Le recyclage de la literie repose sur un matelas d'or

Quelque cinq millions de vieux matelas et sommiers, représentant 110.000 tonnes de déchets, sont enfouis chaque année sans aucun processus de recyclage.
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On connaissait les filières de recyclage du papier, du verre, des déchets électroniques, ou encore des pneus et des piles électriques. Il faudra désormais compter avec celle... des matelas ! Aussi étonnant que cela puisse paraître, cette nouvelle filière est, selon ses promoteurs, « vouée à un brillant avenir ». Jérémy Settbon, créateur de Recyc-Matelas Europe, premier site français de déconstruction et valorisation des vieux matelas et sommiers, en est convaincu. Implantée à Limay (Yvelines), l'usine de recyclage, créée en octobre 2010, compte déjà 9 emplois et traite quelque 10.000 pièces par mois. Dès septembre, le nombre de ses employés devrait passer à 14 personnes pour atteindre à terme 24 salariés. C'est en regardant une émission de télévision sur les filières déchets que Jérémy Settbon a pris conscience qu'« une large part des encombrants étaient issus de l'ameublement ». Sa sensibilité écolo et un joint-venture avec une société canadienne déjà engagée dans le recyclage de nos vieilles couches ont fait le reste.

Neuf autres sites d'ici à 2013

Ce sont, en effet, plus de 5 millions de matelas et sommiers qui sont enfouis chaque année sans aucune récupération. Or, plus de 95 % des matériaux qui les constituent sont réutilisables. La garantie d'une offre de « matière première » importante et l'assurance de la revente après recyclage, de plusieurs matériaux intéressants de nombreux secteurs industriels ont permis de convaincre l'organisme public Oséo, le conseil régional et l'Ademe de mettre la main à la poche. Du recyclage d'un matelas sont en effet extraits des textiles transformés en matériaux d'isolation ou des mousses de polyester recyclées dans l'industrie automobile par exemple sous forme d'appuie-tête. Les métaux et bois des sommiers sont réutilisables, les premiers comme matière première de deuxième main dans un cycle vertueux dit « du berceau au berceau », les seconds pour alimenter en combustible chaufferies et poêles divers.

L'entreprise, qui a priori peut sembler quelque peu loufoque, repose en réalité sur un modèle économique cohérent largement éprouvé dans d'autres filières de recyclage : elle fait payer ses services de récupération et revend ensuite les matériaux issus du recyclage. Avec un chiffre d'affaires conséquent puisque Jérémy Settbon, qui a investi 1 million d'euros, prévoit un retour sur investissement dans les quatre ans. Mieux, il envisage d'ouvrir neuf autres sites en France d'ici à 2013. Afin de sécuriser ses approvisionnements en amont, Recyc-Matelas Europe a d'ores et déjà passé convention avec plusieurs fabricants et vendeurs de literie. Par ailleurs, en s'installant sur ce créneau du recyclage de literies, l'entreprise anticipe une réglementation qui se développe aujourd'hui sous la pression conjuguée de la réglementation et de la cherté des matières premières. Cette règle dite REP (responsabilité élargie des producteurs), renforcée par la loi Grenelle II, impose à tout producteur la responsabilité du cycle de vie de ses produits jusqu'à leur « mort ». La REP ameublement, prévue en principe pour une mise en place à la mi-2011, connaît avec Recyc-Matelas un début de concrétisation.

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