13°C : la température idéale pour l'économie

Quand le mercure monte, la productivité décroît, relève une étude publiée dans le magazine Nature. Elle apporte la première preuve du lien entre l'activité économique dans toutes les régions du monde et le climat.
Seules quelques régions pourraient bénéficier d'une hausse des températures: celles qui sont dotées actuellement d'un climat froid, comme le Nord de l'Europe ou la Russie.

Pour booster l'économie, il faut qu'il ne fasse ni trop froid ni trop chaud. Une étude publiée mercredi 21 octobre dans la revue Nature l'affirme, précisant que la productivité économique globale atteint à son pic lorsque la température annuelle moyenne s'établit à 13 degrés Celsius.

Si le mercure monte, en revanche, la productivité se met à "décliner fortement", souligne cette étude d'une équipe de chercheurs menée par Marshall Burke de l'Université de Stanford (Californie), qui ont analysé les données économiques de 166 pays sur une durée de 50 ans, entre 1960 et 2010.

Une relation prouvée pour les pays riches comme pauvres

Cette relation "non linéaire" entre efficacité économique et température n'a pas changé depuis 1960 et est valable pour les activités agricoles comme pour celles relevant des autres secteurs économiques. Elle se vérifie par ailleurs dans les pays riches comme dans les pays pauvres, assurent les chercheurs. Dans le cadre des négociations actuelles pour l'adoption d'un accord international afin de coordonner la lutte contre le changement climatique, elle peut jouer un rôle particulier:

"Ces résultats apportent pour la première fois la preuve que l'activité économique dans toutes les régions du monde va de pair avec le climat", affirment les auteurs de l'étude.

Jusqu'à présent, ce lien n'était pas établi au niveau macro-économique. Il est en revanche plus aisé de l'observer sur le plan micro-économique, où l'on remarque par exemple une diminution des rendements agricoles à partir d'un certain niveau de température ou une baisse de la productivité des travailleurs.

Le réchauffement climatique mauvais pour l'économie

Les chercheurs se sont également appuyés sur ces données du passé pour tenter de prévoir l'impact économique du changement climatique. Ils ont conclu que si le réchauffement continue sur sa lancée (scénario du "business as usual"), le revenu global moyen chuterait de 23%. En ce cas, selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), la planète risque en effet de subir 4,3°C supplémentaires d'ici 2100 par rapport à l'ère préindustrielle.

     | Lire COP 21 : retour sur 20 ans de négociations pour le climat

A cette date, si rien n'est fait, 77% des pays seraient plus pauvres en terme de revenu par habitant que s'il n'y avait pas eu de changement climatique, ajoute l'étude.

Des inégalités de plus en plus marquées

Les inégalités entre les pays finiraient également par se creuser. Seules quelques régions pourraient bénéficier de cette hausse des températures : celles qui sont dotées actuellement d'un climat froid, comme le Nord de l'Europe ou la Russie. Les pays riches mais chauds, comme les Etats-Unis, devraient en revanche être pénalisés.

Quant aux pays les plus chauds, qui sont aussi souvent déjà les plus pauvres, ils vont être "frappés très durement", souligne dans un commentaire publié dans Nature Thomas Sterner, du département d'économie de l'Université de Göteborg (Suède), qui vient par ailleurs d'être nommé au Collège de France. Les estimations de Marshall Burke et de son équipe sur les pertes économiques provoquées par le réchauffement climatique "sont très supérieures à celles prévues par la plupart des modèles", pointe par ailleurs Thomas Sterner.

"Cela donne encore plus de raisons de tenter de limiter les dégâts dès aujourd'hui", insiste-t-il.

>> Lire aussi COP21 : l'aide aux pays du Sud a augmenté, mais pas encore assez

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Commentaires 10
à écrit le 23/10/2015 à 20:31
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Je ne dois pas être normal car quand, dans l'atelier, la température arrive à 13℃ ma productivité baisse brutalement car nous débrayons. Et si la " plaisanterie" dure nous partageons la fraîcheur avec les bureaux de la direction. Et bizarrement la t...

le 24/10/2015 à 13:10
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@Ben Oît: la solution serait peut-être d'acheter des gants fabriqués en Chine pour ne pas amputer les résultats de l'entreprise :-)

à écrit le 23/10/2015 à 14:47
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bref, tant que le rechauffement climatique menaçait de bousiller la planète et faire crever des millions de personnes, on s'en foutait. Mais si c'est mauvais au plan "économique" alors là ça devient grave ...

le 24/10/2015 à 8:45
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@désabusé: j'aimerais personnellement comprendre ce qui se cache derrière toute cette agitation. Comme tu le dis, "faire crever des millions de personnes" ne dérangent aucun politique. Il suffit de regarder l'Histoire pour en être convaincu. Toutefoi...

à écrit le 23/10/2015 à 13:50
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Ce qui s'appelle redécouvrir l'eau tiède.

à écrit le 23/10/2015 à 13:06
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Marrant, cette obsession de l'argent. Et si c'était cette obsession qui nous faisait détruire la planète..??

à écrit le 23/10/2015 à 11:02
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Il y a certainement des contre-réactions peu ou mal prises en compte : exemple, si la température monte le besoin de chauffage diminue donc moins d'émission de GES donc moins de réchauffement. Moins de coûts pour les produits importateurs de gaz et d...

le 24/10/2015 à 2:39
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Oui, bien sûr, et une viscosité de l'eau qui baisse, ce qui rend le fret maritime moins gourmand en énergie ;-)

à écrit le 23/10/2015 à 10:54
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Sûr qu'il y a une relation de cause à effet, mais c'est aussi une question d'organisation. On ne produit pas, par exemple, des tomates au Pôle nord ou des cerises dans le Sahara. C'est certes techniquement possible, mais pas rentable économiquement. ...

le 23/10/2015 à 11:04
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Il est vrai que le tourisme en Islande, Norvège ou Lituanie, pour passionnant qu'il soit, attire moins de clientèle que l'Espagne...

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