GDF Suez mise sur la biomasse

Le groupe va construire en Pologne - un pays où le charbon est pourtant très bon marché - une centrale de 190 MW alimentée à partir de bois et de résidus agricoles.

Tout un symbole. C'est en Pologne, pays du charbon roi, que GDF Suez va construire la plus grande centrale électrique « verte » du monde. D'une capacité de 190 MW, exclusivement alimentée en biomasse issue de bois et de résidus agricoles, elle produira 1,2 TWh d'énergie verte et fera économiser 1.2 million de tonnes de dioxyde de carbone par an. Installée sur la centrale charbon/biomasse de Polaniec dans le sud-est du pays, d'une capacité totale de 1.800 MW, cette chaudière sera opérationnelle fin décembre 2012.

A ce jour, outre le gaz naturel, le charbon et le nucléaire, le parc énergétique du groupe compte 18 % d'hydraulique, 3 % d'éolien et 1 % seulement de biogaz et biomasse. Mais GDF Suez mise beaucoup sur cette énergie dont il est déjà leader en Europe et numéro 3 aux États-Unis. Une production flexible et prévisible, une ressource abondante, une bonne acceptabilité publique et un bilan environnemental neutre... ses atouts sont nombreux mais cette énergie implique d'organiser la filière d'approvisionnement afin de s'assurer de la disponibilité et de la fiabilité de la ressource (absence de concurrence avec l'agriculture humaine ou animale, gestion forestière durable, traçabilité des produits, modes de séchage et de transport écologiquement acceptables...).

Surcoûts

Le remplacement de chaudières sur des centrales existantes, entamé en Belgique depuis plusieurs années, est plus économique au MW produit que l'hydraulique ou l'éolien. Pour autant, pas question pour le groupe de convertir une part importante de son parc du charbon à la biomasse. Toutes ne s'y prêtent pas et surtout, les surcoûts sont bien réels. 15 % par exemple pour la chaudière de Polaniec, et 50% en prenant en compte le coût du combustible. « Seuls les dispositifs incitatifs (selon les pays, subventions, certificats verts, tarifs de rachat...) garantissent la viabilité économique », précise Xavier Votron, directeur des énergies renouvelables. Surtout dans un pays comme la Pologne, où le charbon est particulièrement bon marché.

« Sécuriser des contrats de vente avec des industriels soumis à des contraintes carbone a constitué une part non négligeable du projet », reconnaît Bernard Blez, directeur du Programme Recherche & Innovation. Mais le jeu en vaut la chandelle. Un parc non seulement faiblement émetteur, mais surtout facilement adaptable à l'évolution de la conjoncture, notamment aux prix des énergies fossiles et au cours de la tonne de CO2.

Ce n'est pas seulement par ses capacités installées que GDF Suez compte garder une longueur d'avance. Le groupe table aussi sur des innovations telles que la gazéification pour transformer le bois en biométhane, avec un rendement élevé, une valorisation locale dans de petites installations, un stockage et un transport simple et à faible coût via le réseau de gaz naturel. La plateforme de démonstrateurs pré-industriels Gaya rassemble onze partenaires et plusieurs laboratoires de recherche autour du développement d'une filière à horizon 2015. Subventionnée par l'Ademe, elle pourrait, dans le cadre du grand emprunt, évoluer vers un centre d'excellence.

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