Crise climatique : les jeunes ont pris conscience de l'urgence mais les actions sont rares, note l'ADEME

Sentiment d’impuissance face à la situation environnementale actuelle, ressentiment envers les générations précédentes, manque de motivation à agir... Pour beaucoup de jeunes entre 15 et 25 ans, en ce qui concerne la crise climatique, il est trop tard pour réparer le mal déjà causé. C’est ce qu’expose le deuxième volet du rapport « Le dialogue intergénérationnel sur l’environnement », réalisé par l’institut de sondage OpinionWay, à la demande de l’agence de la transition écologique (ADEME).
Les jeunes sont plus sensibilisés aux enjeux climatiques que leurs aînés mais peinent encore à agir concrètement.
Les jeunes sont plus sensibilisés aux enjeux climatiques que leurs aînés mais peinent encore à agir concrètement. (Crédits : DILARA SENKAYA)

La sensibilisation au changement climatique ne suffit pas. Pour espérer atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050, il faut que les comportements changent concrètement, martèlent les associations de défense de l'environnement. Or, dans l'étude réalisée pour l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), les jeunes âgés de 15 à 25 ans semblent au courant des enjeux environnementaux mais ne paraissent pas tous agir concrètement en ce sens. Outre la prise de conscience, la sensibilisation doit en effet se traduire en gestes ou en actions, souligne l'ADEME.

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L'étude réalisée par OpinionWay au mois de mai comporte 2 volets. Le premier est un volet qualitatif dans lequel 1.001 personnes âgées de 15 à 25 ans et composant un échantillon de la population française ont été interrogées. Le second volet est un volet quantitatif qui résulte de la réalisation de 20 blogs individuels en ligne sur quatre jours et d'une journée de communauté en ligne auprès de 20 jeunes.

Des jeunes conscients de l'urgence climatique mais fatalistes

Il en ressort que l'intérêt des jeunes pour les questions environnementales ne fait presque aucun doute. Parmi les 15-25 ans interrogés, 79% déclarent y accorder une grande importance. Toutefois, la vision de ces jeunes diffère de celles de leurs ainés les « jeuniors » (génération des 55-75 ans), interrogés lors du premier volet de l'étude. Un sentiment de fatalité se dégage chez les jeunes. Pour certains, il « est déjà trop tard pour limiter le changement climatique avant qu'il n'entraîne des effets dévastateurs ». D'autres estiment qu'ils n'ont « aucun poids dans la lutte climatique ».

Pour beaucoup, la situation laisse peu de perspectives d'amélioration. La faute est attribuée à la surconsommation et à la surproduction, mais aussi, d'un point de vue moral, à l'avidité, à l'égoïsme et à la démesure humaine.

L'engagement de jeunes

75% des 15-25 ans se considèrent comme engagés, note l'ADEME. Mais cela se traduit rarement par de grands actes. Ils ne sont que 14% à avoir déjà participé à une manifestation pour le climat et seulement 9% s'engagent dans une association de protection de l'environnement. La plupart des jeunes agissent majoritairement au quotidien par de petits gestes. Pourquoi ne font-ils pas plus ? Par manque de temps, d'envie et de motivation, avancent-ils.

Ainsi, même si deux-tiers des jeunes se déclarent « particulièrement impliqués et engagés » dans les enjeux environnementaux, peu effectuent de grands changements dans leur vie pour peser moins sur l'environnement, montre l'enquête.

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La famille : entre transmission et ressentiment

C'est d'abord au sein de la famille que se déroulent la sensibilisation aux enjeux climatiques et la transmission des bonnes pratiques. 71% des jeunes interrogés disent parler souvent ou parfois avec leurs parents des problématiques environnementales. Ces échanges sont décrits comme « apaisés » mais sont aussi l'occasion pour les enfants de faire des remarques à leurs parents ou à leurs grands-parents sur les pratiques environnementales de ces derniers, et inversement.

On perçoit néanmoins une certaine forme de ressentiment de la part des 15-25 ans à l'égard des générations qui les ont précédés. Trois-quarts des jeunes interrogés estiment que la génération de leurs parents est « responsable » de la situation actuelle, parce qu'elle a « ignoré les premières alertes sur les écosystèmes ».

Quant à l'école, c'est également un lieu de sensibilisation majeur. 71% des 15-25 ans disent parler régulièrement des enjeux climatiques avec leurs professeurs, ces derniers contribuant à la sensibilité environnementale de nombre de leurs élèves sondés par OpinionWay. La majorité des jeunes interrogés se dit satisfaite des enseignements et des actions mises en place par leur établissement.

Des sources d'information diverses

Aussi, 69% des 15-25 ans se sentent bien informés sur les sujets environnementaux. Du côté des vecteurs d'information, les chaînes d'information continue sont consultées par trois-quarts des interrogés mais suscitent beaucoup de défiance. Les réseaux sociaux sont eux aussi utilisés comme sources d'information. Mais une différence s'opère entre les contenus des influenceurs, largement consultés mais perçus comme peu crédibles, et les contenus des streamers qui analysent l'actualité, un peu moins suivis mais inspirent plus confiance.

On observe également une différence générationnelle en ce qui concerne les sources utilisées. La différence est flagrante pour les actions collectives telles que les manifestations et les pétitions, ainsi que pour les prises de paroles de personnalités, presque deux fois plus suivies par les jeunes que par les plus âgés. Quant aux rapports environnementaux d'instances scientifiques, ils sont utilisés par 33% des 15-55 ans contre 28% des 55-75 ans.

Les résultats de l'étude semblent donc rejoindre la conclusion du 6ème rapport d'évaluation du GIEC (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) qui explique « qu'en dépit d'une sensibilisation croissante de la population aux conséquences du dérèglement climatique, si les modes de vie ne changent pas davantage, il sera impossible d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050 ».

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Commentaires 3
à écrit le 13/06/2023 à 19:08
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"La notion de libre arbitre a été inventée par les classes dirigeantes" Nietzsche

à écrit le 13/06/2023 à 14:23
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En principe quand on s'aperçoit que l'on s'est trompé de route, on revient sur ses pas et on ne perd pas de temps à prendre des chemins de traverse comme il fait actuellement ! Nous connaissons les "moyens" du passé; mais d'autres nous leurrent avec...

à écrit le 13/06/2023 à 14:21
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En principe quand on s'aperçoit que l'on c'est trompé de route, on revient sur ses pas et on ne perd pas de temps a prendre des chemins de traverse comme il fait actuellement ! Nous connaissons les "moyens" du passé; mais d'autres nous leurrent avec...

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