
Après avoir réussi, jeudi 19 janvier, leur première démonstration de force contre la réforme des retraites, les huit principaux syndicats de travailleurs ont annoncé une nouvelle journée nationale d'action pour le 31 janvier, date à laquelle le projet de réforme arrivera en commission à l'Assemblée nationale.
Le prochain grand temps fort de la mobilisation contre le report de l'âge légal de départ à la retraite n'arrivera donc que dans dix jours, alors que le texte sera présenté dès lundi prochain en conseil des ministres.
Pour autant, cet intervalle d'une douzaine de jours entre les deux grandes journées de mobilisation ne sera pas synonyme de temps mort pour les organisations syndicales. Dans ce laps de temps, la mobilisation devrait se maintenir, voire même se durcir dans le secteur de l'énergie.
Possibles blocages dans les raffineries et les centrales électriques
La fédération nationale de la CGT dans les industries chimiques a d'ores et déjà lancé un appel à la grève de 48 heures à partir du jeudi 26 janvier, puis de 72 heures à partir du lundi 6 février, date à partir de laquelle l'examen du texte débutera en séance plénière à l'Assemblée nationale. Les salariés grévistes pourraient décider de procéder à « l'arrêt des installations de raffinage », a précisé Eric Sellini, coordinateur CGT chez TotalEnergies.
Même détermination du côté de la branche des industries électriques et gazières (IEG). « Cette mobilisation générale ne nous interdira pas d'appeler à la grève dans les entreprises avant le 31, et même dès la semaine prochaine, » indique Fabrice Coudour, secrétaire fédéral CGT de la Fédération nationale des mines et de l'énergie (FNME), première organisation syndicale de l'électricité et du gaz. « La cible est le 31. D'ici là, à nous d'élargir notre action et de construire un rapport de force », poursuit-il.
« Des moments forts » pourraient être organisés les 26 et 27 janvier prochains afin de mener une action coordonnée avec les industries de la chimie. « Nous sommes en train de nous coordonner entre les fédérations CGT qui pèsent dans le tissu économique », explique Fabrice Coudour. « Il pourra y avoir des blocages dans les centrales avant le 31 janvier », a également averti Sébastien Menesplier, le patron de la CGT Energie, sur le plateau de Télématin.
Gratuité de l'énergie pour les écoles et les hôpitaux
Outre la très grande mobilisation dans la rue (2 millions de manifestants selon la CGT, 1,2 million selon le ministère de l'Intérieur), la journée du 19 janvier a aussi été marquée par des actions fortes dans la branche des IEG dont le régime spécial de retraite, permettant des départs anticipés selon la pénibilité des métiers, est menacé.
Au menu : baisse de charge dans les centrales nucléaires, mise à l'arrêt de centrales hydroélectriques, blocage du déchargement des méthaniers acheminant du gaz naturel liquéfié (GNL) depuis les voies maritimes, mais aussi deux coupures d'électricité ciblées dans l'Essonne et la Haute-Marne. « C'était juste pour faire passer un message, comme quoi on avait bien les mains sur le réseau », avait alors commenté Claude Martin, secrétaire fédéral de la FNME-CGT. Il s'agit toutefois d'opérations risquées pour les salariés à l'origine de ces actes, pouvant les exposer à des procédures disciplinaires pour faute grave.
D'autres actions similaires pourraient avoir lieu dans les prochains jours. « On parle beaucoup des actions de coupures d'électricité et de blocage, mais nous réfléchissons aussi à des actions symboliques, comme des mises en gratuité de l'énergie pour des hôpitaux et pour les écoles. Ce sont des actions qui montrent que l'énergie est un outil au service de la lutte pour l'intérêt général », indique Fabrice Coudour.
Très concrètement, il s'agit d'un acte technique qui permet de couper le comptage de l'énergie consommée. Pour un salarié gréviste, c'est une opération aussi risquée que de réaliser une coupure de courant ciblée. « Toutes les actions seront mises en débat avec les grévistes au niveau local », précise le syndicaliste.
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