Sacrifier mon mobile ? Jamais

Par Jean-Baptiste Jacquin, rédacteur en chef à La Tribune.

La crise n'est pas égalitaire. Pas plus que les phases d'expansion, elle ne répartit l'effort d'une façon "harmonieuse", c'est-à-dire équilibrée, entre les acteurs. De saisissants contrastes surgissent. Hier, le Japon annonçait une accélération spectaculaire de sa récession (chute de 3,3% du PIB au dernier trimestre 2008). Tous les champions japonais mordent la poussière les uns après les autres?: Toyota, Sony, Panasonic, etc.

Pourtant, dans ce sombre chaos, NTT, le numéro un des télécoms dans le pays, annonçait il y a dix jours des résultats en hausse. Softbank, numéro trois du mobile, publiait, lui, une hausse de sa rentabilité. Vivons-nous une époque où les télécoms feraient désormais partie de ces produits de première nécessité qui ne sont sacrifiés qu'après les dépenses accessoires??

La question se pose aussi en France, où les ménages se mettent à l'achat malin et au "low cost" pour gérer l'incertitude sur leur pouvoir d'achat. Passer du yaourt La Laitière à une marque de distributeur relèverait d'un comportement raisonnable, mais renoncer au dernier Nokia N96 vendu plus de 600 euros serait insupportable?! C'est que la société française de 2009 a bien changé. Il y a quinze ans, lors de la dernière crise, l'automobile était encore l'emblème de la modernité et de la réussite sociale.

Aujourd'hui, l'achat de voiture est sacrifié sans remords. En revanche le téléphone mobile dernier cri (pas besoin de rappeler le succès de l'iPhone) et les nouveaux services mobiles qui y sont associés font partie de ces éléments de consommation devenus indispensables socialement. La France a connu une explosion du chômage au dernier trimestre et une chute de 1,2% de son PIB?? Qu'à cela ne tienne, les clients de Free ont augmenté à cette même période leurs dépenses mensuelles (abonnement et services) à un niveau record (36,90 euros hors taxe en moyenne). La facture moyenne des clients d'Orange, de SFR et de Bouygues Télécom sera surveillée de près avec leurs résultats annuels dans quinze jours.

Ce statut des télécoms imperméable à la crise ne relève pas de l'arnaque. Les innovations arrivées depuis cinq ans avec l'Internet haut débit et celles que permet aujourd'hui le haut débit mobile, qui décolle enfin, créent de nouveaux besoins avec une rapidité déconcertante. La dernière martingale vient des applications pour téléphones portables. Après Apple, tous les géants des télécoms se ruent sur ce créneau synonyme aujourd'hui de croissance et de bénéfices.

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