Des Nordistes pour recycler les décombres du port de Beyrouth

L'image de l'explosion au port de Beyrouth, le 4 août dernier, a fait le tour du monde. Les autorités libanaises ne savaient que faire de ces centaines de milliers de tonnes de béton, de ferraille et de déchets... Jusqu'à ce qu'un trio de dirigeants nordistes apparaisse.
La lettre officielle a été signée en présence des ministres concernés, à savoir de l'Economie et Commerce ainsi que celui des Transports et des Travaux Publics, aux côtés du directeur général du port de Beyrouth, des membres du conseil d'administration du port et de l'ambassade de France.
La lettre officielle a été signée en présence des ministres concernés, à savoir de l'Economie et Commerce ainsi que celui des Transports et des Travaux Publics, aux côtés du directeur général du port de Beyrouth, des membres du conseil d'administration du port et de l'ambassade de France. (Crédits : Neo-Eco)

« C'est un projet un peu fou, né de la synergie entre trois chefs d'entreprises nordistes », raconte Christophe Deboffe, président du Réseau Entreprendre Nord. « Avec Neo-Eco, nous sommes capables de créer des boucles d'économie circulaire. RecyNov, lui,  transforme physiquement les matériaux vers de nouvelles matières commercialisables. NewMat, spécialiste des plafonds tendus, possède une expertise à l'export, notamment au Liban », explique-t-il.

« Avec nos 14 ans d'expérience dans le domaine, Neo-Eco affiche non seulement une vraie légitimité dans le domaine du réemploi des matériaux mais souhaite porter cette vision que le déchet est avant tout une matière, et ce, partout dans le monde », souligne Christophe Deboffe.

Contrat signé

Avec Jérémy Coudrais (RecyNov) et Vianney Mercherz (NewMat), il a donc créé une structure baptisée Recygroup International. Qui a signé, en janvier dernier, un contrat avec la direction du port libanais pour la réalisation d'une étude portant sur le traitement et la valorisation de quelque 30.000 tonnes de débris.

Le coût de cette opération, 820.000 euros, sera financé par la France, dans le cadre d'un Fonds d'Etudes et d'Aide au Secteur Privé (FASEP), un dispositif de subvention pour les entreprises françaises souhaitant réaliser, à l'international, des études de faisabilité pour des projets durables.

La lettre officielle a été signée en présence des ministres concernés, à savoir de l'Economie et Commerce ainsi que celui des Transports et des Travaux Publics, aux côtés du directeur général du port de Beyrouth, des membres du conseil d'administration du port et de l'ambassade de France.

Expériences cumulées

Si Néo-Eco siège à Hallennes-lez-Haubourdin dans la métropole lilloise, l'entreprise (30 ingénieurs, 4 millions d'euros de chiffre d'affaires) possèdera bientôt cinq agences en France (Paris, Lyon, Marseille, Nantes et bientôt dans l'Est). Elle travaille pour la Société du Grand Paris pour la construction de transport et de logements (avec notamment 44 millions de tonnes de remblais pour son nouveau métro), pour les ports français ayant à traiter des sédiments, pour Mobivia ou Décathlon, pour Voies Navigables de France (VNF) mais aussi pour re-construire le futur village olympique avec des matériaux déconstruits et évidemment pour le chantier du siècle, à savoir le Canal Seine Nord.

« Pour mettre au point ces éco-produits, nous appliquons toujours la même méthodologie, en collaboration avec beaucoup de laboratoires français, notamment l'Institut Mines Télécoms (IMT) de Lille Douai : nous ne parlons plutôt de matière usagée que de déchets, et c'est cette matière que je vais caractériser de manière scientifique », détaille Christophe Deboffe. « Nous venons même d'inaugurer un laboratoire pour suivre l'évolution de ces déchets, afin de ne pas créer une bombe écologique pour demain », assure-t-il.

Large gamme de déchets

RecyNov, éco-entreprise basée à Haubourdin (60 collaborateurs, 13 millions d'euros de chiffre d'affaires), dans la métropole lilloise, a créé une plateforme de services de réemploi des matières minérales au service de la filière BTP.  Le Village du BTP, sorte de market place pour artisans et grands groupes comme Eiffage ou Vinci, collecte en circuit court les déchets d'un territoire, qu'il s'agisse de béton ou de terre végétale.

Toute cette expérience cumulée tombe à pic puisque le projet libanais concerne tous les types de déchets. « Nous avons déjà identifié plusieurs grandes familles : beaucoup de véhicules hors d'usage, de ferraille et métaux, le béton du bâtiment provenant notamment des énormes silos ainsi que le bois, le plexiglass, le carton, les huiles et les autres DIB (déchets industriels banals) dangereux ou pas, jusqu'aux grains de blé », énumère Christophe Deboffe.

Les opérations de collecte et de valorisation, elles, ne commenceront pas tout de suite. Recygroup va d'abord établir un cahier des charges, avec une collecte exhaustive des données. Et envisagera ensuite comment créer sur place, avec les entreprises locales, de nouvelles filières de recyclage. Cette première mission de Recygroup devrait durer 10 mois mais le chantier à venir est immense.

Fin octobre, un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) avait estimé les débris à plus d'un million de tonnes de déchets de construction, plus de 14.000 tonnes de verre et environ 204.000 mètres cubes de débris divers.

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ENCADRÉ

 Néo-Eco, c'est aussi un incubateur pour les bonnes idées

« Nous avons à cœur, avec la plus grande des bienveillances, d'accompagner des créateurs d'entreprises, et de créer tout un éco-système d'entrepreneurs qui s'entraident entre eux pour faire évoluer l'économie dans le bon sens », résume Christophe Deboffe, à la tête de Néo-Eco avec Benjamin Constant.

Néo-Eco a ainsi fait grandir EtNISI, une entreprise lilloise qui revalorise et recycle des matières usagées locales pour réaliser des objets. Par exemple, les moules de la braderie de Lille deviennent ainsi carrelage !

Autre protégé de Néo-Eco, Valam travaille sur une solution innovante de traitement des déchets amiantés, permettant le recyclage en composés valorisables via des usines mobiles, afin d'éviter les transports de matières dangereuses. Le procédé est basé sur deux brevets de l'ENSIACET (INP Toulouse).

Le dernier projet en date, baptisé Bringback, permet d'identifier rapidement les batteries régénérables, leur évitant l'envoi en déconstruction-recyclage. Galloo et Recylex effectuent les tests, les batteries régénérées sont ensuite commercialisées chez Carter-Cash, l'une des enseignes du groupe Mobivia. Avec un objectif à court terme de 100.000 batteries sauvées par an en France et de 100.000 en Allemagne.

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Commentaires 3
à écrit le 12/04/2021 à 13:21
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Étant donné que la 2eme explosion a été réalisée par une arme nouvelle, par son voisin, Testé notamment en Syrie et en Irak ( vidéo l'appui) Ne créant de chaleur thermique intense Mais juste le souffle, Espérons que les matériaux recyclés ne soi...

à écrit le 11/04/2021 à 11:30
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Pas un mot d'explication sur les montants a payer. Ca, c'est de l'information.

à écrit le 11/04/2021 à 10:40
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Et personne pour nous parler de la cause qui a générè cette explosion particulièrement puissante et spectaculaire, enfin les causes, que sont l'agroindustrie et la corruption même si l'une est indissociable de l'autre d'ailleurs les deux s’accordant ...

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