Indépendance énergétique : la cleantech Soddec veut transformer les déchets des PME en gaz renouvelable

À Besançon, la startup Soddec a développé un équipement de valorisation énergétique en méthanisation, in situ, pour se substituer à la collecte et ainsi, donner aux établissements professionnels, la possibilité de valoriser eux-mêmes leurs biodéchets, de les transformer en énergie afin de viser l’autoconsommation.
e premier prototype opérationnel sera installé cette année au sein de la brasserie artisanale, Terra Comtix, situé à Mamirolles, près de Besançon. ²
e premier prototype opérationnel sera installé cette année au sein de la brasserie artisanale, Terra Comtix, situé à Mamirolles, près de Besançon. ² (Crédits : Amandine Ibled)

Alors que le prix du gaz s'envole en Europe depuis plus d'un an, et que la guerre en Ukraine démontre la dépendance du continent à la source d'approvisionnement russe, des entreprises tentent de changer leur fusil d'épaule. Le méthane pourrait-il être une source d'énergie de substitution ? C'est en tout cas le pari porté par la startup Soddec. Elle développe un équipement de valorisation des déchets pour les transformer en ce gaz renouvelable.

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Le premier prototype opérationnel sera installé cette année au sein de la brasserie artisanale, Terra Comtix, situé à Mamirolles, près de Besançon. Cette brasserie produit cinquante tonnes de biodéchets par an. Le nanométaniseur installé sur place par Soddec permettra de valoriser ce gisement en produisant plus de la moitié du besoin en gaz de l'entreprise, par du gaz renouvelable. Les simulations réalisées par Soddec montrent que cette valorisation pourrait même atteindre jusqu'à 70%, voire 90% de ses besoins en énergie.

Réduire les coûts

« Notre concept vise à installer un équipement, au sein des établissements d'activités professionnels, dans lequel sont déversés leurs biodéchets. Ceux-ci subissent ensuite des prétraitements mécaniques ou biologiques afin de les valoriser en biogaz. Avec cette matière, nous fabriquons de l'énergie qui est ensuite renvoyée dans le bâtiment pour son autoconsommation », explique Christophe Lagrange, fondateur de Soddec.

Le modèle économique de la startup bisontine repose sur le remplacement des coûts de collecte par la location de l'équipement de traitement des biodéchets. « En évitant la collecte par camion, les établissements agissent à la fois sur l'environnement, en diminuant les émissions de carbone, sur la société avec moins d'encombrement urbain et sur l'économie avec un coût de collecte nul et des factures énergétiques en baisse », souligne Christophe Lagrange.

Sans compter que la brasserie s'assure une indépendance énergétique vis-à-vis de l'importation de gaz. Un aspect non négligeable en cette période de conflit avec la Russie...

Une solution pour inciter les PME à s'engager dans la transition écologique

Comment des structures qui ne sont pas contraintes peuvent s'emparer des sujets à impacts ? L'un des volets de la loi Climat et Résilience - mais aussi avant elle, de la loi AGEC de 2020 - vise à « mettre en œuvre le tri à la source des biodéchets pour mieux capter la valeur agronomique et énergétique qu'ils représentent dans le respect des grands principes d'économie circulaire ».

Pour répondre à ces exigences, les collectivités n'ont d'autres choix, pour l'instant, que de venir récupérer les biodéchets des entreprises et de les emmener via des camions, vers des usines de valorisation qui se trouvent parfois à 500 kilomètres du lieu de récolte. Ce système a un coût économique (collecte), environnemental (émissions de carbone) et sociétal (engorgement des centres urbains).

« Si demain, les collectivités doivent traiter tous les biodéchets de leurs entreprises locales, il y aura encore plus de camions sur les routes. C'est totalement incohérent ! », s'insurge Christophe Lagrange.

C'est pourquoi, après trois années de recherche et développement, l'entrepreneur engagé a créé cette solution de méthanisation destinée aux entreprises qui génèrent des gisements de tailles modérés, soit pour des gisements allant jusqu'à 200 kg/jour.

Non soumises aux obligations règlementaires en matière de tri à la source, les entreprises de moins de 250 salariés, n'ont souvent pas le temps de s'intéresser en profondeur à ce volet de la transition écologique. Et pourtant, elles auraient tout à y gagner en réfléchissant à des investissements plus responsables.

« L'idée est d'amener ces PME à changer leur modèle de production vers un cercle plus vertueux », précise Christophe Lagrange. C'est une question de positionnement. Il s'agit de décider où elles mettent leur argent.

Un essai clinique version Cleantech

Afin de construire la machine parfaite, Soddec prépare - à la suite de son premier prototype - un programme pré-industriel en recrutant une vingtaine de sites émetteurs de biodéchets en Bourgogne-Franche-Comté, en France et dans les pays voisins pour conduire un projet, grandeur nature, de recettage de solutions, sur un parcours d'industrialisation en amélioration continue.

« Si nous étions dans le Med Tech, nous aurions qualifié cette phase, d'essai clinique », compare Christophe Lagrange. « En réalité, il s'agit d'un démonstrateur industriel au service de la transition écologique », précise-t-il.

C'est pourquoi, Soddec a déposé un dossier de financement dans le cadre du Plan d'investissement d'avenir 4 (PIA 4) car ce projet qui répond à des contraintes règlementaires correspond au cahier des charges.

La question est : comment les entreprises vont s'accaparer et vont transformer leur modèle de traitement des déchets - qui est un modèle linéaire - en un modèle circulaire ? « Cette bascule est essentielle. C'est 50% de la réalité de ce programme », souligne Christophe Lagrange.

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