Un jour ou l'autre, nous avons tous été ? ou serons ? confrontés à un changement de système informatique, à l'arrivée d'un nouveau patron, à l'irruption d'actionnaires inattendus, etc. Dans ces cas-là, un certain nombre des mots employés par la direction ne manquent pas de susciter l'inquiétude : restructuration, fusion, réorganisation... Mais avons-nous vraiment des craintes à avoir ou bien sommes-nous frileux, voire réfractaires aux changements ? Ou encore, sont-ce des idées reçues qui cachent une autre vérité : les entreprises accompagneraient mal le changement alors même que leurs salariés attendent celui-ci.

C'est pour tenter d'y voir plus clair que l'Ifop vient de mener une étude d'opinion inédite, révélée en exclusivité par « La Tribune ». « Un tel sondage n'avait jamais été fait », assure Frédéric Micheau, directeur des études de l'Institut, au département opinion et stratégies d'entreprise. Cette grande enquête a été réalisée pour le compte de la société BcomBest, « accélérateur de changement », sur le thème : « Les salariés et le changement, ­conduite, adhésion, résistances ». Entre le 29 avril et le 6 mai dernier, les enquêteurs de l'Ifop ont donc interrogé 1.004 collaborateurs ­d'entreprises de plus de 1.500 personnes, sélectionnés selon la méthode des quotas (taille d'entreprise, secteur d'activité, région). Objectif : mesurer la sensibilité des salariés en France face aux mutations qui peuvent affecter leur société, de la simple transformation de l'outil informatique à une fusion ou une restructuration, en passant par un changement de dirigeant.

Suicides au travail

Y sont-ils prêts ? Le veulent-ils ou le craignent-ils ? Mais aussi ? car les entreprises doivent balayer devant leur porte ?, ces évolutions ont-elles fait l'objet d'un accompagnement et d'un suivi ? Deux grandes firmes ont été confrontées ces dernières années à des séries de suicides de leurs employés : Renault, dans son Technocentre de Guyancourt, près de Paris, et plus récemment, ­France Télécom Orange, dans toute la France. En cause, semble-t-il, des mutations de l'organisation ou du mode de management. Ces situations tragiques ont alerté l'opinion publique sur les risques que pouvait faire peser, dans une organisation sociale, une stratégie de changement appliquée à marche forcée, sans tenir compte des difficultés du terrain, de la pression ou de l'isolement ressentis par certains salariés. Le cabinet d'expertise en matière sociale Technologia s'est illustré dans ces deux cas en apportant un diagnostic pointu et en analysant en profondeur les causes du mal. Mais c'est bien en amont qu'il faut saisir le problème. Et le sondage réalisé par l'Ifop prouve qu'il reste beaucoup de progrès à faire.