La transition énergétique ferait gagner presque 4 points de PIB en 2050

Les emplois et les revenus disponibles des ménages bénéficieraient aussi d'importants investissements dans les énergies renouvelables et dans l'efficacité énergétique, par rapport au scénario "business as usual", relève un nouveau rapport de l'Ademe.
Giulietta Gamberini
En cas de 100% d'énergies renouvelables dans la consommation énergétique en 2050, le revenu disponible des ménages dépasserait de 3.300 euros (constants 2010) par habitant celui prévu selon le scénario tendanciel.

Une énième étude conforte les espoirs qui ont suivi la COP21. Investir dans la transition énergétique serait non seulement bon pour le climat et la santé, mais aussi porteur de croissance et d'emplois, relève jeudi 30 juin l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) dans un rapport.

Un système énergétique plus efficace et moins carboné pourrait notamment conduire en 2050 à un niveau de PIB supérieur à celui engendré par un scénario "business as usual", estime l'étude, qui compare ce dernier à trois hypothèses d'évolution différentes: celle d'un quota des renouvelables dans la consommation d'électricité s'élevant, en 2050, à 80%; celle d'un apport des renouvelables étendu à 100%; et celle d'une part des renouvelables de 100% mais avec une empreinte au sol réduite - impliquant plus d'éolien offshore et d'énergies marines par rapport à l'éolien terrestre et plus de solaire en toiture, donc des coûts plus élevés. Selon la variante retenue (et donc les investissements nécessaires), l'écart du PIB comparé au scénario tendanciel oscillerait entre 3,6 et 3,9 points.

Le plein emploi en vue

Une telle trajectoire générerait aussi entre 800.000 et 900.000 emplois supplémentaires, et donc une diminution du chômage comprise -par rapport au scénario tendanciel- entre 3,6% et 3,3% de la population active, affirme l'Ademe. Puisque, selon les hypothèses de croissance de l'UE, le taux de chômage serait de 8% en 2050, "la transition énergétique permettrait de se rapprocher du plein emploi", observe Fabrice Boissier, directeur général délégué de l'agence.

Logiquement, croissance et emplois auraient aussi un impact positif sur le revenu disponible des ménages qui, en cas de 100% d'énergies renouvelables dans la consommation énergétique en 2050, dépasserait de 3.300 euros (constants 2010) par habitant celui prévu en cas d'évolution "business as usual" -un gain de 255 milliards d'euros au total. Et cela au net tant de la facture énergétique - qui baisserait de 25% en moyenne, car la diminution de la consommation dépasserait l'augmentation des prix- que de la dette des investissements d'efficacité énergétique...

Les investissements dans l'efficacité énergétique au centre

Ces investissements visant des économies d'énergie seraient d'ailleurs au centre des trois scénarios analysés par l'Ademe, représentant environ la moitié du surcroît total nécessaire, de l'ordre de 7 à 9% de la formation brute de capital fixe sur la période 2016-2050. Ils seraient à l'origine de la grande partie des gains en termes tant de PIB, que d'emplois et de pouvoir d'achat. Ils expliqueraient donc aussi le caractère comparable des effets économiques des trois variantes de la transition énergétique analysées.

Lire aussi: L'efficacité énergétique entre en Bourse

Leur financement constitue donc le nerf de la guerre, souligne Bruno Lechevin, président de l'agence, qui suggère de s'appuyer sur trois leviers. Le premier est représenté par les choix de fiscalité en matière d'énergie, à savoir du prix du carbone. La loi de transition énergétique pour la croissance verte a fixé une trajectoire, à travers la contribution climat énergie, qui devrait amener la tonne de CO2 à coûter 100 euros en 2030 (contre 22 euros en 2016), rappelle l'Ademe, soulignant l'opportunité d'agir à un  moment où les prix des énergies fossiles sont au plus bas.

