Les nostalgiques des années 1980 se souviennent d'une chanteuse française, Jeanne Mas, qui clamait "en rouge et noir, j'oublierai ma peur". Les littéraires préféreront se souvenir des ambitions et des désirs de Julien Sorel, le héros du "Rouge et le Noir" de Stendhal. Mais les couleurs sont les mêmes, et ce sont celles de la Société Générale, elle qui vient justement d'afficher ses ambitions afin de tourner le dos à ses démons.
Pas facile de dévoiler son plan stratégique en plein procès Kerviel et en plein débat international sur la taxation des banques et des transactions financières. Mais c'est justement dans cette tourmente que la banque de La Défense a voulu reprendre la main. Ne pas se laisser acculer dans la posture du coupable ou du perdant, dépasser les sempiternels commentaires sur son changement de modèle qui ont accompagné sa réduction de voilure sur les marchés (elle redeviendrait une "banque à l'ancienne", plus petite, moins rentable).
Si c'est dans les épreuves qu'une entreprise se renforce, alors la Société Générale doit être sacrément costaud, elle qui a échappé, outre à deux tentatives d'OPA en un quart de siècle, à la plus grosse perte de "trading" jamais connue, à une valse de dirigeants quasi inédite dans le secteur bancaire français et à des critiques violentes sur les stock-options des patrons et autres Ferrari des "traders". La banque a cristallisé sur son nom et ses couleurs tout ce que les Français ont détesté dans la crise économique et financière.
Il était temps pour elle de tourner la page. Il lui faut maintenant prouver qu'au-delà de ses couleurs qui rappellent un peu trop les feux de l'enfer dont elle tente de sortir, elle sait à nouveau séduire la société en général.
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