Les dirigeants français sont mal assurés face à la crise

Par Pierre-Olivier Desaulle, directeur général d'Hiscox France.

Une double menace plane sur les entreprises françaises, notamment petites et moyennes. Aux conséquences directes de la récession s'ajoutent en effet de nouveaux risques liés aux réponses des entrepreneurs : plans de réduction des coûts, restructurations, frictions avec les actionnaires, clients, fournisseurs et salariés. L'impact sur l'activité et le management des PME peut être catastrophique.

Les incertitudes et le manque de visibilité économique favorisent l'émergence de ces tensions qui affectent les organisations et leurs dirigeants, au moment même où l'on s'en passerait bien. Nous l'avons vu lors des précédentes périodes de crise : chocs pétroliers des années 1970 krach de 1987, éclatement de la bulle technologique au début du siècle.... A chaque fois, les relations entre l'entreprise et ses parties prenantes sont affectées, les incidents et les litiges augmentent. Les salariés contestent plus facilement la gestion et les décisions prises par la direction. Les clients et partenaires, redoutant les défaillances, renégocient les accords et les contrats. Les actionnaires reprochent au management son manque d'anticipation et la mauvaise gestion des risques.

Les dirigeants eux-mêmes se mobilisent pour essayer de traverser au mieux la crise. L'heure n'est plus à la prudence, même s'ils savent qu'une erreur pourrait affecter la performance de l'entreprise, voire anéantir sa réputation. Le plus souvent inévitables, les coupes budgétaires et autres réductions d'effectifs traduisent par une multiplication des sinistres industriels, sociaux et commerciaux. Les mises en cause se multiplient, notamment à l'encontre des patrons, qui, du fait de leur visibilité, cristallisent les frustrations.

Or, en période de crise, les entreprises n'ont pas besoin d'un coupable mais d'un pilote, à même de les conduire vers de nouveaux sommets, malgré la tempête. La relation de confiance durable entre l'entreprise et ses parties prenantes est un prérequis pour atteindre cet objectif. Aléas opérationnels majeurs, les litiges peuvent mettre en péril une entreprise indépendamment de sa performance financière et commerciale. Pouvons-nous accepter les conséquences de tels risques? Bien sûr que non. L'assureur est là pour stopper le cercle vicieux, en prenant en charge les sinistres couverts au travers des contrats responsabilité civile professionnelle, responsabilité du dirigeant ou IARD.

L'assurance, accélérateur d'opportunités L'assureur a un rôle clé à jouer dans l'accompagnement stratégique et opérationnel des entreprises françaises. En intervenant dans le processus de prévention et de management des risques, il favorise l'émergence d'idées audacieuses, créatrices de valeur. En mettant le dirigeant à l'abri des mises en cause abusives, il crée le cadre idéal pour lui permettre de piloter son entreprise avec agilité. A l'heure où des choix critiques et des réorientations stratégiques s'imposent, l'assurance garantit une prise de décision sereine et facilite la prise de risque.

Les difficultés de certains assureurs et l'impact prévisible de la crise, malgré les commentaires rassurants des observateurs, imposent une remise en question des règles de fonctionnement de ce secteur. Nous devons désormais confirmer et conforter notre rôle de facilitateur, réducteur d'aléas, facteur d'opportunités. Trois fondamentaux doivent guider cette démarche : pragmatisme, expertise et pédagogie.

Alors que les investissements hasardeux dans les "actifs toxiques" n'ont pas fini de faire des victimes, par un effet domino à l'échelle mondiale, il est de notre devoir de recentrer notre modèle économique sur notre métier d'assureur. Nous pouvons gagner notre vie grâce aux primes, nous devons justifier la confiance de nos clients en payant les sinistres. Nos assurés sont en droit de bénéficier de la relative stabilité de notre activité. C'est seulement en tenant nos promesses et en jouant le rôle vertueux que l'on attend de nous que nous pourrons rétablir la réputation, j'allais dire la dignité, de l'assureur.

Le marché potentiel est à l'image de l'étendue des risques du XXIe siècle. Encore faut-il savoir convaincre. Trop souvent, lorsque je rencontre des dirigeants d'entreprise, je constate qu'ils négligent leur couverture. Ils roulent sans air-bag ! Dans le tertiaire notamment, seul un tiers d'entre eux dispose d'une assurance adéquate*. Notre action de sensibilisation et de sécurisation doit faciliter l'audace et l'action des entrepreneurs. Après tout, ce sont eux qui vont recréer de la valeur dans notre système économique.

"Il y a bien des manières de ne pas réussir, mais la plus sûre est de ne jamais prendre des risques", disait Benjamin Franklin. Afin de sortir de la crise par le haut, l'assurance doit aider la prise de risque, voire l'accélérer. Encore faut-il que les entrepreneurs français, dirigeants de PME notamment, en prennent conscience.


* Etude Hiscox "ADN de l'Entrepreneur", mai-juin 2008 - www.hiscox.fr
 

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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c est pas quand on a fait dans son froc qu il faut serrer les fesses.les risques sont toujours pour les memes.je ne connais pas de pdg qui sont devenus sdf!

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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moi je travaille dans une entreprise,ou il y a 7 agents dits de maitrise,et,10 petits chefs pour 50 ouvriers,c est pas un risque ca!apres on dit que les entreprises paient des charges.

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