Nucléaire : Londres applaudit la prolongation par EDF de deux «Fessenheim» britanniques

Dans un contexte énergétique tendu, le gouvernement du Royaume-Uni et l'énergéticien Centrica saluent la prolongation de 2 centrales nucléaires EDF en fonction depuis déjà 40 ans.
Le Royaume-Uni est un pionnier de l'atome civil. Calder Hall est la première centrale nucléaire commerciale au monde. Elle a été raccordée pour la première fois au réseau électrique national le 27 août 1956 et a été officiellement inaugurée par la reine Élisabeth II le 17 octobre 1956. Cette photo d'archive du U.S. Department of Energy est datée autour (circa) de 1972.
Le Royaume-Uni est un pionnier de l'atome civil. Calder Hall est la première centrale nucléaire commerciale au monde. Elle a été raccordée pour la première fois au réseau électrique national le 27 août 1956 et a été officiellement inaugurée par la reine Élisabeth II le 17 octobre 1956. Cette photo d'archive du U.S. Department of Energy est datée autour (circa) de 1972. (Crédits : U.S. Department of Energy / Flickr / via Wikipedia (public domain))

Construits pour la plupart entre 1970 et 1980, les 9 réacteurs nucléaires opérationnels du Royaume-Uni sont en fin de vie. Dans ce pays pionnier de l'atome civil, où la construction des premières centrales a débuté en 1957 et les premières mises en service en 1962, quelque 36 réacteurs sont à l'arrêt définitif - dont, depuis 2021, une série de 6 réacteurs (sur 3 sites), désormais en cours de démantèlement.

Seul le site de Hinkley Point accueille de nouveaux réacteurs, deux EPR, toujours en construction. L'ensemble des sites est passé dans le giron de l'énergéticien français EDF Energy après le rachat début 2009 de British Energy. L'énergie nucléaire représente moins de 20% du mix énergétique britannique.

Et donc, dans cette situation d'obsolescence avancée, tout ce qui peut permettre de gagner un peu de temps est bon à prendre, qui plus est, en pleine crise du coût de la vie dopée par les factures énergétiques : ainsi, mardi 14 mars, le gouvernement britannique et l'énergéticien Centrica, maison mère de British Gas, ont salué la prolongation pour deux ans par EDF de deux centrales nucléaires.

Grant Shapps, le ministre de l'Énergie britannique, a félicité EDF en ces termes dans une déclaration transmise à l'AFP:

« La décision d'EDF de prolonger la durée de vie des centrales de Heysham 1 [raccordée au réseau en juillet 1983, Ndlr] et de Hartlepool [en août 1983] est une bonne nouvelle, et vient s'ajouter aux investissements que nous faisons » pour construire de nouvelles centrales nucléaires.

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Nuclear power, United Kingdom, Hartlepool,

[La centrale nucléaire de Hartlepool, dont la consruction a débuté en 1968 a été raccordée au réseau britannique en août 1983. La photo ci-dessus a été prise en juillet 2022. Crédit Geni via Wikipedia (CC-BY-SA 4.0). Cliquez pour agrandir]

29 TWH d'électricité supplémentaire entre 2024 et 2026

Dans un communiqué séparé, mardi également, l'énergéticien Centrica a estimé que cette décision ajouterait 6 TWh à ses volumes d'électricité entre 2024 et 2026, soit « l'équivalent d'environ 70% du total de l'électricité d'origine nucléaire de Centrica en 2022 ».

Au total, 29 TWh d'électricité supplémentaire seront générés au bénéfice des opérateurs énergétiques britanniques, estime de son côté EDF.

L'entreprise avait annoncé jeudi prolonger jusqu'en 2026 la vie de ces centrales de Heysham 1 et de Hartlepool, situées dans le nord de l'Angleterre, après 40 ans de fonctionnement.

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Une fermeture repoussée déjà de dix ans

Au moment où l'énergéticien français a pris possession du parc nucléaire britannique, en 2009, la fermeture de ces centrales là était initialement programmée pour 2014, mais elle a déjà été repoussée de dix ans.

EDF a, via un communiqué, rassuré les autorités et le public en indiquant que les coeurs de réacteurs en graphite ont été inspectés en 2022 et que « les centrales peuvent produire plus longtemps en respectant les strictes normes réglementaires » en vigueur.

Ce report est donc censé donner un répit au gouvernement pour, conséquence de la guerre en Ukraine, renforcer effectivement sa sécurité énergétique par notamment l'accélération du développement du nucléaire britannique dont il a donné le détail des projets en cours vendredi.

