Areva sous tutelle

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Cette fois, il n'y a plus de doute. Dans le pas de deux que dansent depuis des mois l'Etat et Areva, le premier a pris l'avantage. Les pouvoirs publics exigeaient du géant public du nucléaire qu'il cède sa filiale de transmission et de distribution d'électricité, T&D, en échange d'un apport de capitaux. L'entreprise n'y était pas favorable, la présidente de son directoire, Anne Lauvergeon, comme les personnels, voyant dans cette activité une source de "cash flows" récurrents. La société a dû plier.

Il y a beaucoup de raisons à cette immixtion brutale de l'Elysée. Et nombre d'entre elles sont parfaitement légitimes. L'Etat détient 90% d'Areva. Il en contrôlera encore 75% après l'ouverture du capital décidée hier. Ensuite, le groupe a besoin d'argent pour engranger les contrats promis par le renouveau du nucléaire, et l'Etat y sera de sa poche. Mais, cette fois, les pouvoirs publics interviennent dans la gestion quotidienne de l'entreprise, décidant à sa place des activités ou des participations qu'elle doit vendre. On y retrouve là la marque Sarkozy.

La SNCF, sommée par le chef de l'Etat de rétablir illico sa carte "famille nombreuse", ou La Poste, contrainte d'enterrer son projet de ne garantir la livraison du courrier qu'à J + 2 (et non plus le lendemain du jour où il a été posté), en savent quelque chose. Mais le dossier T&D témoigne aussi de l'incompréhension qui s'est installée entre l'Elysée et Anne Lauvergeon. Il y avait déjà eu leur opposition sourde sur un éventuel rapprochement du groupe public avec Alstom. Mais le dossier était devenu moins prégnant avec la crise. Il y a surtout le différend né du divorce avec Siemens, lorsque le géant du nucléaire a claqué la porte en début d'année. Un ratage que personne n'a vu venir.

Depuis, les pouvoirs publics reprochent à la présidente du directoire d'Areva de ne pas les avoir alertés. Anne Lauvergeon rétorque que l'Etat n'a jamais répondu au souhait de l'allemand de se renforcer à son capital. L'insubmersible "Atomic Anne", comme la surnomment les Anglo-Saxons, paraît aujourd'hui fragilisée.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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T&D fait plus de sens chez Alstom, Schneider, General Electric, Siemens, Mitsubishi, Toshiba ou ABB, car le produit y est directment complémentaire. Par contre, T&D fait plus de sens chez Areva que chez un equity fund. Quant à la participation évent...

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