Les assureurs visent une neutralité carbone en 2050, les ONG appellent à sortir immédiatement du charbon

AXA, Allianz, Aviva, Scor... Les géants de l'assurance et de la réassurance affichent une ambition de neutralité carbone d'ici 2050 afin de tenir la trajectoire d'un réchauffement climatique de leur activité limité à 1,5°C, contre 3,84°C en 2020. Les organisations non-gouvernementales accueillent prudemment ces annonces et exigent un geste fort : la sortie immédiate du charbon des portefeuilles d'actifs.
L'assureur français Axa s'est engagé à augmenter ses investissements verts à 25 milliards d'euro d'ici 2023, contre 16 milliards en 2020.
L'assureur français Axa s'est engagé à augmenter ses investissements verts à 25 milliards d'euro d'ici 2023, contre 16 milliards en 2020. (Crédits : Reuters)

A l'approche de la COP26 (en novembre à Glasgow), c'est le grand bal des annonces visant à lutter contre le réchauffement climatique. Huit géants de l'assurance ou de la réassurance ont annoncé ce week-end, en marge du G20, vouloir atteindre l'objectif de neutralité carbone en 2050 et créé ainsi une Alliance des assureurs pour l'objectif zéro carbone (NZIA), sur le modèle de ce qui existe pour les grandes banques. Et pour cause : dans le cadre d'un exercice inédit d'évaluation des risques financiers liés au changement climatique, réalisé début mai, couvrant les secteurs de la banque et de l'assurance, l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) prévient que le coût des sinistres « catastrophes naturelles » pourrait être multiplié par cinq à l'horizon 2050. Selon la fédération française de l'Assurance, les dégâts cumulés liés au changement climatique pourraient coûter 92 milliards d'euros d'ici 2040, contre 42 milliards sur la période précédente. Et cela rien qu'en France, un pays moins exposé que d'autres aux changements climatiques.

AXA, Allianz, Aviva, Generali, Munich Re, SCOR, Swiss Re et Zurich Insurance Group sont donc les premiers signataires de cette alliance. Ils espèrent fédérer les autres acteurs de l'assurance.

"Les membres fondateurs se fixeront individuellement tous les cinq ans des objectifs intermédiaires" de progression vers la neutralité carbone "basés sur la science", ont-ils indiqué dans un communiqué de presse conjoint. Et "ils rendront compte de manière indépendante, tous les ans et publiquement, des progrès accomplis vers les objectifs de l'Accord de Paris", ont-ils poursuivi.

Les ONG attendent des engagements concrets

Ces annonces n'ont pas convaincu les organisations non gouvernementales qui suivent l'engagement des assureurs pour le climat. Dans un communiqué publié ce jour, l'ONG Insure our futur annonce accueillir avec "prudence" les propos de l'alliance et demande à ces entreprises, afin de prouver leur réel engagement, d'exclure "immédiatement de leur souscription toute nouvelle production de pétrole et de gaz".

"Ils doivent cesser de souscrire à de nouveaux projets de charbon et de combustibles fossiles et ils doivent éliminer progressivement la couverture existante conformément à l'objectif de 1,5°C.", précise Angelina Dobler, chargée de campagne assurance au sein de l'ONG Campax. Selon le dernier rapport de l'ONG Insure our futur, Axa, en tête du classement de la transition, est l'une des entreprises qui agit le plus pour se retirer des actifs liés au charbon.

Toutefois, selon le rapport du premier assureur mondial, Axa, publié fin mai, l'activité couverte par les assureurs et réassureurs entraînerait une trajectoire vertigineuse d'une hausse de 3,68°C. L'entreprise française fait un peu mieux que l'ensemble de la profession, avec une trajectoire toutefois loin des clous de l'accord de Paris, à 3,56°C (contre 1,5°C selon les objectifs de l'Accord de Paris).

Critères ESG et investissements verts

La tâche est donc encore monumentale. Au niveau des mesures concrètes, les membres de l'alliance annoncent qu'ils présenteront également des offres, des produits d'assurance et de réassurance pour les technologies à émissions faibles ou nulles. Ils intégreront aussi des critères liés à la neutralité carbone et à la décarbonisation dans leurs outils d'analyse du risque. Selon le dernier bilan d'Axa, plus de 8.000 de leurs entreprises sont déjà couvertes par les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

L'assureur français s'est notamment engagé à augmenter ses investissements verts à 25 milliards d'euro d'ici 2023, contre 16 milliards en 2020. De son côté, le réassureur Scor a annoncé lundi son désengagement progressif du charbon, et sa volonté de réduire toutes les émissions de gaz à effet de serre liées à ses portefeuilles. Il va durcir dans un premier temps ses directives de souscription.

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Commentaires 3
à écrit le 13/07/2021 à 8:55
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2050 semble faire consensus à savoir tandis que tous ceux qui auront détruit le monde en ronflant et après moi le déluge seront morts. Quel cynisme...

à écrit le 12/07/2021 à 18:35
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En 2050, ce sera trop tard, la température aura augmenté de 3/5 degrés Celsius et les dégâts seront irréparables. Les assureurs le savent, qui vont concocter des contrats bétons pour assurer le minimum (comme d'habitude d'ailleurs..)!

à écrit le 12/07/2021 à 17:44
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Ahhh les ONG !! Y a ka fo con immédiatement ...

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