Le risque climatique encore sous-évalué

L'Ademe insiste aussi sur la nécessité d'inciter les investisseurs à prendre en compte le risque climatique dans leurs décisions. En ce sens, la nouvelle obligation prévue par la loi de transition énergétique pour les investisseurs institutionnels français et les entreprises cotées, de publier certaines informations et de se soumettre à des stress tests spécifiques, est saluée comme "une avancée inédite dans le monde".

Dernier levier à ne pas négliger: faciliter l'accès des particuliers et des acteurs économiques aux financements, l'emprunt restant un frein majeur aux investissements dans la transition énergétique. L'adéquation entre l'ensemble des politiques mises en place et les objectifs poursuivis devra être vérifiée à l'occasion de l'examen du rapport annuel sur le financement de la transition énergétique, désormais obligatoire.

Un impact différent selon les secteurs

Même si cette dimension n'a pas été prise en compte par l'étude, la transition énergétique constitue par ailleurs aussi une "opportunité d'améliorer la balance commerciale nationale, puisqu'elle implique une diminution des importations d'énergie et de ressources", souligne Bruno Lechevin. En revanche, il est évident que l'équilibre entre effets positifs et négatifs varierait selon les secteurs.

L'étude de l'Ademe, qui a voulu aller au-delà d'un regard seulement global, montre que trois d'entre eux profiteraient directement de la transformation: la construction, l'électricité renouvelable et les transports. Les services, qui devraient représenter près de 80% de l'économie française en 2050 , bénéficieraient aussi d'un effet d'entraînement. Au contraire, le nucléaire, l'automobile et les énergies fossiles en pâtiraient. "Les investissements doivent donc s'accompagner de plans de formation", initiale comme continue, observe donc Bruno Lechevin: des initiatives à lancer dès aujourd'hui puisque les travailleurs de 2050 sont déjà en train de se former.

Giulietta Gamberini

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Commentaires 23
à écrit le 09/07/2016 à 16:05
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Belle prévision, seulement un Hic !!! C’est physiquement impossible. Oubliée la loi de conservation de l’énergie? Lavoisier : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Tout ce que nous utilisons ne sont que des matières premières tr...

à écrit le 02/07/2016 à 22:37
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@ Student : vous deviez dormir au fond à côté du radiateur pendant les cours mais les chiffres cités concernant le coût d'un accident sur un seul réacteur nucléaire, à savoir 600 milliards d'euros, sont bien ceux fournis notamment par EDF dans ses ra...

à écrit le 02/07/2016 à 17:01
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@Prof Ceux qui doivent se recycler ou plutôt se former sont plutôt de vôtre côté. Les chiffres que vous citez comme en provenance d'EDF et de l'ASN.... sont ceux émis par les intégristes Verts nourris à l'idéologie et sûrement pas aux sciences de l...

à écrit le 02/07/2016 à 9:48
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Comment l'ADEME peut-elle continuer à publier de telles inepties ? Résumons : un premier rapport en 2015 avait conclu à l'intérêt d'une électricité produite à 100% par de l'éolien et du solaire, avec un faible surcoût par rapport au système actuel à...

le 02/07/2016 à 15:59
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C'est vous qui publiez des inepties totales ! l'étude de l'Ademe qui fait appel à des compétences hors Ademe parfaitement qualifiées et réputées ne se base pas que sur l'éolien et le solaire ( voir : http://mixenr.ademe.fr/ ) et les mises en gardes s...

à écrit le 01/07/2016 à 14:05
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On peut confirmer la création d'emploi des énergies renouvelables par l'exemple américain actuel même imparfait. Aux seuls Etats-Unis, l’emploi dans l’industrie solaire a crû de plus de 20% en 2015. Ce foyer d’emploi durable affiche une bien meilleur...

le 02/07/2016 à 16:41
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Vous vous trompez complètement en pensant comme l'ADEME que le solaire ou l'éolien créent des emplois durables, en nombre supérieur même à celui des industries traditionnelles (fossiles et nucléaire). Car les emplois crées dans ces énergies soi-disa...

le 04/07/2016 à 0:38
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@ Student : Non plusieurs études dans plusieurs pays le prouvent incontestablement : les énergies renouvelables créent davantage d’emplois "durables" par dollar ou euro investi, par unité de capacité installée et par unité d’électricité générée que ...

