Mettre en commun les équipes de recherche pour étoffer le portefeuille des médicaments prêts à être mis sur le marché : les raisons avancées hier par les laboratoires américains Merck et Schering-Plough pour justifier leur fusion ne manquent pas de noblesse. La recherche est majeure dans cette industrie où une simple molécule peut faire gagner le jackpot ou entraîner au contraire une vraie descente aux enfers.
Merck en sait quelque chose. En 2004, il avait dû retirer du marché son anti-inflammatoire Vioxx, un médicament qui lui avait apporté jusqu'à 2,5 milliards de dollars de ventes annuelles, mais dont il avait sous-estimé les effets secondaires. Pour clore les 50.000 plaintes liées à cette affaire, il a déboursé en 2008 près de 5 milliards de dollars.
Autre molécule, autres déboires : le même Merck a vu l'an dernier l'efficacité de son anticholestérol Vytorin, codéveloppé avec Schering-Plough justement, contestée par une très sérieuse étude américaine. Ce qui a fait plonger ses ventes, sur un marché, celui des anticholestérol, qui s'avère l'un des plus lucratifs de la pharmacie. Vouloir doper sa recherche avec des produits sûrs n'a donc rien d'anodin dans ce secteur. Pour les salariés, toutefois, la quête de la molécule miracle tient souvent davantage de la purge que du remontant.
Après l'affaire du Vioxx, le PDG Richard Clark, arrivé à la tête du groupe en 2005, a supprimé pas moins de 10.400 emplois. Rebelote l'an dernier, avec une nouvelle perte de 7.200 postes. Et la fusion annoncée hier avec Schering Plough devrait, elle, aboutir au départ de près de 15.000 employés.
Les salariés inquiets pour leur emploi seront ravis de lire, dans un communiqué publié hier, que Richard Clark, comme récompense sans doute d'un bénéfice divisé par deux, a vu sa rémunération augmentée de 1,5% l'an dernier, à 19,9 millions de dollars. Dans ce domaine aussi, ce sont toujours les bons vieux remèdes qui font la loi.
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