale dans 90 pays face à des concurrents d'envergure mondiale (Holcim, Saint-Gobain, Knauf).

En consacrant 1,5 % de son chiffre d'affaires à la recherche fondamentale et au développement de nouvelles solutions commercialisables, le groupe strasbourgeois revendique une attention soutenue au développement durable. « Nous toitures ne doivent pas seulement être étanches, elles peuvent aussi être fonctionnelles », rappelle Olivier Weymann, directeur de la RSE (responsabilité sociétale de l'entreprise) chez Soprema.

La toiture filtre les eaux usées

Les architectes du « Grand Charles » ont ainsi conçu avec Sopranature, filiale de Soprema, une toiture végétalisée qui filtre les eaux grises du restaurant des salariés (250 repas quotidiens) par assainissement naturel. Cette installation expérimentale, qui met en scène une vingtaine de plantes macrophytes dans un bassin de 128 mètres carrés, permet de recycler chaque jour trois mètres cubes d'eaux usées. De façon plus classique, des panneaux photovoltaïques seront installés sur une autre toiture du Grand Charles, à des fins d'auto-consommation électrique.

Confronté à la hausse des coûts de ses matières premières (bitume, bois), Soprema cherche aussi à acquérir de nouvelles connaissances dans les matériaux et la chimie des polymères, en collaboration avec les laboratoires de l'Université de Strasbourg. « Nous aimerions acheter du bitume issu de matières naturelles, mais il n'existe aucun fournisseur pour nous proposer cette solution alternative pour produire notre Mammouth », regrette Rémi Perrin, directeur de la recherche et du développement chez Soprema.

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