à écrit le 01/07/2016 à 8:07
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Cette contribution est évidemment à la charge des utilisateurs particuliers, c'est à dire des ménages. Il est souhaitable de ne pas passer par les entreprises pour favoriser la concurrence avec les produits étrangers.

à écrit le 01/07/2016 à 7:59
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Suite 2. Il faut de plus prévoir une allocation pour respecter l'équité de cette mesure. Tout ça est décrit dans la note n°6 du CAE. J'écris ces commentaires à l'attention de l'ADEM.

à écrit le 01/07/2016 à 7:54
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Suite. Il s'agit de 100€/tCO2 en 2030. 30€/CO2 est la valeur de départ.

à écrit le 01/07/2016 à 7:45
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L'ADEM a raison à condition de prévoir une valeur de 30€/tCO2 en 2030. Il faut de plus inclure l'électricité et prévoir d'utiliser cette contribution pour réduire le cout du travail, progressivement et jusqu'à un certain niveau d'équilibre, en partic...

à écrit le 30/06/2016 à 22:23
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Encore un conte de fées ! Vous allez pouvoir diminuer la consommation électrique de moitié, tout en supprimant le chauffage au gaz, sans affecter votre qualité de vie et économiser 3300€ par personne , tout en finançant 800 000 emplois supplémentaire...

le 30/06/2016 à 22:57
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bah oui lol. on voit très bien que le nucléaire coûte de moins en moins cher. :))

à écrit le 30/06/2016 à 22:11
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Je vais tout de suite vérifier l'etude de l'ademe et je vous reviens. La précédente étude sur le 100% renouvelable était tellement risible sur ses hypothèses et ses conclusions que je me méfie.

à écrit le 30/06/2016 à 22:11
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Je vais tout de suite vérifier l'etude de l'ademe et je vous reviens. La précédente étude sur le 100% renouvelable était tellement risible sur ses hypothèses et ses conclusions que je me méfie.

à écrit le 30/06/2016 à 20:56
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la taxation du carbonne et deja une usine a gaz EN donent le droit aux pollueurs l achat du droit de polluez , ce n est pas avec cette methode utopique que l on se sortiras de la pollution mondial,?EX LA CHINE ET TELLEMENT RICHE ET LES PAYS A PETROL...

à écrit le 30/06/2016 à 20:31
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Il manque le petit rappel du début Déjà un rappel : les emplois étaient déjà là, surtout dans le solaire photovoltaïque (certes coûteux, mais en raison de tarifs de rachat du Kwh trop élevés). Et les prévisions de croissance également. Certes la co...

à écrit le 30/06/2016 à 20:23
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Mais on a coupé l’élan, pour des raisons diverses et de toute manière le retard technologique était déjà pris, alors fallait il continuer avec des panneaux asiatiques ? (qui se pose encore la question pour son ordinateur ou son smartphone ?). Hé bi...

à écrit le 30/06/2016 à 20:18
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Vous ne prenez pas beaucoup de risques à prédire 4% de différence dans 34 ans... Par rapport à quoi d'ailleurs?

à écrit le 30/06/2016 à 20:09
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Je suis toujours effaré par les gens qui tirent des plans sur la comète à 40 ans, alors qu'ils sont incapables de prédire à 8 jours. Mais bon, dans 40 ans, ils ne seront plus là ou seront passés à la trappe des diseurs de mauvaises aventures :-)

à écrit le 30/06/2016 à 18:29
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Quand il y a des intérêts privés dans une démarche collective, on ne peut qu'être dubitatif!

à écrit le 30/06/2016 à 18:18
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Parce que vous pensez vraiment que le PIB servira de base au calcul en 2050?

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