Sans peur et Santander

Par Muriel Motte, rédactrice en chef à La Tribune.

Ses concurrents parlent de lui avec le sourire en coin de ceux qui guettent le faux pas. Pour Emilio Botín, patron du géant espagnol Santander, dixième banque mondiale par la capitalisation boursière, le faux pas serait l'acquisition de trop, le "coup" du mégalomane grisé par son succès, l'ultime feu d'artifice, raté celui-là, du septuagénaire avant le passage de relais à sa fille, Ana Patricia.

Il faut dire que la liste de courses du "serial buyer" du secteur bancaire donne le tournis, avec, dernier en date, le rachat annoncé hier de 318 agences au Royaume-Uni de Royal Bank of Scotland. La crise a même aiguisé l'appétit de celui qui, depuis son arrivée, il y a un peu moins de trente ans, à la tête de ce qui était alors une banque régionale espagnole, n'a eu de cesse de hisser le groupe familial sur les premières marches de la finance mondiale.

Partant du principe qu'il faut être maître chez soi avant de conquérir le monde, l'orgueilleux Botín a d'abord solidement ancré son empire en rachetant le Banesto, puis douze ans plus tard Banco Central Hispano. Le reste a suivi. L'Amérique latine d'abord, où le groupe réalise aujourd'hui environ 40% de ses profits et n'entend pas en rester là. Puis l'Europe où après la conquête d'Albion (rachats d'Abbey National, de Bradford & Bingley, d'Alliance & Leicester), Santander vient de mettre un solide pied dans la banque de détail en Allemagne.

Le groupe est aussi présent dans le crédit automobile aux Etats-Unis, où il pourrait se renforcer prochainement. On parle aussi de lui en Pologne, en Chine... Botín ou la folie des grandeurs ? Le rachat des agences de RBS ne manquera pas de lui remémorer un coup génial : la plus-value dégagée par Santander lors de la revente de sa part d'ABN Amro après l'OPA record lancée en 2007 sur le groupe batave, aux côtés de Fortis et de... RBS justement. Pour la banque écossaise, aujourd'hui dépecée, ce fut le rachat de trop. Le pari perdant de son ex-patron, le flamboyant Fred Goodwin. Un mauvais exemple à méditer.

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