Quelques marges de manoeuvre pour une relance économique et sociale.

Un point de vue commun de Gontran Lejeune, président du Centre des jeunes dirigeants (CJD), et de Philippe Charrier, président d'Entreprise et Progrès.

Chacun aujourd'hui se demande comment relancer la croissance française alors que le risque d'effondrement systémique s'éloigne. Les caisses de l'Etat et des collectivités, déjà vides avant la crise, ont été encore mises à contribution pour apporter fonds propres, garanties de dernier ressort et même liquidités. La consommation des particuliers sera affectée par leur souhait accru d'accroitre leur sécurité donc leur épargne chaque fois qu'ils en auront la possibilité.

Le moment nous semble donc venu de se tourner vers les entreprises, de préparer activement la reprise de leur croissance et de leurs investissements et d'aider à la survie des plus vulnérables. Toute crise est une épreuve de vérité qui accroit l'écart entre la tête et la queue du peloton. Or l'économie française y entre plutôt à l'arrière, dans un état médiocre comme le montrent les chiffres de la comptabilité nationale (productivité et autofinancement en particulier) et plus cruellement les statistiques du commerce extérieur mois après mois.

Il y a donc urgence à traiter la question du "coin fiscal". Ce terme technique illustre finalement pas si mal le biseau qui vient s'insérer en France entre le coût du travail pour les entreprises et le salaire net perçu par les salariés avant même les prélèvements fiscaux. Ce biseau composé des charges sociales - qu'elles soient payées par les entreprises ou les salariés - s'enfonce plus lourdement, plus douloureusement en France que chez tous nos voisins européens. Jusqu'à 15% d'écart avec certains. Ce n'est certes pas la seule cause du manque de compétitivité des entreprises en France. Mais à qui peut-on faire croire que le coureur chargé d'un poids incontestablement plus lourd gagnera la course ? En outre si besoin était d'aller au delà du simple bon sens, depuis 2 ans les nombreuses études sur la "TVA sociale" ont confirmé ses effets bénéfiques sur la compétitivité des entreprises et donc sur la croissance.

Mais alors demanderont les sceptiques : les entrepreneurs d'E&P et du CJD veulent ils à toute force imposer un alourdissement inflationniste qui entamerait encore plus le pouvoir d'achat du fait d'un alourdissement de la TVA ?

Nous préconisons trois modalités essentielles pour nous prémunir contre un dérapage dangereux :

 1) Suivons pour le financement social une ligne politique démocratique et des principes compréhensibles de tous : la santé et la famille doivent être financées par le plus grand nombre et pas principalement par les travailleurs et les entreprises, le chômage et la retraite sont plutôt des contributions assurantielles.

Il faut donc transférer à terme à l'ensemble des citoyens (ou mieux, aux consommateurs présents dans notre pays touristique) la totalité du financement de l'assurance maladie et des allocations familiales et viser la suppression à terme de toutes les charges sociales maladie ou famille grevant le coût du travail. Il faut aussi que cette "cotisation santé famille" soit isolée autant que possible de la TVA "étatique" même si, assise sur la valeur ajoutée, elle en partage les règles de fonctionnement.

2) Avançons par étapes et en observant soigneusement les résultats d'une étape avant de passer à l'étape suivante y compris en se réservant la possibilité de revenir en arrière ! Comme nous le faisons dans nos entreprises si une décision produit des résultats néfastes,

3) Et puis, à une époque où la confiance est plus que jamais nécessaire, envisageons une démarche hardie : discutons au niveau des entreprises avec les représentants syndicaux (tels que définis par la nouvelles règles de représentativité) de l'emploi des euros libérés : Quelle baisse de prix pour les consommateurs ? Combien doit être utilisé par l'entreprise ou y être accumulé pour financer des investissements techniques, commerciaux, de recherche ou autres ? Combien peut revenir aux salariés sous forme de revenus immédiats ou d'intéressement ? Mais bien sûr en discutant l'emploi de l'ensemble des charges qu'elles soient qualifiées de patronales ou de salariales.

Après tant d'années de micro management de la valeur ajoutée par les gouvernements successifs, nous pourrions ainsi faire la démonstration sans coût supplémentaire pour le budget de l'Etat que ce ballon d'oxygène d'abord expérimental pourrait être utilisé avec sagesse et responsabilité par les entrepreneurs pour le plus grand bien de l'économie française et des Français.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Dans leurs préconisations, les rédacteurs de cet article optent pour un transfert de la totalité des charges sur un système de collecte type TVA, indépendant de la TVA fiscale destinée au budget de l'état. C'est un impératif essentiel, en effet, s'a...

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