Le contrat social d'Obama

Par Valérie Brunschwig-Segond, journaliste à La Tribune.

En offrant à l'organisation syndicale UAW 20% du capital de General Motors, au moment même où il soumet au Congrès le fameux "Employee Free Choice Act" visant à faciliter la syndicalisation dans le privé, Barack Obama renvoie un joli ascenseur aux syndicats américains. Sans leur exceptionnelle mobilisation en 2008, aurait-il été élu ? L'histoire ne le dira pas. Mais la réforme était réclamée de longue date par des organisations qui, avec la désindustrialisation du pays, ont vu le taux de syndicalisation des salariés du privé chuter de 24% à 7,5% en trente ans.

Pour autant, on ne peut réduire ces initiatives à une simple réforme pour service rendu. D'abord, en confiant à l'UAW la gestion des fonds de retraite de l'industrie automobile, Obama veut la responsabiliser. Ensuite, sa réforme, si elle est votée, marquera une véritable révolution copernicienne dans un pays où les droits sociaux sont dans les mains des chefs d'entreprise. Elle permettra aux syndicats d'ouvrir une section dans les entreprises où plus de la moitié des salariés le demanderont, contraindra les patrons à négocier des accords d'entreprise et sanctionnera durement les comportements antisyndicaux des managers.

Toucher à l'équilibre des relations sociales, c'est refondre le contrat social. Pour Barack Obama, l'affaiblissement vertigineux des syndicats et partant du pouvoir de négociation des salariés n'est pas étranger à la stagnation des revenus salariaux et à l'explosion des inégalités aux Etats-Unis depuis trente ans. Au-delà d'une présence syndicale chez Wal-Mart ou McDonald's, le président veut redonner à l'ouvrier noir du Michigan l'espoir de rejoindre, par les revenus de son travail, la classe moyenne. Pour restaurer l'ascenseur social et, à terme, remplacer une économie de l'hyperendettement par une économie des revenus pour tous, il est convaincu qu'il faut des syndicats forts.

Pour rééquilibrer la société et faire revivre l'"American Dream", ils seront ses meilleurs alliés. Il a été élu pour cela même. Mais la réforme doit recueillir 60 voix sur 100 au Sénat, et, pour l'instant, le compte n'y est pas. Tenter de donner plus de pouvoirs aux syndicats au moment où le naufrage de GM, après celui de Chrysler, nourrit les journaux télévisés est quelque peu hasardeux. Oubliant les erreurs stratégiques des dirigeants, nombreux sont ceux qui imputent les malheurs des constructeurs de Detroit aux bons salaires des ouvriers et au niveau élevé de leurs retraites.

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Commentaires 4
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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désolé Madame votre analyse s'appuie sur un constat totalement faux : - depuis l'ère Reagan et la baisse d'influence des grandes centrales syndicales qui paralysaient le pays et l'économie (souvenez vous des syndicats du controle aérien...), la par...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Est-il raisonnable de faire le pari d'un syndicalisme responsable? Car même si les syndicats Américains ne sont pas, comme les nôtres, imprégnés de marxisme avoué ou caché (la convention d'Amiens de 1906 a la vie dure), ils demeureront, et ce n'est...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Comme jadis Roosevelt et ses héritiers, Obama et les Démocrates recherchent une nouvelle base électorale dans laquelle les ouvriers-il en est encore-et surtout la middle-class puissent espèrer progresser dans l'échelle des revenus. C'est un tournant ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Souvenons nous bien d'une chose:la richesse d'un pays c'est d'abord les gens.Pas les entreprises mais la qualité de la main d'oeuvre sa qualification,et de là sa capacité à s'adapter.N'envoyer faire des études supérieures qu'aux enfants de riche c'es...

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