Les sous-traitants français sont très actifs dans l'éolien

La France a raté le train de l'éolien industriel, mais de nombreuses entreprises françaises de la filière font jeu égal avec leurs rivales européennes.

La filière industrielle éolienne française est-elle aussi peu développée qu'on le dit ? « La réalité est plus subtile », avance Jean-Philippe Roudil, le délégué général du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Certes, à part Vergnet, un spécialiste des éoliennes résistant à des conditions extrêmes (adaptées à un marché baptisé « far wind »), la France ne compte encore aucun industriel ensemblier. Mais près de 150 sous-traitants, fabricants de mâts, de pales, de couronnes d'orientation, d'équipements de commande-contrôle, spécialistes des travaux de maintenance, de génie civil, de raccordement électrique? Des acteurs de toutes tailles ont su tirer profit des opportunités offertes par le développement de l'éolien. « Entre 7.000 et 10.000 salariés français sont employés dans le secteur, pour un chiffre d'affaires global de 1,7 milliard d'euros », affirme Jean-Philippe Roudil. « C'est peu, mais c'est plus que le Royaume-Uni ou l'Italie, par exemple. »

Ces PMI se sont taillé une belle réputation d'excellence auprès de leurs donneurs d'ordre. C'est le cas du groupe Rollix, installé en Vendée (entre 300 et 400 collaborateurs) et spécialisé dans la fabrication de couronnes d'orientation précontraintes, l'une des pièces maîtresses du moteur d'une éolienne. À La Guerche-sur-l'Aubois, au c?ur du Berry, l'entreprise Stromag (groupe Sime) fabrique des freins industriels, dont une partie destinée à l'éolien. D'autres belles provinciales tirent aussi leur épingle du jeu, comme Leroy-Somer, Carbone Lorraine ou La Fonte Ardennaise. À Joinville (Haute-Marne), la fonderie Ferry Capitain produit depuis 2005 des pièces pour des éoliennes d'une puissance de 2 mégawatts (MW). « Nous fabriquons également des pièces pour des éoliennes de 5 MW exploitées offshore », indique l'un des responsables d'une fonderie qui travaille essentiellement pour des donneurs d'ordre allemands (REpower, Multibrid, Enercom, IMO, Liebherr). La part de l'éolien représente près de 10 % de ses ventes de 180 millions d'euros. « Les filiales de grands groupes ? Areva T&D, Schneider, Forclum, Eiffage, EADS Astrium, Vinci ? affectent aussi à l'éolien des ressources importantes », note Jean-Philippe Roudil.

EADS prépare un important investissement en Aquitaine, une unité industrielle spécialisée dans la fabrication de pales. La Direction des constructions navales (DCNS) envisage d'établir, « sans doute dans la région brestoise », une unité de production d'éoliennes flottantes (5.000 emplois annoncés, dont 1.000 emplois directs). Un premier prototype développé par un consortium (projet Winflo) devrait être mis à l'eau en 2013.

Un tel dynamisme pourrait susciter de grands regrets. Au SER, on estime que « toutes ces composantes (mécanique, métallurgie, électronique, mécanique des fluides) existaient déjà il y a une quinzaine d'années, au début de l'éolien européen. Mais les pouvoirs publics n'ont eu d'yeux que pour la filière nucléaire. Les grands groupes n'ont pas fait le pari de l'éolien et ce sont les grands ensembliers danois, allemands et espagnols qui se sont imposés ».

Limites de la monoculture

Il sera très difficile de rattraper le temps perdu mais l'industrie française peut encore jouer un joli baroud d'honneur. « Nombre de sous-traitants historiquement engagés sur d'autres marchés tels que l'automobile découvrent à leurs dépens les limites d'une trop stricte monoculture », avance Jean-Philippe Roudil. Pour mieux les accompagner dans leur volonté de diversification, le SER va lancer au cours des prochains mois un projet de cartographie de ces compétences industrielles dormantes qui pourraient être transposées dans l'éolien.

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