Merci Raymond, la startup aux mille et uns projet pour verdir les villes

Créée en 2015, l’entreprise multiplie les initiatives de végétalisation et d’agriculture urbaine. Elle vient d’ouvrir un restaurant en circuit ultracourt.
Giulietta Gamberini
De gauche à droite, Hugo Meunier, Guillaume Hadjigeorgiori et Antoine Beaume
De gauche à droite, Hugo Meunier, Guillaume Hadjigeorgiori et Antoine Beaume (Crédits : DR)

Le long des murs et sur les tables, un foisonnement de plantes sublimant une déco aussi épurée que stylée. Dans les assiettes, des plats conçus avec des ingrédients produits à quelques dizaines de kilomètres de Paris au maximum, agrémentés d'aromates cultivés sur le toit même de l'immeuble. Nous sommes au Relais, le tout dernier projet de la startup d'agriculture urbaine Merci Raymond, réalisé en partenariat avec le propriétaire des lieux, L'Antenne. Situé dans le 11e arrondissement, au pied du siège de l'entreprise, ce restaurant en circuit ultracourt incarne toute l'ambition de la startup : apporter davantage de nature en ville afin d'améliorer la biodiversité et de diminuer l'impact carbone, contrer l'urbanisation des campagnes, augmenter le nombre d'acteurs engagés en faveur d'une ville plus verte et les fédérer.

Créée en 2015 par Hugo Meunier, juriste spécialisé dans la révolution numérique, et Antoine Beaume, communicant, bientôt rejoints par Guillaume Hadjigeorgiori, le collectif Merci Raymond est devenu une entreprise et a étoffé son programme. À l'organisation de simples actions de sensibilisation pour stimuler la main verte des citadins (plantation de légumes dans les pieds d'arbre, ateliers de jardinage sur les toits, etc.) s'est ajoutée la création d'îlots de fraîcheur « optimisés » grâce au choix de plantes et de modes de culture spécifiques, puis le développement de véritables fermes urbaines.

3.000 citadins mobilisés

Aujourd'hui implantée dans huit villes de France, Merci Raymond peut se targuer d'avoir végétalisé quelque 5.000 mètres carrés d'espace exté-rieur bétonné grâce à la mobilisation de plus de 3.000 citadins, et de gérer environ un kilomètre carré de surface agricole. L'entreprise investit même des quartiers jugés « difficiles » telles que la cité de La Grande Borne (91), où un projet d'agriculture urbaine a permis de fédérer bailleurs, collectivités locales et Éducation nationale pour recréer du lien social.

À cela s'ajoute la végétalisation de centaines de mètres carrés intérieurs, des espaces de coworking Nextdoor à l'incubateur parisien Station F, en passant par les restaurants bio Exki et le centre commercial So Ouest à Levallois-Perret (92). Et un livre paru en mai chez Marabout, Tous acteurs de la révolution verte, qui dessine les contours d'un bâtiment fertile  - végétalisé, voire cultivé sur le toit, aux étages et au sous-sol, avec un rez-de-chaussée ouvert au quartier - et se veut vecteur d'optimisme. « Au travers d'une cartographie des nouveaux projets, métiers et filières qui se  créent autour de la végétalisation de la ville, ainsi que de conseils pour s'impliquer et fédérer chacun à son échelle, nous voulions montrer que, pas à pas, on peut y arriver », résume Hugo Meunier.

Bière locale et agrothérapie

Les initiatives pourraient être encore plus nombreuses à l'avenir. Merci Raymond, qui compte désormais une quinzaine de collaborateurs stables aux profils variés (ingénieurs agronomes, paysagistes, designers, etc.), est lauréat de deux appels à projets de la Ville de Paris : les deuxièmes saisons de Parisculteurs Houblon et de Réinventer Paris. Dans le cadre du premier, avec la brasserie urbaine Fauve Craft Bière, la startup compte cultiver du houblon le long des murs d'un centre sportif du 11e arrondissement de Paris, puis produire dans la même rueplus de 500 litres d'une bière de quartier.

Quant à Réinventer Paris 2, il verra l'association de Merci Raymond avec le promoteur
immobilier GA Smart Building pour végétaliser la future Cité universelle, qui doit voir le jour dans le 19e arrondissement, sur le site de la rue de la Marseillaise. En plus d'un potager vertical connecté accessible aux personnes handicapées, la startup installera un parcours d'agrothérapie - méthode de soins consistant à traiter les patients avec des plantes - à destination des personnes souffrant de troubles physiques ou psychologiques. Le modèle a tellement plu à la Mairie de Paris qu'elle souhaite le reproduire au sein de huit maisons de retraite. Quant au projet d'agriculture urbaine de la

Grande Borne, il doit intégrer en 2019 une véritable ferme en permaculture ainsi qu'une formation de jardiniers, et sera dupliqué à Stains (93) et Courcouronnes (91). « L'agriculture urbaine et la végétalisation s'inscrivent dans tous les projets », se réjouit Hugo Meunier. Si le modèle économique reste essentiellement fondé sur la rémunération des prestations de végétalisation et de création de fermes urbaines par des entreprises clientes, la vente directe de produits agricoles à des restaurateurs locaux se développe lentement. Le Relais constitue un pas supplémentaire dans cette direction. Si le succès est au rendez-vous, Merci Raymond envisage d'ouvrir d'autres restaurants à Strasbourg, Toulouse et Lille.

Giulietta Gamberini

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