Sauver les banques... mais comment ?

Réunis hier à Berlin, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se sont dits prêts à recapitaliser les banques européennes. Rien de concret n'a été avancé, car les divergences sur la méthode demeurent.
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L'Allemagne et la France ont désormais devant elles une lourde tâche : empêcher une nouvelle crise financière mondiale. Encore considérée comme indécente le 27 août lorsque Christine Lagarde, la présidente du FMI, l'avait évoquée, la recapitalisation des banques européennes semble désormais incontournable. Car si chacun attend encore avec nervosité le rapport de la troïka sur la Grèce, nul ne croit plus qu'Athènes puisse, par ses seuls efforts, sortir du cercle vicieux où la réduction du déficit alimente la récession qui, à son tour, freine l'assainissement des finances publiques. Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances allemand, a indiqué que la décote de 21,5 % demandée aux détenteurs de la dette grecque le 21 juillet serait « sans doute insuffisante ». Il faudra donc de nouveaux et sérieux sacrifices. Mais une telle décision ne manquera pas de déclencher une vague de correction sur les autres dettes européennes. Déjà, samedi, Fitch a encore dégradé les notes italienne et espagnole. De quoi, outre le ralentissement économique, peser lourd dans les bilans bancaires. Les tensions sur le marché interbancaire traduisent ces craintes d'une transmission de la crise de la dette souveraine au secteur financier. Or, si les banques ne se prêtent plus entre elles, elles ne prêteront pas davantage aux entreprises.

Les détails concrets

Dimanche soir, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont donc affirmé que les deux pays étaient prêts à « recapitaliser les banques ». « L'Europe doit avoir réglé ses problèmes avant le sommet du G20 à Cannes », début novembre, a indiqué le président français. Mais si « l'accord est complet » entre les deux pays sur le principe, le refus d'entrer dans les détails concrets d'un plan d'aide prouve la persistance de divergences sur les moyens de trouver les 200 milliards d'euros nécessaires, selon le FMI, pour renflouer les banques européennes.

De ce côté-ci du Rhin, on plaide en effet pour un mécanisme s'inscrivant dans le cadre du Fonds européen de stabilité financière (FESF) qui, dans sa nouvelle mouture, issue du Conseil européen du 21 juillet et qui n'attend plus que la validation, ce mardi, du Parlement slovaque, peut financer des aides aux secteurs financiers. Mais, Berlin, qui s'est dit prêt la semaine dernière à réactiver son fonds de secours bancaire créé en 2008, préfère des plans nationaux.

La position française est justifiée par la crainte de perdre le fameux triple A si Paris met la main à la poche. Déjà, Fitch a menacé de dégrader la Belgique ce week-end en raison de l'aide qu'elle apportera, avec la France, à Dexia. Or, si la France est dégradée, les effets de cette décision sur l'économie réelle et le secteur bancaire sont imprévisibles. Mais, en utilisant le FESF, on viderait ce dernier d'une grande partie de ses 440 milliards d'euros disponibles et il deviendrait inopérant en cas d'attaques contre l'Espagne ou l'Italie. Selon le quotidien allemand « Welt am Sonntag », un compromis pourrait alors se dégager : en échange d'un taux de défaut plus élevé des titres grecs, Berlin aurait accepté que le FESF se refinance directement auprès de la BCE. Le ministre irlandais des Finances, Michael Noonan, a, lui, évoqué une recapitalisation « à la carte » des banques, certaines faisant appel aux capitaux privés, d'autres puisant dans le FESF.

Il faudra cependant compter aussi avec la mauvaise volonté des banques elles-mêmes, peu désireuses d'exposer leurs faiblesses au grand jour. Selon le « Frankfurter Allgemeine Zeitung » de samedi, les cinq plus grandes banques françaises « seraient prêtes » à accepter de 10 à 15 milliards uniquement si la Deutsche Bank augmente aussi son capital, ce que cette dernière refuse de faire. Compte tenu de tous ces obstacles, il n'est pas sûr que le message d'impuissance teinté de détermination qu'ont envoyé ce dimanche la chancelière allemande et le président français apaise réellement les craintes des marchés.

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