La nature utilisée pour dépolluer

Utiliser des plantes aquatiques pour filtrer des eaux usées avant leur rejet dans la nature, c'est l'idée mise en ?uvre par la Lyonnaise des Eaux, via sa filiale la SDEI, sur la commune de Saint-Just, au sud de Lunel, dans l'Hérault.

Plus de 7.000 végétaux, représentant 35 variétés locales, ont été plantés à la sortie de la station d'épuration du Sivom de La Palus (qui comprend aussi la commune de Saint-Nazaire-de-Pézan). Leur mission?: absorber, filtrer et transformer le maximum de polluants issus des boues rejetées par la station d'épuration. Ainsi, le nénuphar possède la capacité d'absorber le zinc, présent par exemple dans les shampooings.

Baptisé zone Libellule (pour Liberté biologique et de lutte contre les polluants émergents), cet espace d'une superficie de 17.000 m2 est un condensé de différents types de zones d'habitats humides (bassin à phytoplancton, roselière, méandre, delta, prairie humide?). L'eau traitée par la station traverse la zone Libellule en une dizaine de jours avant de rejoindre le milieu naturel en direction de l'étang de l'Or. Un espace tampon permettant de réduire l'impact des eaux usées traitées sur le milieu récepteur a ainsi été créé.

Micropolluants

La création de cette zone a pour première vertu de revitaliser la biodiversité locale en favorisant une nouvelle dynamique avec la faune et la flore locale. Elle permet aussi de lutter contre les nouveaux polluants émergents (pesticides, résidus d'hydrocarbures, métaux, résidus médicamenteux, perturbateurs endocriniens?). « La liste de ces polluants s'allonge d'année en année. Or, si les stations d'épuration sont efficaces pour lutter contre l'azote, le carbone et le phosphore, une marge de progrès subsiste pour éliminer ces micropolluants », affirme Éric Blin, responsable du centre de compétences en milieux aquatiques de la Lyonnaise des Eaux, basé à Marseillan (Hérault) et inventeur du concept.

Avec cette zone présentée comme « une première mondiale », La Lyonnaise des Eaux espère équiper 30 % à 50 % du marché des petites stations d'épuration des communes de 2.000 à 10.000 habitants. « Ce produit nous servira de site d'étude et de vitrine », affirme Éric Blin. Le potentiel est important. D'autant que la directive européenne cadre sur l'eau de 2000 impose le bon état des masses d'eau d'ici à 2015. Ce qui passe par la réduction des émissions de substances prioritaires et la suppression des substances dangereuses, dont peuvent être émettrices les stations d'épuration.

Cette innovation a nécessité 400.000 euros d'investissements, supportés à parts égales par l'Agence de l'eau, le conseil général de l'Hérault et la Lyonnaise des Eaux. Depuis sa mise en eau en août 2009 et pour une durée de trois ans, la capacité épuratoire de la zone Libellule est évaluée par un comité scientifique, notamment composé de chercheurs issus du laboratoire Hydrosciences (CNRS, IRD, universités Montpellier 1 et 2).

 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.