Les longues tractations entre le gouvernement britannique et EDF en maître d'oeuvre ont finalement abouti. La Grande-Bretagne a annoncé mercredi avoir donné son accord pour la construction de la centrale nucléaire Sizewell C, dont le projet accumulait retards et complications sur le sujet de son financement.
Mais pour EDF, dont la nationalisation totale a été annoncée en France il y a quelques jours, le contexte de guerre de l'énergie menée par la Russie au travers de l'Ukraine, est favorable au réacteur nucléaire EPR (European Pressurized Water Reactor). Londres s'est dite désormais prête à apporter une aide de 100 millions de livres (117,23 millions d'euros) pour la construction de la centrale située près d'un petit village de pêcheurs du Suffolk. L'Etat britannique pourrait également prendre une participation dans le projet.
De son côté, le groupe public français prévoit de prendre une décision finale d'investissement en 2023.
La fourniture de 6 millions de foyers
La Grande-Bretagne espère que la nouvelle centrale nucléaire contribuera à respecter sa promesse d'indépendance énergétique à long terme, alors que le conflit entre la Russie et l'Ukraine a provoqué une flambée des prix du gaz.
La centrale, qui serait capable de produire 3,2 gigawatts d'électricité, soit suffisamment pour alimenter environ 6 millions de foyers, est détenue majoritairement par l'énergéticien français.
Londres a également ajouté que Sizewell pourrait être éligible à un financement dans le cadre du modèle de base d'actifs régulés (RAB), grâce auquel les entreprises construisant de nouvelles centrales seraient payées pendant la phase de construction, réduisant ainsi les risques liées au développement du projet.
"L'arrangement de financement éprouvé que nous proposons signifie que, en payant un petit montant pendant la construction, les consommateurs en bénéficieront à long terme", a déclaré Julia Pyke, directrice du financement de Sizewell C, dans un communiqué.
Les détracteurs du RAB affirment que les contribuables seront responsables de tout dépassement de coût et de tout retard pendant la construction.
Ailleurs, EDF a bon espoir de vendre de nouveau l'EPR à l'étranger, tablant sur la volonté des pays d'améliorer leur bilan climatique et notamment de moins dépendre du charbon.
Il table sur la vente de six EPR pour la future centrale de Jaitapur, et discute avec des pays européens comme la Pologne ou la République Tchèque.
En France même, pays le plus nucléarisé au monde (par habitant), le gouvernement soutient la commande de six voire 14 réacteurs, pour une mise en service attendue au mieux en 2035-2037.
(Avec AFP et Reuters)
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