Les "greentechs" peinent à trouver du financement... durable

Les jeunes pousses des technologies vertes rencontrent de sérieux problèmes à lever des capitaux. En cause, la structuration du capital risque français.

Les greentechs ont le blues... Les jeunes pousses positionnées sur les marchés du développement durable éprouveraient en effet toutes les peines du monde à lever des capitaux, en particulier dans la tranche périlleuse des tickets compris entre 1 et 4 à 5 millions d'euros. Si le phénomène peut être qualifié de structurel, il a pris un relief nouveau avec la crise financière qui n'a évidemment pas arrangé les affaires des entrepreneurs « verts ».

« Les entrepreneurs parviennent à lever des fonds de proximité auprès de leurs proches ? la fameuse love money ?, des fonds d'amorçage régionaux ou d'Oséo », détaille ainsi David Dornbusch, le responsable de Cleantuesday, une plate-forme qui met en relation les porteurs de projets et les investisseurs. « On voit également quelques tickets, assez rares, menés par des professionnels du capital-développement entre 5 et 8 millions d'euros. Mais, entre les deux, c'est le triangle des Bermudes, et au-dessus, ce n'est plus à l'échelle des investisseurs français », regrette-t-il. « C'est incontestable, entre la phase de lancement (« early stage ») et les phases plus avancées de développement, il existe une véritable vallée de la Mort du financement des greentechs », confirme Nicolas Chaudron, consultant partenaire chez AGF Private Equity. Et d'ajouter : « En ce qui nous concerne, nous sommes incapables de monter des deals inférieurs à 2-3 millions d'euros. »

Comment expliquer une telle situation ? Essentiellement par les caractéristiques de ces marchés qui pénalisent a priori les porteurs de projet. « Le secteur est très hétérogène, analyse ainsi Nicolas Chaudron. Quoi de commun entre une start-up qui développe un logiciel permettant d'optimiser le covoiturage et un projet dans les biocarburants de nouvelle génération ? » Les modèles économi ques qui oscillent entre le low et le high-tech « ne sont pas toujours lisibles ». Les investisseurs et les business angels sont aussi confrontés pour des projets plus industriels à des horizons de rentabilité qui ne suscitent pas un enthousiasme... spontané. « Dans les NTIC, les start-up avaient besoin de 5 à 10 millions sur une période de cinq ans. Dans les biocarburants, par exemple, c'est plutôt 100 millions sur 15-20 ans », prévient Nicolas Chaudron.

Frilosité

éric Berthaud, l'un des dirigeants de Watteco, une start-up toulonnaise prometteuse qui met au point des solutions de maîtrise de la consommation d'énergie de l'habitat via le CPL (courant porteur en ligne), est en butte à cette frilosité du capital-risque français. La société a réussi à lever plus de 5 millions d'euros entre 2005 et 2008 auprès de business angels, après avoir bénéficié de la confiance de Schneider Ventures et de Truffles. Mais elle peine à monter un indispensable nouveau round de 8 millions. « Pourtant, nous sommes dans la high-tech et nos besoins se situent dans une tranche relativement bien couverte par les investisseurs français », plaide Éric Berthaud qui dit avoir « fait toute la place parisienne. Je recueille beaucoup de marques d'estime auprès des investisseurs... qui renâclent à nous financer en dépit de véritables perspectives industrielles à moyen terme. Nos micro-modems sont par exemple susceptibles d'être intégrés sur des compteurs électriques intelligents et ce à l'échelon européen ». Résultat, la société utilise le cash pour financer son exploitation courante et retarde la mise en oeuvre de son programme de recherche et développement.

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