Le Royaume-Uni, très dépendant du gaz, a l'intention de construire jusqu'à huit nouveaux réacteurs d'ici 2050.

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Dans ce cadre, Londres a donné son feu vert en août au financement d'un nouveau projet, Sizewell C. Les deux seuls nouveaux réacteurs véritablement en construction dans le pays sont ceux de Hinkley Point C. Les deux chantiers (en cours et en projet) sont portés par EDF.

Le gouvernement britannique prévoit aussi la construction de petits réacteurs nucléaires modulaires (les fameux SMR), moins chers, en partenariat notamment avec le motoriste britannique Rolls-Royce, mais ces derniers nécessiteront encore des années de développement.

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Pose forcée de compteurs prépayés à des clients précaires : enquête contre British Gas (Centrica) pour pratiques « inacceptables »

Le régulateur britannique de l'énergie, Ofgem, a annoncé au tout début février, lancer une enquête à l'encontre de British Gas, accusé d'avoir installé de force des compteurs dits prépayés chez des consommateurs vulnérables incapables de payer leurs factures du fait de la flambée des prix.

À la suite de l'ouverture de cette enquête, le ministre de l'Energie Grant Shapps a appelé tous les fournisseurs d'énergie à suspendre cette pratique.

Dans une enquête publiée, il y a un mois et demi, le jeudi 2 février 2023, le Times révélait comment une société de recouvrement de créances agissant pour le fournisseur British Gas a envoyé ses agents pour installer ces compteurs prépayés de force dans les logements de personnes fragiles n'arrivant plus à payer leur facture.

Contrairement aux compteurs classiques qui relèvent la consommation d'énergie que le client paye via un abonnement, les personnes équipées d'un compteur prépayé doivent recharger leur compte pour avoir accès au gaz ou à l'électricité. Une fois la somme rechargée dépensée, l'approvisionnement s'arrête.

En plein hiver, obligés de couper le chauffage, faute d'argent

En plein hiver et avec la flambée des prix de l'énergie, de nombreux ménages précaires ne pouvant plus payer leurs factures ont été basculés par leur fournisseur sur de tels équipements. Et certains sont contraints d'arrêter de se chauffer, faute d'argent pour les recharger.

Dans son article, le Times raconte des scènes d'installations forcées chez un père célibataire de trois enfants, une femme de 50 ans avec des troubles bipolaires ou une mère d'une enfant handicapée utilisant un fauteuil roulant électrique.

Les agents d'Arvato, la société de recouvrement qu'un journaliste a infiltrée, recevaient même des bonus pour l'installation de compteurs prépayés.

Déjà alerté sur ce phénomène des remplacements forcés de compteurs, légaux à condition de ne pas toucher de personnes fragiles (jeunes enfants, femmes enceintes, retraités précaires, personnes handicapées etc.), le régulateur de l'énergie avait rappelé à l'ordre les fournisseurs sur leur obligation d'un contrôle équilibré de la situation des clients.

« Ce sont des allégations extrêmement sérieuses (...) et nous n'hésiterons pas à prendre des mesures fermes », avait tancé, ce même jeudi 2 février, l'Ofgem dans un communiqué, annonçant le lancement d'une enquête sur British Gas.

Un porte-parole du Premier ministre Rishi Sunak avait également jugé ces pratiques « profondément choquantes et inquiétantes », ajoutant que le ministre des Entreprises et de l'Énergie Grant Shapps allait rencontrer l'entreprise l'après-midi même.

Centrica, maison-mère de British Gas, annonçait dans la foulée, par un communiqué cesser toute activité de remplacement forcé de compteur « au moins jusqu'à la fin de l'hiver »...

(avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 15/03/2023 à 15:58
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C'est reculer pour mieux sauter. Allez 4 ans de travaux et on fait repartir Fessenheim et dans 15 ans on met 2 epr à Fessenheim et l'Allemagne nous déclare la guerre.

à écrit le 15/03/2023 à 15:19
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"construits pour la plupart entre 1970 et 1980" A l'époque ,ils savaient faire des bonnes soudures.

à écrit le 14/03/2023 à 18:39
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En resume, la G-B ferme 36 +9 = 45 reacteurs qui seront remplaces par 8 reacteurs en construction jusqu en 2050. Les anglais divisent donc le nombre de reacteurs par 5 . Remplaces par de l eolien offshore . Pour maintenir la cadence du courant electr...

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