A Poznan, l'économie "bas carbone" est en marche

Par Henri Proglio, président-directeur général de Veolia Environnement.

L'un des pires effets de la tempête financière qui a secoué notre monde serait de faire oublier le tsunami climatique qui le menace. Pendant que les dollars s'évaporent, le carbone continue à s'accumuler dans l'atmosphère. Les émissions de CO2 ont augmenté de 50% depuis que, dans les années 90, le monde a pris la mesure du risque. Depuis, Al Gore et le Giec ont reçu le prix Nobel de la paix pour avoir su réveiller nos consciences, le rapport Stern a chiffré le coût du choix de ne rien faire, et des engagements ont été pris, notamment en Europe, pour diviser par deux les émissions globales de gaz à effet de serre ; une ambition qui revient à diviser par quatre celles des pays industrialisés pour permettre la poursuite du développement des autres.

Depuis, plus d'un être humain sur deux est devenu un urbain ? ils n'étaient que 10% en 1900 ? et les équilibres mondiaux ont changé : la part des pays émergents dans le PIB mondial va devenir prépondérante et ils consommeront bientôt plus de la moitié de l'énergie de la planète. Dans le monde, 80% des émissions de gaz à effet de serre (GES) trouvent ainsi leur origine dans les territoires urbains. Des émissions liées principalement à la satisfaction des besoins énergétiques et thermiques, des besoins de transports et de mobilité, et au traitement des déchets.

Les solutions à ces contraintes nouvelles viendront de moins en moins des décisions de quelques-uns. Elles nécessitent au contraire l'implication d'un nombre croissant d'acteurs et de responsables, ainsi qu'une profonde modification du comportement même des consommateurs. Des décisions politiques comme la relance du nucléaire auront leur utilité. Mais l'essentiel résidera dans une myriade de microdécisions, dans les villes, dans les bâtiments, chez les industriels, comme sous le toit de chaque citoyen. C'est au plus près des lieux de consommation que nous bâtirons l'économie "bas carbone", dans une approche décentralisée alliant professionnalisme, solutions éprouvées et technologies nouvelles. Cette économie, nous pouvons l'imaginer.

Demain, les villes compteront davantage sur les réseaux de chaleur et de froid. Alimentés par des centrales bien conduites, capables de consommer de la biomasse, bénéficiant de l'énergie résiduelle des industries ou de l'incinération des ordures ménagères, ces réseaux offrent une efficacité énergétique et carbonique bien supérieure aux milliers d'installations de chauffages individuels qu'ils remplacent. Les bâtiments existants seront mieux isolés, équipés de pompes à chaleur, de systèmes intelligents de pilotage, d'installations photovoltaïques, de chauffe-eau solaires, en attendant les bâtiments du futur, bioclimatiques et à énergie positive.

Dans l'industrie, les besoins de vapeur, d'eau chaude, de froid, d'air comprimé, d'électricité et de gaz industriels, feront de plus en plus l'objet d'une gestion experte centrée sur l'efficacité énergétique et la diminution des émissions de CO2. Conduite optimisée des installations, récupération de chaleur, recours aux énergies renouvelables sont des solutions à portée de main.

L'économie "bas carbone" est déjà en marche. Partout dans le monde, les autorités locales, conscientes des enjeux et des aspirations des populations, s'impliquent dans l'édification de "villes durables", plus économes dans leur consommation de ressources rares, plus vigilantes dans le contrôle et le traitement des pollutions liées aux concentrations urbaines et industrielles, plus équilibrées, efficaces et attractives, grâce à des services publics modernes et accessibles à tous.

A Poznan, et dans bien d'autres municipalités à travers le monde, les engagements globaux et planétaires se traduisent dans les réalités d'un monde qui apprend à vivre plus sobrement sans renoncer aux bienfaits du développement et du progrès. Ces solutions se mettent en place, avec les acteurs eux-mêmes. Auprès d'eux, il faut simplement des experts qui agissent à leurs côtés et partagent leurs objectifs. Il ne s'agit pas d'un rêve. C'est le futur que nous construisons ainsi chaque jour.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Ah ! un monde idéal et merveilleux géré, et administré par Veolia, tel que cela est décrit dans cet article, on en rêverait. Faire pour l'énergie, ce que l'on a fait pour la grande distribution, voilà un modèle qu'on aimerait s'appliquer. Tout cela...

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