Centrale nucléaire de Tricastin (EDF) : ouverture d’une information judiciaire pour « non-déclaration d’incident »

Une information judiciaire a été récemment ouverte contre X pour "non-déclaration d'incident ou d'accident" à la centrale nucléaire de Tricastin (Drôme), "mise en danger d'autrui" et "faux et usage de faux" après la plainte déposée en octobre 2021 contre EDF par un cadre du site.
La centrale de Tricastin
La centrale de Tricastin (Crédits : Wikipedia)

Nouveau coup dur pour EDF. Une information judiciaire a été récemment ouverte contre X pour "non-déclaration d'incident ou d'accident" à la centrale nucléaire de Tricastin (Drôme), "mise en danger d'autrui" et "faux et usage de faux" après la plainte déposée en octobre 2021 contre EDF par un cadre du site répondant au nom d'emprunt de "Hugo", a appris l'AFP jeudi de source proche du dossier. La centrale nucléaire du Tricastin, mise en service en 1980 et 1981, est l'une des plus anciennes de France. En février 2021, l'ASN a ouvert la voie à la poursuite de l'exploitation des plus vieux réacteurs, dont ceux de Tricastin, au-delà de quarante ans, enjoignant à EDF de réaliser des travaux pour améliorer leur sûreté.

Lanceur d'alerte

Revendiquant le statut de lanceur d'alerte, "Hugo" avait déposé une simple plainte en octobre 2021 contre EDF et des membres de sa hiérarchie, les accusant de l'avoir placardisé pour avoir dénoncé une "politique de dissimulation" d'incidents de sûreté ces dernières années.

L'enquête, confirmée à l'AFP par le parquet de Marseille, sera menée par une juge d'instruction du Pôle de santé publique de cette ville. Elle porte sur une douzaine d'infractions potentielles au Code pénal et au Code de l'environnement pour des faits courant de début 2017 à fin 2021, selon une source proche du dossier. Parmi elles "non-déclaration d'incident ou d'accident", "mise en danger d'autrui", "faux et usage de faux", "déversement dans l'eau par violation manifestement délibérée d'une obligation de prudence d'une substance entraînant des effets nuisibles", "obstacle au contrôle des inspecteurs de la sûreté nucléaires" ou "harcèlement moral".

D'après la plainte d'"Hugo", diverses anomalies - comme une surpuissance du réacteur n°1 en juin 2017 ou encore une inondation interne le 29 août 2018 sur la tranche n°3 - n'auraient pas été déclarées à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ou l'auraient été de façon à "minimiser les événements".

Entré à EDF en 2004, Hugo devient chef de service à Tricastin en septembre 2016. Mais rapidement, selon sa plainte, le climat se révèle "particulièrement tendu, dans la perspective de la visite décennale", une étape déterminante pour obtenir l'autorisation de poursuivre l'exploitation au-delà de quarante ans.

"Un certain nombre d'incidents au sein de la centrale ont eu lieu, contribuant à la dégradation des relations" entre Hugo et son supérieur hiérarchique, selon la plainte.

Sollicité par l'AFP, EDF n'a pas souhaité faire de commentaires.

L'ASN n'a pas réagi dans l'immédiat mais en novembre, Christophe Quintin, inspecteur en chef de l'ASN, avait affirmé à l'AFP que les inspections à la centrale du Tricastin n'avaient "pas amené à constater d'événements qui auraient été masqués". Selon lui, il pouvait y avoir "un arbitrage interne à la centrale" sur les déclarations d'incident.

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Un directeur pour le nouveau nucléaire

EDF a indiqué mardi renforcer son organisation avec la nomination d'un directeur de "Programme nouveau nucléaire France", chargé de piloter la construction de nouveaux EPR. Nicolas Machtou, passé par le cabinet de François Hollande à l'Élysée et plus récemment par Enedis, occupe cette fonction depuis le 1er juin, indique le groupe dans un communiqué. "Il pilotera la maitrise d'ouvrage du programme de construction de nouveaux réacteurs EPR2 en France. Il aura ainsi en charge le contrôle de l'exécution industrielle et technique du programme", détaille EDF. "Il devra également faciliter et accélérer l'avancement des travaux visant à réunir les conditions réglementaires et financières de la mise en œuvre des orientations prises par l'État, dont il sera l'interlocuteur privilégié", souligne l'entreprise.

(AFP)

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Commentaires 9
à écrit le 15/06/2022 à 8:57
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Beaucoup de bruit fait par les écologistes mais peu relayé par Greenpeace et les autres unités du parc Les tenants et aboutissants de cette affaire ne sont pas clairs Le parc nucléaire n'a jamais favorisé la production en rapport avec la sûreté. C'...

à écrit le 15/06/2022 à 8:50
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Le représentant de la CRE ne veut pas comprendre que cette concurrence est falsifié et fictive. On pourrait même supposer que ces propos lui ont été soufflés par les concurrents fictifs d'EDF Ce mode de fonctionnement vient de nos amis britanniques...

à écrit le 09/06/2022 à 21:17
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Bonjour, Dans cette histoire, ils faut voir les raisons de ce retournement de ce cadre.... Sa ressemble plus à une vendetta personnelle. Mais bon , espérons que cette histoire sera effectivement tiré au claire par la justice....

à écrit le 09/06/2022 à 18:40
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Sqbtoages allemands pk en Russie il n 'y a aucun accident nucleaire.

à écrit le 09/06/2022 à 10:04
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Les centrales françaises sont vieilles et dangereuses. Croire que la sécurité y est mieux assurée que dans l'ex. URSS est d'une absolue crédulité ! Quand l'une explosera, la moitié du territoire sera condamné et la population française devra s'entass...

le 09/06/2022 à 10:39
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"Quand l'une explosera.. " vous serez mis sur orbite et vous aurez pas fini de tourner ....

à écrit le 09/06/2022 à 10:03
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Effectivement, la lecture dans le site de l'ASN (belle transparence) nous informe sur un certains nombres d'écarts, doivent-ils être classés comme des précurseurs..

à écrit le 09/06/2022 à 8:47
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Un cadre du site, qui n avait que ça à faire, puisqu'il avait été marginalisé, se venge en montant un dossier mettant en cause la sécurité du site... Évidemment, les autorités de surveillance ne peuvent qu'instruire l'affaire... qui risque de tourner...

à écrit le 09/06/2022 à 7:42
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C'est le début de la fin d'une énergie peu chère mais qui le devient! ;-)

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