Les subprimes rattrapent les banques américaines et européennes

Le régulateur américain dépose plainte contre dix-sept établissements financiers.
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L'heure de la facture a sonné. Trois ans après la crise des subprimes, les autorités américaines passent (enfin) à l'offensive : dix-sept établissements financiers ? dix américains et sept étrangers, dont la Société Généralecute; Générale ? sont visés depuis vendredi par une plainte de la Federal Housing Finance Agency (FHFA).

Le régulateur, chargé de superviser les prêts immobiliers, leur reproche d'avoir dissimulé des informations sur la qualité des titres adossés à des créances hypothécaires (RMBS) vendus à Freddie Mac et Fannie Mae, les deux géants parapublics du refinancement hypothécaire. En clair, de leur avoir cédé des actifs bien moins sains qu'il n'y paraissait aux premiers abords. Et de ne pas avoir vérifié suffisamment la solvabilité des ménages emprunteurs. Entre 2005 et 2008, les deux organismes ont acquis pour près de 200 milliards de dollars de RMBS auprès de ces dix-sept établissements. Des titres dont la valeur allait plonger quelques mois plus tard. Sauvés de la déroute par une mise sous tutelle de l'État (qui a déjà injecté plus de 170 milliards dans leur capital), Freddie et Fannie ont accumulé plus de 250 milliards de dollars de pertes depuis 2008.

En tête des établissements visés avec Bank of America, JP Morgan est aujourd'hui poursuivi pour des pertes sur titres totalisant plus de 33 milliards de dollars. Royal Bank of Scotland aurait cédé 30,4 milliards de titres. Countrywide (Bank of America) 26,6 milliards et Merrill Lynch (Bank of America) 24,9 milliards.

« Plaintes infondées »

Face à ces accusations, les banques s'exonèrent de toute responsabilité. D'après elles, les deux établissements ont investi en connaissance de cause et sont donc les seuls fautifs. « Ces plaintes sont infondées, estime Deutsche Bank. Car Fannie Mae et Freddie Mac sont la quintessence des investisseurs expérimentés. » « Ils affirmaient comprendre les risques » et « cherchent maintenant à tenir d'autres opérateurs de marché comme responsables de leurs pertes », surenchérit Bank of America dans un communiqué.

Une ligne de défense que reprendront à leur compte Barclays, Credit Suisse, HSBC et RBS, également concernées par cette procédure. Ainsi que leurs homologues américaines JP Morgan, Citigroup, Goldman Sachs et Morgan Stanley. Une longue bataille juridique s'annonce. En jeu, des milliards de dollars de réparations financières. À cette perspective, les investisseurs ont d'ores et déjà réagi. Vendredi, Bank of America a perdu 8,34 %, JP Morgan Chase, 4,6 %, et Goldman Sachs, 4,55 %.

Société Générale également dans le viseur

La presse américaine y fait à peine allusion tant les montants en jeu sont modestes au regard de ceux qui impliquent les banques américaines. Il n'empêche, dans le contexte actuel, la Société Généralecute; Générale se serait bien passée de sa présence sur la liste des banques poursuivies par le régulateur américain. Seule banque de l'Hexagone dans ce cas de figure, elle aurait cédé pour près de 1,3 milliard de dollars de titres aux établissements Fanny Mae et Freddie Mac. Un montant qui la classe dans le bas du tableau entre Nomura (2 milliards de dollars) et First Horizon (900 millions). Même si l'Agence fédérale de financement du logement considère comme étant « important » le préjudice causé par la banque française.

 

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